Dans le Var, une jeune cuma viticole qui regarde vers l’avenir

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Dans le Var, une jeune cuma viticole qui regarde vers l’avenir

Pour Stéphane Pélépol, adhérent de la cuma Provence Union, la cuma est un passage obligé pour développer les exploitations. (@ Entraid)

Créée en 2020, la cuma Provence Union, dans le Var, représente une nouvelle génération. Elle compte quatre adhérents avec des projets de développement et des ambitions, qui sont convaincus que l'avenir ne peut s'écrire en solo. Pour eux, la cuma est une évidence et un outil pour expérimenter et travailler ensemble.

C’est l’histoire d’une toute jeune cuma viticole qui souhaite s’affranchir des clichés. Beaucoup, en effet, se représentent le Var comme un département riche de domaines viticoles surfant sur la mode du rosé. « Il y a eu des années fastes et glorieuses, mais elles sont derrière nous, constate Stéphane Pélépol, viticulteur à Carcès et adhérent de la jeune cuma Provence Union. La réussite des domaines viticoles du département a, par ricochet, entraîné une hausse très importante du prix des matériels, qui se retrouvent souvent plus chers qu’ailleurs. On le voit bien par rapport à d’autres régions. Aujourd’hui, si on veut continuer d’investir et d’innover, la cuma se présente comme une évidence. » Retour sur la cuma viticole bio en Provence.

Des besoins dans des matériels différents pour la cuma viticole bio en Provence

La création de la cuma répond donc au besoin d’investir dans de nouveaux matériels. « Mon projet était de passer un cap et de faire évoluer le domaine vers l’agriculture biologique, explique le viticulteur. C’est une façon de travailler totalement différente, avec plus d’interventions dans les vignes, notamment pour le désherbage mécanique, l’implantation et la gestion des couverts… Pour cela, il fallait investir dans des matériels spécifiques. »

Un voisin et ami d’enfance venait de reprendre l’exploitation familiale voisine. « Il avait aussi des besoins en matériels et le choix des outils partagés était une nécessité économique. » Mais une cuma, c’est un minimum de quatre adhérents. « Nous avons rapidement trouvé les deux autres adhérents, ajoute-t-il. Des personnes avec la même vision et qui avancent dans le même sens. »

Bien cadrer le fonctionnement avant de commencer

« Partager du matériel, c’est un fonctionnement différent qu’en individuel. L’organisation n’est pas la même », insiste Stéphane Pélépol. Les adhérents ont donc commencé par travailler sur les bases du fonctionnement de la future cuma. « Le premier constat est que nous avons les mêmes objectifs et pratiquement les mêmes idées. Nous sommes quatre à penser pareil, ce qui est plus simple pour commencer une coopération que nous voulions constructive. »

Les adhérents avaient quand même besoin que tout soit bien cadré avant de lancer la création de la cuma. Les rencontres et discussions ont tourné autour du choix des premiers investissements, mais aussi de la planification de l’organisation et des responsabilités. « Nous avons mis en place notre règlement intérieur avant d’entamer les démarches de création de la cuma, ajoute-t-il. Tout devait être le plus clair possible pour tout le monde dès le début. Pour que ça marche, il est nécessaire qu’il n’y ait pas d’incompréhension entre nous. »

Travailler et expérimenter ensemble

Être en cuma, c’est aussi constituer un groupe et cela permet plus facilement de réaliser des expérimentations. « Nous mettons en place des couverts entre les rangs, indique le viticulteur varois. C’est une autre façon de travailler, car avant la tendance était que toutes les parcelles soient bien propres. » Grâce à la cuma, les adhérents ont investi dans un semoir direct, ce qui aurait été impensable en individuel pour s’en servir uniquement quelques jours par an. Ils ont également investi dans un rouleau faca pour rouler ce couvert et former un paillage du sol. « Les résultats sont là. Les mauvaises herbes sont gênées par le paillage, les sols sont moins chauds durant l’été et le sol reprend vie », observe-t-il.

Le travail des adhérents se porte aussi sur la régénération des sols. C’est la raison pour laquelle ils expérimentent un apport de broyat de déchets verts qui est déposé sur le rang. Le but est d’améliorer la capacité de rétention des sols en eau. Pour cela, la cuma a investi dans un épandeur d’occasion.

« Pour des chantiers comme celui-là, il faut du monde, du matériel et une bonne organisation. En plus de l’épandeur de la cuma, il y en avait deux autres appartenant à un adhérent. En travaillant en entraide, nous avons pu avoir un débit de chantier intéressant. Cette expérimentation réalisée ensemble a donné des résultats. Visuellement, dans des terrains où la vigne souffre beaucoup l’été, les rangées avec apport de broyat avaient plus de vigueur végétative par rapport à celles qui n’avaient rien reçu. Une expérimentation à développer à plus grande échelle et qui devient possible si on met du matériel en commun tout en travaillant ensemble », remarque Stéphane Pélépol.

Cuma viticole bio en Provence : tournés vers l’avenir

Aujourd’hui, en plus des matériels déjà cités, la cuma possède deux tracteurs ainsi que des outils de travail du sol et de désherbage mécanique. Pour cette année, pas de nouveaux investissements en prévision. Concernant l’arrivée de nouveaux adhérents, « ce n’est pas prévu pour le moment. Nous ne sommes pas fermés, mais nous avons une cuma qui fonctionne bien et nous voulons conserver un groupe où tous les membres regardent dans la même direction », assume le viticulteur.

Les adhérents s’intéressent aussi à la robotisation pour les travaux de désherbage mécanique. « Nous sommes allés voir des démonstrations et vu la qualité du travail constaté, cela ouvre des perspectives. Par contre, nous avons des îlots de parcelles assez dispersées. Cela demande de la manipulation et du temps pour les déplacements et il y a encore du flou par rapport à la réglementation. »

Après cinq ans d’existence, la cuma a permis aux adhérents d’avancer. « Sans la cuma, je n’aurais pas pu me lancer vers une conversion en bio. Les investissements étaient trop importants pour les supporter seul », conclut Stéphane Pélépol.

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