Agriculteurs bio et conventionnels peuvent tout à fait partager leur trieur rotatif

Partager sur

Agriculteurs bio et conventionnels peuvent tout à fait partager leur trieur rotatif

Le trieur mobile de la cuma du Grez réunit les agriculteurs et dynamise la coopérative.

La cuma du Grez, dans le Maine-et-Loire, a développé une offre de tri de grains avec un trieur rotatif mobile. Le principal objectif de tous les agriculteurs intéressés était de gagner en autonomie et en efficacité, tant technique qu’économique. Quatrième épisode d'une série de cinq articles sur le tri des grains en collectif.

Un groupe d’agriculteurs du secteur nord-est du département du Maine-et-Loire s’équipe en 2020 d’un trieur rotatif mobile. Sa motivation partait d’un constat : En agriculture biologique, comme en conventionnelle, les agriculteurs doivent faire face à des coûts de semences élevés. Finalement, la station mobile de triage répond à de nombreux objectifs. Tout d’abord, les utilisateurs séparent des récoltes de mélange (méteil). Par exemple à partir d’une culture associée blé-féverole moissonnée, le tri leur permet ensuite de faire leur semence, ou d’ajuster les rations des animaux. Moyennant deux passages au trieur, les agriculteurs traitent de la même manière des mélanges orge-avoine-vesce.

Produire sa semence à partir de sa récolte.

Le triage permet de sélectionner le grain de meilleure qualité, celui dont la faculté germinative est la plus élevée. Il permet aussi d’en extraire les adventices récoltées à la moisson. De plus, le choix variétal du commerce n’est pas forcément adapté au secteur, en comparaison avec une graine (et donc une plante) qui s’est adaptée au sol et au climat au fil des années. En plus de leurs semences de céréales et protéagineux, le groupe souhaite produire ses semences de couverts végétaux et de légumineuses fourragères.

Les éleveurs qui envisagent de toaster des protéagineux doivent par ailleurs trier leurs lots au préalable. À titre de comparaison, une féverole toastée à la même valeur nutritionnelle qu’un tourteau de colza. Sans cette étape de nettoyage qui enlève les petites particules, c’est le risque d’incendie dans le toasteur qui se multiplie. Augmenter la part d’aliment « fait à la ferme » (FAF), en utilisant sa matière première sans impureté, ou encore trier du blé panifiable pour commercialiser en circuit court ou vente directe aux meuneries, constituent d’autres intérêts du service mis en place avec ce trieur rotatif. Enfin, les agriculteurs sollicitent le trieur avant de stocker à la ferme leurs récoltes, pour l’alimentation animale comme pour la semence. En effet, le triage au moment de la récolte permet d’extraire les morceaux de plantes vertes récoltés lors du battage. Il préserve ainsi la bonne qualité du grain au cours du stockage.

L’activité du trieur rotatif mobile optimise son organisation

La station de triage de la cuma du Grez se déplace sur une remorque homologuée pour la circulation routière, derrière les tracteurs des exploitants adhérents. Le trieur comporte quatre grilles. Il est fixé sur un châssis. Trois vis sans fin se trouvent sous le trieur afin de pouvoir transférer les produits triés vers l’avant ou l’arrière du trieur. Ensuite, ils sont repris par des élévateurs et chargés directement dans les remorques ou stockés en bigbag dans le cas de déchets volatils aspirés par le cyclone. Pour chaque grille du trieur, une des trois évacuations peut être choisie.

L’ensemble s’installe dans cinq exploitations identifiées comme centrales. Les utilisateurs voisins y amènent leur chargement. Ainsi, le groupe réduit ses temps d’installation et de désinstallation par rapport au temps réel d’utilisation. Avec un débit de chantier de 1 t/h, la machine est capable de trier entre 7 et 8 t/j. Il ne faut pas moins pour réussir à répondre aux demandes de tous les adhérents de l’activité.

Dynamisme

Les activités de tri sont en majorité portées des exploitations en agriculture biologique, même si certaines en agriculture conventionnelle s’y intéressent. La plupart du temps, les groupes ne se mélangent pas. On trouve dans ces cas-là un trieur pour les bio et un autre outil pour les conventionnels. Le cas de la cuma du Grez est atypique car la moitié des utilisateurs sont des exploitations en conventionnel. Le plus souvent, ils réalisent de la semence fermière, tandis que les agriculteurs bio s’en servent surtout pour séparer des méteils. Et la cohabitation qui se passe très bien à la cuma du Grez démontre que ces usages sont tout à fait compatibles. Les responsables constatent un autre point très positif : ce projet a apporté une forte dynamique dans leur cuma.

Un projet collectif
Le projet Tri’AGE (Tri, Autonomie, Groupes & Echanges) est un projet soutenu par la fondation Daniel et Nina Carasso dont l’objectif est de favoriser l’émergence des dynamiques collectives autour du tri en facilitant les échanges entre agriculteurs via des visites et des journées d’échanges. Une lettre d’info et un centre de ressources sont également réalisés par les partenaires cuma, civam, bio et ceta.

Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :