Les valeurs de débit de chantier ‘à dire d’expert’ s’avèrent insuffisantes pour qui veut s’en servir afin d’organiser et prévoir au plus juste l’activité d’un nouvel investissement. Les déplacements entre l’exploitation et les parcelles représentent en effet un temps non négligeable. Pour y voir plus clair, le service agroéquipements de la fncuma suit, avec l’appui des animateurs du réseau, une population de compteurs connectés Karnott. Le but est de chiffrer les débits de chantier réels, en tenant compte du temps passé sur la route et des temps ‘improductifs’. Seules les activités correspondant à de vrais travaux sont prises en compte, mais certaines parcelles peuvent être traitées en plusieurs fois. Cela explique qu’on parle de surface travaillée du chantier et non de surface de la parcelle elle-même.
Suivis de chantier tracteur 200ch: chiffrer les pertes de temps
Les tendances n’ont rien de nouveau: chacun sait qu’on perd moins de temps dans une parcelle grande et en longueur que dans une parcelle petite et biscornue! Mais ici, on peut chiffrer la différence. Ce sont autant d’éléments utiles pour mieux organiser les travaux, et dans une cuma, pour mieux arbitrer les ordres de passage entre adhérents.
Se baser uniquement sur l’ordre dans lequel arrivent les réservations peut conduire à multiplier exagérément les kilomètres sur route. Deux matériels cohérents avec un tracteur de 200ch ont été étudiés ici, un combiné de fauche de 9m et un semoir lourd de 4m pour semis direct.
Sur la saison examinée, le combiné de fauche a passé 61% de son temps au travail dans les parcelles, contre 35% en déplacement. Les 4% restants représentent des temps morts en parcelle, notamment liés aux réglages du matériel. Ainsi, le débit de chantier moyen calculé à partir de la surface totale et du temps de présence en parcelle s’élève à 3,6ha/h. Mais si on prend en compte la durée totale de sollicitation du groupe de fauche, incluant déplacements et temps morts, ce débit global tombe à 2,2ha/h.

Répartition du temps du combiné de fauche sur une saison.
Pas d’effet sur le débit avec le combiné de fauche
Avec le combiné de fauche, il apparaît que la surface du chantier n’a pas d’effet sur le débit au sein des 56 cas étudiés. Certes, il varie de 2,25 à 5,8ha/h sur l’ensemble des interventions, avec une moyenne générale de 3,75ha/h. Mais aucune différence liée à la surface n’apparaît. En bonne logique, la vitesse moyenne dans la parcelle ne change pas non plus. Mais pour information, elle va de 3,8 à 9,7km/h selon le cas. On peut présager que c’est plutôt la forme de l’îlot à faucher, ou l’état de la végétation (rendement, versé ou pas, etc.), qui créent les différences.

Influence de la surface du chantier de fauche sur les performances du combiné (9m, 56 mesures).
Notons que l’écart des coûts de chantier de fauche complet simulés entre deux débits, 2,2ha/h puis 3,6ha/h, atteint 10,30€/ha, soit 10.300€/an pour 1000 hectares fauchés1. Si la suppression de tous les déplacements sur route n’est évidemment pas envisagée, il serait judicieux de se poser la question de les réduire dans la mesure du possible. Ainsi, s’il était jouable d’atteindre 3ha/h au lieu des 2,2ha/h constatés, l’écart de coût avec les 3,2 ha/h en parcelle descendrait de 10,3 à seulement 3,20€/ha. Une hypothèse plausible quand on visualise certains parcours de matériels entre chantiers sur l’interface Karnott.