[Crash-Test] Le Valtra S416 au déchiquetage de plaquettes

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[Crash-Test] Le Valtra S416 au déchiquetage de plaquettes

Le Valtra S416 de notre essai était habillé de sa couleur ambre de lancement, fruit du studio Unlimited. (Crédit : Entraid Médias)

Désormais assemblé en Finlande à Suolahti, le S416 a fait honneur à ses racines en répondant aux exigences d’un chantier de déchiquetage de plaquettes.

SOMMAIRE

La série S est le vaisseau amiral de Valtra. Comprenez ce qui se fait de plus gros et de plus technologique. La sixième génération présentée à l’automne 2023 ne fait pas exception. Surnommée en interne « the Boss », la série Valtra S6 se décline en six modèles allant de 280 ch à 425 ch. En outre, si les cinq premiers modèles proposent une surpuissance (30 ou 20 ch selon les modèles), ce n’est pas le cas du Valtra S416 qui coiffe la série, dont la puissance maximale est disponible pour tous les travaux. Avec ce produit, la marque finlandaise fait une double promesse aux agriculteurs : de la puissance intelligente. C’est-à-dire de la productivité, mais aussi de la durabilité et de la fiabilité.

Le Valtra S416 de notre essai

Retour aux sources

Pour vérifier si cette promesse était tenue sur le terrain, nous n’avons pas emmené « le Boss » dans un champ, mais dans un territoire plus hostile, plus exigeant en termes de robustesse et de puissance : la forêt. Un retour aux sources en quelque sorte, puisqu’historiquement, ces tracteurs ont construit leur image de robustesse en France sur ce type de chantier (même si à l’époque ils s’appelaient Valmet et pas encore Valtra).

crash-test Valtra S416

Le Valtra S416 a chargé une semi-remorque de 90 m3 en 1h10 avec une consommation moyenne de 42 l/h. (Crédit : Entraid Médias)

Nous avons donc confié les clés à Julien Golfier, salarié agricole du groupement d’employeurs agrico-forestier du Plateau à Marbéville (52) pour un chantier de broyage de plaquettes, avec une déchiqueteuse Heizohack capable d’engloutir des troncs dont le diamètre atteint 80 cm. Un outil exigeant, car si le rotor est entraîné mécaniquement par la prise de force, il requiert aussi une solide alimentation hydraulique pour animer la grue chargeant la table d’alimentation, ainsi que la goulotte de chargement des remorques. Précisons pour les plus connaisseurs qu’il s’agissait de la déchiqueteuse HM 14-860 KTL avec une capacité allant jusqu’à 230 m3/h.

crash-test Valtra S416

Le confort du pont avant suspendu a été apprécié lors des phases de transport sur route. (Crédit : Entraid Médias)

Adapté au travail en poste inversé

Tout d’abord, en comparaison du Massey Ferguson 8737 S habituellement utilisé par Julien Golfier, le Valtra S416 dispose d’un argument massue pour ce chantier : son poste inversé TwinTrac. Un gain en confort indiscutable tant pour le dos que pour les cervicales. « Le poste inversé est simple et efficace. » Il suffit d’avancer le siège en position centrale, d’actionner un levier et de faire pivoter. Il faut toutefois anticiper ce mouvement en passant le volant en position verticale et en relevant l’accoudoir SmartTouch pour que le second ne tape pas dans le premier.

« On manque un peu d’espace en cabine, mais le niveau de confort est très bon. » En outre, « l’insonorisation est plutôt efficace », un critère important qui fait la différence à la fin d’une journée de travail avec la déchiqueteuse.

poste inversé Valtra TwinTrac

Le poste inversé Valtra TwinTrac avec le panneau de commande de la déchiqueteuse Heizohack. (Crédit : Entraid Médias)

Confortable en statique et en dynamique

Autre point fort dans cette catégorie, l’efficacité de la climatisation et la simplicité d’utilisation. Sans surprise, puisque la série S partage cet équipement avec ses petits frères que nous avons déjà essayé, l’accoudoir SmartTouch ressort comme (très) simple à prendre en main, « même si on est utilisateur d’une autre marque. Les commandes de la poignée tombent bien sous la main, et on trouve facilement ce que l’on cherche dans l’écran. »

accoudoir SmartTouch

Faut-il encore présenter l’accoudoir SmartTouch, désormais présent tous les tracteurs de la marque de 105 à 425 ch (séries G, N, T, Q et S). (Crédit : Entraid Médias)

La visibilité au travail en poste inversé ressort aussi comme un point fort. En revanche, la visibilité sur le relevage arrière est plus problématique, « comme sur tous les tracteurs de ce créneau de puissance. Il y a une caméra pour compenser un peu, mais atteler à la caméra reste délicat. »

À noter, le Valtra S416 a confirmé son bon niveau de confort en dynamique lors des phases de transport. « Les suspensions du pont avant, de la cabine et du siège filtrent bien les irrégularités. C’est souple, sans à-coup. La transmission à variation continue participe aussi à cette qualité de fonctionnement. » L’écran SmartDisplay, situé sur le montant avant droit, « est lisible. On cherche un peu le tableau de bord au début, une question d’habitude. » Seul bémol, les feux situés de part et d’autre du haut du pare-brise, qui « gêne la visibilité vers l’avant. »

intérieur cabine

Le S416 abandonne la cabine quatre montants de la génération précédente pour un produit pur Valtra partagé avec les autres séries de tracteurs. Pari gagnant pour la simplicité de prise en main, un peu moins pour l’espace à bord. (Crédit : Entraid Médias)

Puissance brute !

Revenons à notre chantier de déchiquetage pour évaluer les performances du « Boss ». Autant le dire tout de suite, la productivité est bien là : la remorque Rapide 840 Schuitemaker de 60 m3 est chargée en 47 min et la semi-remorque de 90 m3 en 1h10. « Un bon débit de chantier par rapport à l’organisation habituelle. »

Une puissance brute qui trouve son origine dans le cœur même de la bête : un 6 cylindres AGCO Power de 8,4 l, lui aussi fabriqué en Finlande, dans l’usine de Linnavuori. Déjà connu sur la génération précédente, ce moteur a été mis à jour pour répondre aux normes Stage V. Une mise à jour synonyme de simplification avec l’abandon de la vanne EGR.

Attardons-nous également sur l’hydraulique, caractéristique déterminante pour ce type de chantier. Notre modèle d’essai disposait du circuit hydraulique optionnel, combinant deux pompes à pistons axiaux de 200 l/min. « La première pompe alimente les distributeurs 1 à 3, la vanne 3 étant un distributeur offrant un débit de 170 l/min, tandis que la seconde pompe alimente les distributeurs 4 à 6 et la sortie Power Beyond », explique Valtra. Même s’ils n’ont pas été utilisés durant ce test, Julien Golfier apprécie la présence de leviers de décompression sur les distributeurs hydrauliques.

crash-test Valtra S416

Grâce à des flancs creusés, le capot moteur autorise un angle de braquage des roues plutôt important pour un tracteur de ce gabarit, synonyme d’une relative agilité. (Crédit : Entraid Médias)

42 l/h au déchiquetage de plaquettes

Durant le déchiquetage, le taux de charge est resté constamment entre 90 et 100 % pour un régime moteur moyen de 1 700 tr/min. « Le Valtra S416 régule moins et reste plus stable que notre Massey Ferguson. Ça montre son efficacité et il devrait bien vieillir même avec ce type de forte sollicitation. » De plus, Julien Golfier a apprécié le débit et la réactivité du circuit hydraulique, « suffisant pour animer la grue ; on a de la patate pour transporter les troncs sur la table d’alimentation. »

Côté consommation, nous avons observé une moyenne de 42 l/h durant le déchiquetage, « un bon score comparé aux 55 l/h habituels du MF 8737 S. » La garde au sol et les protections des soubassements ressortent également comme des points forts pour ce type d’utilisation.

déchiqueteuse Heizohack HM 14-860 KTL

La déchiqueteuse Heizohack HM 14-860 KTL est capable d’avaler des troncs allant jusqu’à 80 cm de diamètre. (Crédit : Entraid Médias)

Fiche technique du Valtra S416

  • Moteur : 6 cylindres AGCO Power Stage V
  • Cylindrée : 8,4 l
  • Puissance max : 425 ch à 1 850 tr/min
  • Couple max : 1 750 Nm à 1 500 tr/min
  • Transmission : variation continue ML260 (50 km/h)
  • Hydraulique : 200 + 200 l/min (option)
  • Capacité du relevage AR : 12 t
  • Capacité du relevage AV : 5,8 t
  • Régimes PDF : 540eco / 1 000 tr/min (1 000eco / 1 000 tr/min en option)
  • Empattement : 3,092 mm
  • Poids à vide : 12 t
  • PTAC : 16 t (18 t si 40 km/h)
  • PTRA : 44 t

Bilan de l’essai du Valtra S416

  • Les points forts du Valtra S416 : confort général  ; puissance et efficacité ; facilité d’utilisation
  • Les points d’amélioration du Valtra S416 : espace en cabine ; position du filtre à air ; position des blocs de phares additionnels

3 expert donnent leur avis sur le Valtra S416

A gauche, Julien Golfier salarié agricole du groupement d’employeurs du Plateau (52), au centre, Matthieu Freulon (rédacteur en chef adjoint Entraid.com) et à droite, Eric Aubry (animateur Haute-Marne pour la frcuma Grand Est).

3 avis sur le Valtra S416

Julien Golfier (à gauche), salarié agricole qui a testé le Valtra S416 et Eric Aubry (à droite), animateur Haute-Marne pour la Frcuma Grand Est.

« Puissant et confortable » (Julien Golfier)

Pour nos chantiers de broyage de plaquettes, nous avons d’abord besoin de puissance. Et là, la puissance à la prise de force est bien disponible. Le régime PdF de 1 000 tr/min est atteint sur le S416 pour un régime moteur autour de 1 700 tr/min. Le 8,4 litres régule plutôt bien. Par ailleurs, ce type de chantier génère énormément de poussières. La qualité de filtration de l’alimentation moteur est donc importante. Si le filtre s’encrasse trop rapidement, il y a un risque de surchauffe. Problème que nous n’avons pas rencontré durant notre journée de 10 h de broyage. La consommation en GNR est une bonne surprise (42 l/h contre 50 l/h avec le tracteur habituel).

L’autre point fort, c’est bien sûr le poste inversé qui change tout pour ce chantier. On travaille face à la déchiqueteuse dans un siège confortable avec une bonne visibilité sur la grue et le broyeur. Retourner le siège est plutôt simple, tout comme la prise en main de l’accoudoir et du joystick qui tombe bien sous la main. La climatisation fonctionne bien. De même, l’insonorisation est efficace, ce qui n’est pas un détail sur ce type de chantier en fin de journée. Finalement, on regrette simplement que la cabine ne soit pas plus grande. Autre point à améliorer, l’emplacement des feux led additionnels sur le haut de cabine, qui gêne la visibilité vers l’avant pour les grands gabarits.

« Bien plus qu’un tracteur forestier » (Matthieu Freulon)

Si nous avons volontairement choisi de tester le S416 attelé à une déchiqueteuse pour le retrancher dans ses limites, vous feriez une erreur de le considérer uniquement comme un tracteur forestier. En tant que porte-étendard, la série S6 est une vitrine du savoir-faire Valtra. Elle reflète le repositionnement haut de gamme opéré par la marque depuis une quinzaine d’années. Un choix qui pose d’ailleurs la question de la différenciation des marques au sein du groupe AGCO, avec un positionnement (trop) proche de Fendt ?

Ainsi, le S416 dispose de tout ce qu’on peut attendre d’un tracteur agricole de 400 ch : performance, confort, robustesse, électronique dernier cri. De plus, le rapatriement de la production en Finlande rend ce tracteur éligible au studio Unlimited. Vous proposant donc de le personnaliser : esthétisme (couleur, barre de led…), confort (caisson de basse…) ou appli particulière (éclairage, mini-grue…). Un argument supplémentaire face aux exigences des clients de ce créneau de puissance. Ensuite, son poids à vide de 12 t promet une belle polyvalence. Reste le choix de Valtra d’avoir greffé la cabine du Q5 sur le S6 : rationnel d’un point de vue industriel et logique d’utilisateur, mais plus discutable concernant l’espace disponible par rapport à la concurrence.

« Bienvenue au club » (Eric Aubry)

Avec cette nouvelle série, Valtra renforce son offre sur le segment des fortes puissances. Pour des clients de la marque qui disposent d’un réseau à proximité, ce modèle de la série S6 sera rassurant avec un environnement et une ergonomie connus et identiques aux séries moins puissantes. Le positionnement de ce tracteur est comparable à plusieurs marques concurrentes avec un empattement plutôt court, un poids avoisinant les 12 t, lestable si besoin, et un moteur déjà connu. Il est donc adapté à nombre de situations pour des travaux classiques de sol ou de transport, avec un ratio poids / puissance plutôt bon.

Si on cherche un « moteur » pour animer des outils spécifiques (broyeur, déchiqueteuse…), ses origines peuvent rassurer sur le fait que la conception est aujourd’hui « made in Finland », avec un savoir-faire de la marque pour des applications ou des options particulières. Situé dans le peloton en prix, il apparaît comme un modèle finalement polyvalent à ne pas oublier dans son cahier des charges. Malgré tout, ce gabarit de tracteur demande qu’on lui trouve deux ou trois chantiers adaptés à son appétit, pour que les tarifs horaires soient acceptables et restent autour de 40 €/h.

Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :

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