Tout d’abord, rappelons que la série MF 9S, dévoilée à Agritechnica 2023, remplace l’ancienne série MF 8700 S et coiffe désormais la gamme. Pour cet essai nous disposions du tracteur Massey Ferguson 9S.425, le modèle et le plus puissant et actuellement le tracteur le plus puissant jamais produit par la marque. Sous le capot, le 6 cylindres AGCO Power de 8,4 litres délivre ici 425 ch à 1.850 tr/min (sans surpuissance).
Le Massey Ferguson 9S.425 de notre essai
Finition et niveau d’équipement
Au transport, l’électronique affiche automatiquement les images de la caméra derrière la benne lors de l’enclenchement de la marche arrière. (© Entraid)
Sur notre modèle d’essai en finition Exclusive (plus haut niveau d’équipement), ce moteur est associé à la transmission à variation continue Dyna-VT, ici en version 50 km/h. Par ailleurs, un passage au pont à bascule nous a permis de constater le poids à vide du Massey Ferguson 9S.425 : 12,4 tonnes, réservoirs pleins. Soit un poids relativement contenu pour ce niveau de puissance qui devrait permettre une polyvalence intéressante.
Pour vérifier les performances de ce tracteur, nous en avons confié les clés à Thomas Courageot, polyculteur-éleveur à Marbéville en Haute-Marne, qui connaît bien les tracteurs de la marque. Il en possède actuellement quatre :
- un MF 8730 S ;
- un MF 8737 S ;
- un MF 7726 S ;
- un MF 8S.245.
Au programme, pas moins de trois chantiers avec du travail du sol, du déchiquetage de plaquettes et du transport de digestat.
De la puissance et du débit de chantier au travail du sol
Bien chaussé, le Massey Ferguson 9S.425 a fait preuve de puissance et d’une belle adhérence au travail du sol avec le Köckerling Vario 480. (© Entraid)
Pour ce premier chantier de travail du sol, le MF 9S.425 a été attelé à un déchaumeur lourd Köckerling Vario 480 (4,8 m de largeur de travail, 37 dents) pour travailler à une profondeur de 7 à 8 cm. Précisons que les conditions de travail étaient difficiles, avec des sols très secs. Et après 34 ha travaillés, le bilan est plutôt bon. « La puissance est bien là » juge Thomas Courageot, qui apprécie également l’adhérence du tracteur sur ce chantier. « Nous avons travaillé à une vitesse de 10 à 12 km/h avec un taux de charge moteur de 70 à 80 %. Dans ces conditions, le taux de patinage était constamment proche de 0. »
Précisons que le tracteur était chaussé de pneus Michelin VF Axiobib 2 et embarquait plus de 2,8 tonnes de lestage : 500 kg dans chaque roue arrière, 1500 kg sur le relevage AV et 345 kg intégrés à l’avant.
Autre bon point constaté : la maniabilité. En effet, le tracteur « braque plutôt court pour un 400 ch ». Le rayon de braquage de 5,75 m annoncé par Massey Ferguson paraît réaliste. « Le gabarit est intéressant et plutôt court pour cette puissance. » Par ailleurs, la consommation de carburant donne également satisfaction avec 277 litres consommés, soit environ 8 l/ha (29 l/h de moyenne), phases de transport pour accéder aux parcelles incluses.
Un moteur plutôt sobre
Au delà de l’évolution du design, le gain d’espace avec le changement de cabine entre le MF 9S et le MF 8700 S est visible à l’oeil nu. (© Entraid)
Ces premières bonnes impressions, le Massey Ferguson 9S.425 les a confirmés quelques jours plus tard sur un autre chantier exigeant : du déchiquetage de plaquettes.
Pour ce chantier, c’est Julien Golfier, à qui nous avions confié le Valtra S416 qui en a pris le volant, attelé à la déchiqueteuse Heizohack HM 14-860 KTL. Il observe également les bonnes performances du moteur, mais aussi celles de l’hydraulique. « Les performances de l’hydraulique sont très satisfaisantes et apporte beaucoup de dynamisme à la grue du broyeur ».
Précisons que notre modèle d’essai disposait du circuit optionnel load sensing à double pompe délivrant 340 l/min (circuit à centre fermé de 205 l/min de série). Ainsi, le chargement d’une remorque de 70 m3 n’a demandé que 40 minutes, « un bon débit de chantier ». Par ailleurs, nous avons calculé une consommation moyenne de 44 l/h. Une bonne valeur en comparaison des 55 l/h du MF 8737 S habituellement utilisé sur ce chantier.
Cette sobriété a également été observée après 30 h de transport attelé à une benne Joskin Drakkar 3 essieux avec une moyenne sous les 20 l/h (19,9).
Un niveau de confort qui pose question
La cabine offre beaucoup d’espace et une bonne visibilité. (© Entraid)
En revanche, et c’est une surprise qui interpelle, le MF 9S a déçu sur le chapitre du confort. Attention, en reprenant la cabine de 3,4 m3 de la série MF 8S, on ne peut rien lui reprocher sur l’espace disponible. De même, les 6,6 m² de surface vitrée offrent une bonne visibilité au travail, y compris sur le relevage arrière pour les phases d’attelage. Rien à reprocher non plus à l’insonorisation, efficace même au déchiquetage de plaquettes, ni au siège en cuir chauffant et ventilé (option).
En revanche, la suspension de cabine a semblé peu efficace durant le travail du sol et surtout le broyage, avec des à-coups désagréables pour le chauffeur. Un comportement très surprenant en comparaison du confort d’un MF 8S ou d’un ancien MF 8700 S, dont Thomas Courageot rappelle l’efficacité et qui semble s’expliquer par un problème spécifique à cette unité. (cf paragraphe suivant)
Enfin, l’ergonomie des commandes a été appréciée à deux exceptions. D’une part l’obligation de s’arrêter pour passer du mode route au mode champ. D’autre part la gestion des fonctions GPS, auxquelles Thomas Courageot préfère la version de la génération précédente (Trimble).
Bon point, le MF 9S embarque un freinage double ligne hydraulique et un pneumatique, ce qui facilite la connexion aux matériels des différents adhérents d’une cuma. (© Entraid)
Les explications de Massey Ferguson
Surpris par les retours de cet essai, Massey Ferguson a retesté le tracteur à l’usine et a confirmé nos observations avec notamment une différence importante par rapport aux standards de la production. La marque a donc fait intervenir une société spécialisée pour comprendre l’origine du problème.
Il en ressort une double défaillance de pièces issues de deux fournisseurs différents. D’une part un ventilateur moteur mal équilibré, engendrant des vibrations. D’autre part un défaut de matière d’un silent bloc de la suspension avant de la cabine.
Fiche technique du tracteur Massey Ferguson 9S.425
- Moteur : 6 cylindres AGCO Power Stage V
- Cylindrée : 8,4 litres
- Puissance max : 425 ch à 1.850 tr/min.
- Couple max : 1.750 Nm à 1.500 tr/min.
- Transmission : variation continue Dyna-VT (50 km/h)
- Hydraulique : 340 l/min (option)
- Capacité du relevage AR : 12 tonnes
- Capacité du relevage AV : 5 tonnes
- Régimes PDF : 1000eco et 1000 tr/min (option)
- Empattement : 3.105 mm
- Poids à vide mesuré : 12,4 tonnes
- PTAC : 16 tonnes (18 t si 40 km/h)
- PTRA : 44 tonnes
- Lieu de production : France
Bilan de l’essai du MF 9S.425
Découvrez les points forts et les points faibles du Massey Ferguson 9S.425
Les points forts du tracteur Massey Ferguson 9S.425
- Moteur puissant et sobre
- Gabarit
- Visibilité
Les points d’amélioration MF 9S.425
- Confort (cf encadré)
- Arrêt nécessaire pour passage mode champ/route
- Gestion du GPS
3 expert donnent leur avis sur le Massey Ferguson 9S.425
Thomas Courageot, polyculteur éleveur à Marbéville (52), Eric Aubry, animateur Haute-Marne pour la Frcuma Grand Est et Matthieu Freulon, rédacteur en chef adjoint d’Entraid Médias partagent leur avis sur le Massey Ferguson.
Thomas Courageot, polyculteur éleveur en Haute-Marne (à gauche) et Eric Aubry, animateur Haute-Marne pour la Frcuma Grand-Est (à droite).
« Puissant et polyvalent » (Thomas Courageot)
Le Massey Ferguson 9S.425 propose un gabarit intéressant pour un tracteur de 400 ch, il est plutôt court et se révèle maniable en bout de champ. Son poids contenu est aussi un gage de polyvalence. Ensuite, la puissance de 425 ch est bien là, avec une bonne adhérence au travail du sol. En conditions difficiles, avec un outil lourd, nous n’avions quasiment aucun patinage. Les premiers chiffres concernant la consommation sont également intéressants sur les différents travaux testés.
On apprécie aussi les petites attentions comme le logement pour la boîte à outil qui est bien pensé, ainsi que la bonne accessibilité aux différents organes de la machine.
En cabine, on a beaucoup d’espace et un siège confortable. Celui-ci pivote sur 45°, ce qui permet de bien vérifier le travail réalisé par l’outil attelé. Le double écran est pratique et le 3e écran dans le montant offre une meilleure visibilité que l’ancien tableau de bord derrière le volant des 8700 S. Dommage que nous ayons eu ce problème technique sur la suspension. A retester pour évaluer le confort réel du tracteur.
« Un challenger crédible » Matthieu Freulon
Un tracteur 400 ch est aujourd’hui beaucoup plus polyvalent qu’il n’y a encore quelques années et ne se cantonne plus aux travaux lourds du sol. Les constructeurs ont su intégrer des 6 cylindres puissants dans des châssis relativement courts et pour des poids plutôt contenus.
Le MF 9S.425 s’inscrit bien dans cette dynamique avec de surcroît un moteur plutôt sobre pour cette puissance. Côté équipement, rien ne manque : transmission à variation continue, pont avant suspendu, dernières fonctions électroniques, caméras, Isobus, leviers de décompression, etc. Le service de personnalisation MF by You pourra même répondre aux attentes des plus exigeants en termes d’esthétisme ou de fonctionnalité.
Le confort est également un argument essentiel sur ce type de tracteur. La série MF 9S coche toutes les cases pour performer sur ce critère : cabine spacieuse, bien insonorisée, siège premium, ergonomie aboutie. Malheureusement, une défaillance mécanique rare (cf encadré) a dégradé la qualité de la suspension de cabine. Gageons cependant que le MF 9S fasse au moins aussi bien que le MF 8S sans ce souci mécanique.
« Porte étendard toutes options » (Eric Aubry)
Porter un avis sur un tracteur qui développe 425 ch oblige à se placer sur un marché particulier où le besoin de puissance est l’argument principal.
Faut-il avoir un tracteur de cette puissance sur des remorques ? Avec un poids d’ensemble tracteur-remorque de près de 25 t à vide, la charge utile transportée sera finalement limitée. Avec une consommation sur route assez élevée. Par contre, à son volant on se sent en sécurité, l’environnement de cabine est lumineux, bien équipé et vaste, ce qui donne à ce tracteur de bonnes proportions. Le bruit est relativement contenu et la stabilité est très correcte sans mouvements de ballant désagréable. On le verrait cependant plus logiquement attelé à de gros outils de sol.
Avec une direction assez précise et une maniabilité acceptable pour un tel gabarit, on se dit qu’il sera facile de passer de longues heures dans le siège chauffé et ventilé. Quelques détails désagréables cependant, comme la manipulation du levier de clignotants pas intuitive, la foule d’information des écrans majoritairement en blanc et pas très lisible et des tailles utiles d’écran qui devraient être améliorées.
Reste à savoir comment va vieillir toute cette nouvelle conception pour affirmer que cette série sera fiable et deviendra une référence dans la gamme.
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