24h avec Laurent Estang, agriculteur, trésorier de cuma et prothésiste dentaire

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24h avec Laurent Estang, agriculteur, trésorier de cuma et prothésiste dentaire

Laurent Estang cumule les métiers de prothésiste dentaire et d'agriculteur, près d'Auch dans le Gers. Un choix motivé par le souhait de préserver le patrimoine familial, qui s'est matérialisé par la reprise de ses études (un Bepa en cycle court), une organisation millimétrée et de longues journées. Voici les clés pour comprendre comment Laurent Estang s'est organisé sur son exploitation, et comment la cuma des Tournesols intègre ses double-actifs.

A la cuma des Tournesols, on s’entend
La cuma des Tournesols regroupe 9 adhérents dans un rayon de 5km, autour de matériels de cultures (même si 3 adhérents sont éleveurs) : tracteur, déchaumeur, cover-crop, herse rotative, benne, broyeur, semoirs, rouleau, rotobêche. « C’est une cuma de proximité, qui fonctionne bien justement car les matériels sont à proximité, résume Laurent Estang. « Chaque adhérent est responsable d’un matériel et de son entretien. Les outils qui ont une plage d’utilisation étroite sont doublés. Et quand je sais qu’en tant que double-actif, je risque de « monopoliser » un matériel, je préfère ne pas adhérer et m’équiper individuellement, pour ne pas pénaliser le fonctionnement collectif. Pour le reste, la cuma me permet de m’équiper de matériel performant, avec des débits de chantier importants. Et donc de gagner du temps ! » Moyennant ces précautions, les double-actifs engendrent de l’activité supplémentaire et contribuent à diminuer les coûts de revient. Ils permettent une utilisation maximale des matériels, à des plages-horaires qui ne dérangent a priori pas les autres adhérents. La cuma est dotée de « ratios moyens », nous précise le trésorier, « et elle a pratiquement un an de trésorerie devant elle ».

Une organisation bien huilée sur l’exploitation
Laurent Estang travaille sur plusieurs cultures pour échelonner les opérations et éviter les pics de travail : « mes 70ha regroupent du colza semence, du blé tendre et du blé dur, du maïs pop-corn, du maïs conso et du tournesol oléique (10ha chacun). Je garde 10ha en prairies temporaires. J’ai aussi fait le choix de développer le stockage des céréales pour diminuer le temps dédié à la livraison, ce qui contribue à un bon fonctionnement. Et je peux livrer : les semi-remorques peuvent venir sur l’exploitation. Il me faut toujours réfléchir au meilleur fonctionnement et ça a un coût, mais c’est la seule façon d’y arriver. Toute la surface est irrigable (nous avons rendu irrigables les 20ha acquis plus récemment). Là aussi, le mot « fonctionnel » est important : J’ai au maximum une dizaine de tuyaux à mettre, ce qui me permet d’être réactif en cas de besoin et j’ai la chance d’avoir un parcellaire regroupé, des champs de 500m de long assez plats.

Sur le fonctionnement, je ne laisse rien traîner. Parfois j’ai presque tendance à trop anticiper, j’ai par exemple eu un souci en désherbant le blé récemment car je m’y étais pris trop tôt ! Mais globalement, il vaut mieux être en avance, sinon tout se cumule. En termes de revenus, la double-activité m’amène de la souplesse dans mes choix d’achat et de vente. Il y a des périodes plus difficiles en termes d’emploi du temps. J’ai mis en place de gros investissements, ça affecte sans doute un peu ma santé. Ma compagne comprend, elle est issue du monde agricole. Pour y arriver, il faut être épaulé familialement. Si je n’étais pas salarié, je pense que je travaillerais différemment. J’aurais développé l’élevage, et notamment la vente directe. »