Renouvellement d’ensileuse : de plus en plus dur de réinvestir !

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Renouvellement d’ensileuse : de plus en plus dur de réinvestir !

Edouard Viaud , président de la cuma Vallée du Clain au volant de la nouvelle ensileuse.

Le prix des machines qui grimpe, la diminution du nombre de petits modèles encore proposés sur le marché, les surfaces qui baissent… autant de facteurs qui compliquent la pérennité de l’ensilage. La cuma Vallée du Clain, dans la Vienne, parvient néanmoins à poursuivre l’activité. Pour l’instant...

Dans la Vienne, comme dans un certain nombre de départements, l’élevage laitier recule. Or, la présence de cheptels laitiers est bien souvent génératrice de gros besoins en ensilage. Une évolution qui complexifie le renouvellement de l’ensileuse. C’est le constat d’Édouard Viaud, éleveur de bovins viande à Bonnes et président de la cuma de la Vallée du Clain. Une cuma consacrée essentiellement à l’ensilage et un peu à l’activité fauche, avec deux faucheuses. En 2022, 17 exploitations sont adhérentes à la cuma pour l’ensilage. Au fil des ans, quelques exploitations ont cessé la production laitière. À la place, certaines se sont reconverties en vaches allaitantes. Mais les besoins d’ensilage pour ce type de production sont généralement beaucoup moins importants. « Près de deux tiers en moins de volume d’ensilage par vache », évalue le président de la cuma.

Un incendie au printemps 2021

Bilan : le nombre d’hectares ensilés s’érode un peu au fil des ans. Aujourd’hui, le compteur annuel de la cuma affiche près de 200 h d’ensilage maïs et 100 à 120 h en herbe. Ces surfaces sont récoltées sur un territoire très vaste puisque le rayon d’action atteint près de 50 km.

« Nous avons renouvelé notre ensileuse John Deere en 2017 avec un modèle 8100. Mais au printemps 2021, fin mai, notre machine a pris feu pendant un chantier d’ensilage d’herbe suite à problème électrique. L’extincteur n’a pas suffit », se remémore Édouard Viaud. Toute la machine est consumée, mis à part le bec Kemper qui n’était pas attelé. Les responsables de la cuma sont désemparés. Il leur faut rapidement trouver une solution.

La machine précédente qui avait bénéficié d’une subvention était en période de remboursement d’emprunt avec une échéance de 37 000 €/an. La Vallée du Clain était parvenue à négocier un contrat d’entretien de cinq ans, et une extension de garantie sur sept ans (pièces d’usure et main-d’œuvre). Après une demande de devis près des principales marques représentées dans la région : John Deere, New Holland et Claas, la cuma choisit une John Deere de démonstration avec 60 h au compteur. Ce modèle, une six rangs 8200, présente une puissance comparable à la machine précédente, mais elle est un peu plus sophistiquée au niveau de la boîte de vitesses, notamment, et elle est équipée de quatre roues motrices.

Renouvellement de l’ensileuse : une nouvelle machine à 235 000 €

Le prix d’achat de la nouvelle ensileuse s’élève à 235 000 €. Comme la précédente, la cuma a négocié un contrat d’entretien de cinq ans et une garantie de sept ans (pièces d’usure et main-d’œuvre). Coût : 47 000 €. Édouard Viaud justifie cette démarche : « Cela nous permet de partir sur des tarifs prévisionnels sécurisés. » Dans cette opération, la cuma a dû aussi s’équiper d’un nouveau pick-up herbe de 25 000 €. Enfin, elle a soldé le capital restant dû à la banque, lié à l’emprunt encore en cours sur la précédente machine, soit 112 000 €.

Pour financer l’ensemble de ces dépenses, la cuma a pu compter sur un remboursement de l’assurance incendie de 170 000 €. Et elle a souscrit un emprunt pour financer le reste à charge, soit 249 000 €. Compte tenu de l’enjeu financier, les adhérents ont pris des engagements sur cinq ans.

Bilan, sur une même surface, les prix facturés progressent légèrement. Jusque-là, ils frôlaient les 200 €/h. En 2022, la cuma part sur un tarif prévisionnel de l’ordre de 220 €/heure. Ce chiffre inclut la main-d’œuvre pour la conduite et l’entretien. Un salarié saisonnier effectue 100 % de l’ensilage d’herbe et environ la moitié de l’ensilage maïs. L’autre moitié étant assurée par le président. Quant à l’entretien courant, il est facilement effectué grâce au système de graissage centralisé. Le chauffeur se concentre essentiellement sur le nettoyage de la machine au compresseur pour enlever la poussière. Pour l’approvisionnement en carburant, chaque adhérent fait le plein de machine chez lui au terme du chantier sur son exploitation, avec son propre GNR.

coût ensileuse cuma vallée du chain

La nouvelle ensileuse John-Deere 8200 de la Vallée du Clain, une très récente occasion de 60 heures, arrivée en 2021.

Rester en cuma pour le renouvellement de l’ensileuse

Compte tenu du contexte, la cuma aurait pu s’orienter vers le recours à un ETA. Mais après concertation, elle souhaitait renouveler quand même sa machine. Pour le président, plusieurs raisons à cela : « D’abord les tarifs de l’ETA sont un peu plus élevés. D’autre part, la disponibilité n’est pas la même. Parfois, l’ETA oblige à réaliser des chantiers jusque tard dans la nuit. Et elle n’a pas toujours la même souplesse dans la programmation des chantiers. Or nous sommes très attachés à pouvoir récolter les surfaces en temps et en heure. Surtout en maïs. Enfin, le débit de chantier, avec une six rangs, est plus facilement gérable pour nous en matière de transport et de tassement du silo ».

À la cuma Vallée du Clain, chaque adhérent s’arrange lui-même du transport en recourant éventuellement aux bennes des cuma locales. Et chacun s’arrange aussi lui-même du tassement.

Un mot d’ordre : la qualité

L’organisation est rodée. Pour les surfaces en herbe, il n’y a pas trop de difficultés à gérer le planning qui s’échelonne sur deux mois. En ensilage maïs, c’est plus compliqué. Dans la mesure du possible, la cuma s’efforce de limiter les trajets de l’ensileuse en positionnant les chantiers selon la localisation des exploitations. Mais certaines parcelles de maïs non irriguées sont mûres avant. Surtout, ces dernières années où les températures élevées accélèrent la maturité…

En 2022, on prévoit de démarrer la saison dès début août. À l’assemblée générale, à laquelle la quasi-totalité des adhérents participe, le mot d’ordre a été rappelé : chacun doit être vigilant sur la qualité du produit. C’est pourquoi, il est demandé que, dès la première remorque, l’adhérent vérifie que la qualité du broyage, ou la longueur des brins, correspond bien à ses attentes. Globalement, le rapport coût / service proposé par la Vallée du Clain satisfait les adhérents. Mais pour l’avenir, Édouard Viaud est un peu plus dubitatif. Cela dépendra de l’évolution des surfaces. Un paramètre déterminant pour l’assise financière de cette activité.

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