Avancer en groupe pour produire, récolter et trier des semences prairiales adaptées à ses terres

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Avancer en groupe pour produire, récolter et trier des semences prairiales adaptées à ses terres

Le Gaec du Chemin Noir participe au groupe spécialisé du Grapea Civam.

Alors que la prairie constitue les trois-quarts de sa sole, le Gaec du Chemin Noir choisit de cultiver la plupart de sa semence. Le tri des lots de fétuque élevée ou de trèfle est une étape cruciale de cette production. Deuxième épisode d'une série de cinq articles sur le tri des grains en collectif.

La récolte et le tri sont des questions particulièrement complexes qui se posent à l’éleveur qui cultive ses semences prairiales. Ce sont en même temps des étapes déterminantes pour la bonne qualité des semences. En Vendée, le Gaec du Chemin Noir peut en témoigner. Il produit des semences de fétuque élevée et de trèfles (violet et blanc).

Dans leur prairie, les éleveurs trouvent leur semence

L’exploitation compte 215 ha au total, dont près de 75 % sont en prairies. Les semis de prairies s’effectuent en grande partie avec des graines autoproduites. L’objectif est de récolter des graines qui correspondent bien aux terres. « En 2021, nous avons moissonné environ 300 kg de trèfle violet, 120 kg de trèfle blanc et 300 kg de fétuque. Cette récolte couvre une grande partie de nos besoins. À l’achat, des semences fourragères bio reviennent aux alentours de 150 à 250 €/ha. Comme nous ressemons généralement 20 à 30 hectares de prairies, nous réalisons une économie qui compense largement le temps passé », explique Guillaume Cousineau, associé du Gaec.

Pour la fétuque, la récolte a lieu en juillet une fois qu’elle est montée. Les éleveurs ciblent une zone bien fournie en fétuque. Ils portent une attention particulière au salissement de cette parcelle. Afin d’éviter les contaminations, ils y arrachent en effet à la main les rumex et autres adventices. Récoltées, les graines sèchent tout d’abord quelques jours sur une plateforme bétonnée. Elles sont ensuite nettoyées, grâce un moulin à venter motorisé.

Outil de tri rudimentaire sur un élevage qui récolte sa semence de fétuque et tréfles.

Le moulin à venter motorisé nettoie les lots de semence récoltés dans les prairies.

Pour les trèfles, la récolte intervient vers la mi-août. La parcelle est d’abord fauchée pour laisser les plantes sécher environ 48 h. Le matin suivant, l’herbe est andainée. Puis la moissonneuse-batteuse passe dans l’après-midi, en pleine chaleur. Des doigts releveurs sont installés sur la coupe afin de reprendre l’andain plus facilement. Sur la moissonneuse, les réglages sont notés pour les retrouver d’une année sur l’autre. Les graines passent ensuite dans un nettoyeur séparateur de l’exploitation.

Tri des semences prairiales : un partage d’expérience

Une fois triées, les semences partent au stockage. Celui-ci a lieu dans d’anciens congélateurs. Le matériel (trieurs et moissonneuse-batteuse) est toujours sur la ferme, qui a aussi une production de cultures de vente. Cela permet d’être réactif lorsque les graines sont prêtes à être récoltées.

Stockage de semences prairiales auto-produites

D’anciens congélateurs servent à conserver la semence prairiale que le Gaec récolte.

D’un point de vue production, le Gaec travaille donc relativement seul pour le moment. Il participe néanmoins au groupe « semences » du Grapea pour partager les expériences. La démarche s’intéresse aux techniques et elle a déjà permis de produire des fiches ressources. Ces dernières détaillent les expériences réussies, comme celle du Gaec du Chemin Noir. Elles se veulent utiles pour ceux qui voudraient s’essayer à la production de semences. Ces travaux pourront aussi permettre de mutualiser des moyens, y compris pour des matériels achetés en commun ou mis à disposition pour la récolte, le tri, le séchage ou encore le stockage.

Les questions de production des semences prairiales se creusent en groupe
En Vendée, le GRAPEA CIVAM anime depuis 2 ans un groupe, dont le Gaec du Chemin Noir fait partie, qui travaille sur le développement de semences paysannes d’espèces prairiales. Ce projet s’inscrit dans le programme CLIMATVEG Pays de la Loire Bretagne, qui s’intéresse à la transition et la durabilité des systèmes de productions végétales face au changement climatique. Le groupe est aussi partie prenante du projet TRIAGE
Un projet collectif
Le projet Tri’AGE (Tri, Autonomie, Groupes & Echanges) est un projet soutenu par la fondation Daniel et Nina Carasso dont l’objectif est de favoriser l’émergence des dynamiques collectives autour du tri en facilitant les échanges entre agriculteurs via des visites et des journées d’échanges. Une lettre d’info et un centre de ressources sont également réalisés par les partenaires cuma, civam, bio et ceta.

Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :