Chacun son truc pour bien semer à pas trop cher

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Chacun son truc pour bien semer à pas trop cher

Le combiné de semis avec ameublisseur de la cuma de Monsireigne offre un travail apprécié (photo Union des Cuma Pays de la Loire).

Trois cuma font part de leur stratégie d’investissement en matière de semis de céréales et autres petites graines. Et la réflexion inclut également la question du tracteur et du chauffeur quand il s’agit de passer à un semoir moderne et performant.

Quand on considère le semis de toutes les petites graines, des céréales au colza en passant par les prairies et les couverts végétaux, il apparaît une très large palette de techniques et de matériels. Et chaque saison voit apparaître des changements dans les pratiques autant que des nouveautés sur le marché. Un échange avec quelques responsables de cuma en donne un aperçu très éclairant.

Besoin de disponibilité

La cuma l’Avenir, à Monsireigne (Vendée) rassemble essentiellement des éleveurs de bovins et de volailles Dans ce secteur, les semis se déroulent encore souvent après un labour et le matériel suit cette tendance aux solutions classiques. Même si le déchaumeur et le décompacteur commencent à remplacer la charrue. Guillaume Coutant, le président, et Anthony Bertheau, le responsable d’activité, présentent le tableau : « Nous avons aujourd’hui trois semoirs de quatre mètres et un de trois mètres, utilisés en combiné avec une herse rotative. Ce nombre est nécessaire pour des raisons de disponibilité, mais le trois mètres ne reste que pour les adhérents ayant un petit tracteur, et le plus vieux des quatre mètres n’est là qu’en dépannage. » Ce sont donc deux appareils de 4 m qui assurent une part importante de 350 ha à semer.

Guillaume Coutant, président de la cuma, et Anthony Bertheau, responsable de l’activité semis, multiplient les solutions pour répondre aux besoins des adhérents.

Il y a deux ans, ils ont modernisé leur parc en en investissant dans un combiné de 4 m Kuhn Venta, de type pneumatique, « pour plus de précision dans le dosage, et pour passer à des éléments à disques, préférables lors des semis sans labour. » En effet, les adhérents commencent à chercher des itinéraires plus économes, « par exemple dans les argiles qui laissent des grosses mottes difficiles à émietter, ou après tournesol. » Le principe du semoir pneumatique a tellement séduit que la cuma en a d’ailleurs acquis un autre en 2022, mais d’occasion, pour remplacer un vieux mécanique.

Semis en un passage

Pour le non-labour, le groupe a en particulier mis en place une prestation de semis en un passage, avec chauffeur salarié. La cuma possède un tracteur de 270 ch bien adapté à ce type de chantier. En été, il tourne d’ailleurs sur la presse haute densité d’une autre cuma. « Nos salariés ont modifié un décompacteur monopoutre pour l’atteler à l’avant du tracteur. Il travaille à vingt vingt-cinq centimètres de profondeur. Avec le combiné le plus récent à l’arrière, nous semons les céréales en un passage, avec un débit d’environ un hectare et demi à l’heure. » Les adhérents peuvent également utiliser le nouveau combiné en solo avec leur propre tracteur. « Il faut un 140 à 150 chevaux bien lesté. » Prix facturé : 21 €/h pour la herse et 10 €/ha pour le semoir. Le gabarit de 4 m impose également de se déplacer avec un véhicule accompagnateur et la consigne est bien respectée.

Un petit semoir sur déchaumeur complète avantageusement le parc de la cuma de Monsireigne.

En dehors des céréales, les semoirs de cette cuma voient aussi passer du colza, de la prairie, du lin, de la féverole ou encore des couverts. Pour ces derniers, le groupe dispose depuis un an d’un déchaumeur Pöttinger Terradisc avec semoir à petites graines Tegosem. « C’est rapide et économique. »

Réflexion sur le semis, jusqu’au cahier des charges

À la cuma du Plain (Calvados), aucun semoir à céréales ne figure à l’inventaire mais une réflexion vient de s’engager. Dans ce secteur dédié à l’élevage bovin et aux céréales, « les adhérents ont leur propre semoir, ou bien font appel à un entrepreneur, précise Franck Labarrière, le président. Mais certains d’entre eux avaient besoin de renouveler leur matériel et devant les tarifs actuels, nous avons lancé un projet un commun. » Quelques adhérents ont déjà goûté au semis ‘rapide’ et le gain de temps qu’offrent ces matériels intéresse. « Nous sommes partis dans cette voie, avec notre conseiller Florian Frémont, car nous avions besoin d’expertise. Et nous voulons aussi gagner en précision de semis. »

La double distribution prépare l’avenir

Si la décision n’est pas encore prise (à la mi-mars), le cahier des charges s’est en revanche précisé. Le semoir à céréales de la cuma serait un modèle de 4 m, et devrait accepter la présence de débris végétaux. Il devrait aussi pouvoir passer sur sol labouré autant qu’en direct. « En effet, la charrue reste pour nous un outil agronomique intéressant pour lutter contre le ray-grass ou le vulpin. » Les adhérents veulent d’autre part pouvoir escamoter les éléments de préparation de sol quand les conditions s’y prêtent. Les sols étant pour partie de types battants, ils ont enfin écarté les matériels équipés d’un rouleau tout à l’arrière. Les premières explorations du marché ont par ailleurs fait mettre le doigt sur un critère non prévu au départ : la double distribution. « Nous allons chiffrer cette option car c’est un plus pour les semis de colza avec plantes compagnes, ou de couverts végétaux associés, mais également pour la valeur de revente ».

Franck Labarrière

Franck Labarrière mène une réflexion d’investissement à la cuma du Plain dans un contexte de tarifs très élevés.

Un tracteur dédié aux semis

L’hypothèse d’un semoir « rapide » de 4 m, donc assez lourd, a débouché sur la question du tracteur, comme le précise Franck Labarrière. « Tous les adhérents ne disposent pas de la puissance nécessaire. Nous envisageons donc d’acquérir un tracteur d’environ 180 chevaux, qui trouverait facilement d’autres travaux que le semis à faire dans la cuma. » Pour la conduite, un chauffeur dédié pourrait compléter l’organisation. L’heure est aujourd’hui au tour de table sur les engagements, le tarif prévisionnel et l’examen des devis.

La cuma de Sassy (Calvados) a pour sa part franchi un double pas en 2019. Elle a acquis un outil de semis en un passage, et a lancé une prestation complète avec ce matériel. Rodolphe Lormelet, le président, explique le contexte. « Suite un gros changement dans mon exploitation, je n’avais plus de semoir. Et du côté de la cuma, nous cherchions tous des solutions efficaces pour répondre aux contraintes réglementaires sur les couverts végétaux. » Dans ce secteur de grandes cultures avec du lin dans les assolements, l’été s’avère en effet très chargé et laisse peu de marge pour semer les couverts. « À la première réunion, nous avons réuni 550 hectares d’engagement, et nous avons décidé de lancer une prestation avec chauffeur. » Le groupe a fait le choix d’un semoir assez polyvalent, un Sky Maxidrill de 4 m avec trois trémies. « Nous voulions implanter différentes associations de couverts sans contraintes de mélange de semence et de choix d’approvisionnement, y compris avec de la semence fermière. Avec les trois trémies, on trouve toujours une solution. »

A son arrivée en 2019, le premier Maxidrill de la cuma a marqué une étape (photo Rodolphe Lormelet).

Parfois en direct ou sur labour

Les couverts végétaux constituaient la motivation initiale, mais l’appareil a vite trouvé d’autres applications. « Certains ont essayé avec le colza, le lin et d’autres cultures. Chez moi, j’arrive à faire du semis direct en relevant les éléments de travail du sol. La pression des éléments semeurs est suffisamment élevée pour ça. » Mais le Maxidrill passe aussi sur labour. « Après roulage, j’arrive à implanter de la féverole en un passage, à la bonne profondeur. » La distribution multiple offre aussi la possibilité de semer des prairies en mélange avec deux profondeurs de travail différentes. Ceci dit, la cuma possède d’autres matériels de semis plus simples, un déchaumeur à disques et une herse étrilles dotés d’un équipement pour petites graines. Pour certaines espèces, ils peuvent suffire. Mais pour de la phacélie qui coûte cher ou de la féverole qui a besoin de profondeur, les membres du groupe considèrent qu’il vaut mieux un vrai semoir.

Maîtriser les conditions du semis

Dans cette cuma, une partie des adhérents travaille en mode traditionnel. D’autres ont changé de technique, à l’image de Rodolphe Lormelet. « J’ai suivi des formations, et j’adhère à une association de promotion de l’agriculture de conservation des sols. » Tout le monde n’est donc pas au même niveau de maîtrise du sujet. S’agissant ici d’un semis en prestation, il est important que l’adhérent optimise l’ensemble de l’itinéraire et qu’un éventuel échec de la culture ne retombe pas sur le salarié qui a semé. « En cas de doute, c’est l’adhérent qui valide la décision de semer ou pas. »

Rodolphe Lormelet

Rodolphe Lormelet, président de la cuma de Sassy, se félicite de la réussite de la prestation complète.

Pour réaliser la prestation, la cuma disposait déjà d’un tracteur, en l’occurrence un 200 ch avec télégonflage et pneus de 710. Il convient très bien à ce chantier et offre des débits de 2,5 à 3 ha/h, transport et ravitaillement inclus. Prix facturé : 53 €/ha hors carburant, pour un total de 650 à 700 ha/an. Côté organisation, les responsables de la cuma ont fixé les priorités, pour prendre les décisions qui s’imposent en cas d’aléas météo. On sème d’abord le colza et la luzerne. Ensuite les couverts réglementés. Et enfin le reste.

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