Faut-il réguler les projets agrivoltaïques ?

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Faut-il réguler les projets agrivoltaïques ?

Face au développement des projets agrivoltaïques à caractère spéculatifs , certains départements comme la Corrèze, réfléchissent à des alternatives.

Lors de l’assemblée générale de la fdcuma Corrèze le 9 février dernier, Tony Cornelissen, président de la chambre d’agriculture a proposé de réguler les projets agrivoltaïques qui font actuellement l’objet d’intenses démarchages auprès des agriculteurs, par des sociétés privées.

En Corrèze comme dans plusieurs départements, les gros projets d’implantation de parcs photovoltaïques en zone agricole soulèvent de fortes réticences. Les motifs d’inquiétude sont nombreux : saturation des postes « sources » liés à la mise en œuvre de grands projets d’agrivoltaïsme, gérés par des investisseurs extérieurs ; acceptabilité délicate des parcs au sol ; accaparement des terres agricoles par des investisseurs extérieurs. Avec le risque d’inflation sur le prix des terres qui en découle. « Selon le SRADDDET (Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires), le potentiel corrézien représente près de 600 MWc. Soit environ 600 ha » détaillait Tony Cornelissen, président de la chambre d’agriculture de Corrèze le 9 février, devant les participants à l’AG de la fdcuma.

600 ha, 15 projets de 40 ha…

Le président s’inquiète des conséquences possibles de l’absence de régulation dans ce domaine. « Dans un scénario attentiste, ce potentiel de 600 ha correspond à 15 projets de 30 ha à50 ha, développés à l’échelle 2027 – 2028. » Les retours économiques territoriaux seraient très faibles. On risque de bloquer l’avenir pour tout autre projet, même de bâtiments photovoltaïques. On serait aussi dans l’impossibilité d’organiser une économie circulaire locale en matière d’énergie renouvelable.

De surcroît, il existe aussi un risque de coupure écologique. En outre, avec un tel scénario jugé « attentiste », on n’a pas de retour pour la très grande majorité des agriculteurs. Dans ce scénario, le retour agricole serait de 600 ha x 3.000€/ha (revenu moyen évalué pour l’agriculteur concerné). Soit 1,8 M€ par an pour 40 exploitations bénéficiaires, à raison de 45.000 € chacune. Par comparaison, le retour pour les investisseurs serait encore plus important. Il pourrait atteindre jusqu’à 20.000 € par ha, selon les chiffres avancés par la Chambre.

Réguler les projets agrivoltaïques et prioriser les bâtiments et les ombrières

« Nous préférons un scénario proactif, avance le président de Chambre qui souhaiterait plutôt, sous réserve de faisabilité technique, l’émergence de 1.000 projets de 500 Kw répartis sur le territoire. En priorisant la couverture photovoltaïque des bâtiments et les ombrières à faible intérêt (zones délaissées). » Il n’y aurait pas d’investisseurs extérieurs dans ces projets d’agrivoltaïsme. Et les recettes générées resteraient en Corrèze.

Tony Cornelissen, président de la chambre d’agriculture de Corrèze.

De plus, cela faciliterait l’intégration écologique. Et cela, tout en optimisant les structure d’exploitations et les facilités de reprises. Les conséquences économiques seraient radicalement différentes. Le retour agricole avec 1.000 projets à raison de 15.000 € de revenu par projet équivaudrait à 15 M€ par an. Au bénéfice de 1.000 exploitations ! Dans cette hypothèse, on préserverait aussi les possibilités de raccordement de 1.000 bâtiments ou équivalents.

Projets d’agrivoltaïsme et valeur ajoutée sur le territoire

Sur ce dossier, la chambre consulaire partage ses réflexions avec le conseil départemental. Pour Hélène Rome, vice-présidente déléguée à l’agriculture et présente à l’assemblée générale des cuma, cette approche est en phase avec le programme Corrèze Transition Ecologique. Celui-ci é été signé en 2018 avec l’État. L’enjeu étant que l’énergie renouvelable soit produite et consommée sur le territoire. Et que la valeur ajoutée générée reste dans le département…

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