Face à la croissance des services et à l’augmentation des adhérents, l’organisation d’équipe cuma salariée devient un enjeu majeur pour les coopératives d’utilisation de matériel agricole. Cet article explore deux modèles aux résultats positifs. La cuma Ménérance, issue d’une fusion, a dû rapidement structurer sa main-d’œuvre salariée pour répondre à la demande croissante de services avec chauffeurs. Son histoire illustre l’évolution nécessaire des rôles internes, comme le montre le parcours d’Axel Bouvier, devenu planificateur. Un second exemple, la cuma Les Landes Fourragères, mise sur un binôme président-chef d’équipe pour une gestion quotidienne efficace.
L’organisation d’équipe dans la cuma en croissance
En son temps, la cuma la Rouillacaise avait une équipe de trois salariés. L’un d’entre eux avait la responsabilité d’organiser la répartition du travail. À la suite de la fusion, la demande de main-d’œuvre pour la réalisation des chantiers augmente considérablement.
Compte tenu des contraintes humaines et réglementaires, il devient rapidement évident que la création d’un quatrième poste allait être nécessaire. C’est ainsi que les responsables de la cuma Ménérance actent la décision de recruter un chauffeur supplémentaire dès l’exercice 2021-2022.
En novembre 2022, la cuma embauche donc Axel Bouvier, 21 ans. Formé en apprentissage en ETA, il est ensuite salarié d’une autre ETA en Mayenne pendant une année et demie.
Quelques mois plus tard, la coopérative subit une vague de turn-over. L’équipe de quatre chauffeurs ne compte plus que deux personnes. Son collègue ne souhaitant pas prendre en charge la planification des chantiers, Axel endosse cette responsabilité.
« Avoir ainsi le téléphone tout de suite, cela m’a rendu service », juge-t-il aujourd’hui. Il explique en effet que cela lui a permis de connaître tous les adhérents plus facilement que s’il avait été « uniquement chauffeur ».
Planification des chantiers : comment la cuma Ménérance s’adapte aux saisons
La cuma Ménérance propose toutes les activités, à l’exception de la pulvérisation et de l’épandage d’engrais. De la préparation des sols à la récolte, ses quatre salariés sont donc dans les tracteurs pour plusieurs chantiers, en fonction du planning qu’Axel Bouvier agence.
En haute saison (périodes de moisson, de semis de maïs et d’ensilage principalement), les adhérents qui souhaitent réaliser leur chantier avec la cuma se réunissent en fin de semaine. Cette répartition du travail se fait ensuite en concertation avec les responsables.
Le reste du temps, il n’y a pas de réunions de planning. Le téléphone d’Axel est alors toujours allumé pour prendre les demandes de chantier qu’il répartit entre les autres salariés. Lorsqu’il est absent, en congés ou en repos, c’est un de ses collègues qui prend le téléphone et qui organise le travail pour ceux présents. Il n’y a pas pour autant de second clairement identifié, les chauffeurs sont tous en capacité de structurer les journées de travail.
Management de l’équipe salariée : la répartition des rôles chez Ménérance
Le poste n’a pas réellement évolué dans ses missions depuis son arrivée, mais le président admet que la prise de confiance d’Axel Bouvier dans son poste permet à tout le monde de gagner du temps : « Si on devait être là tous les jours pour planifier le travail, on ne pourrait pas. Les gens ont leur boulot à faire », exprime Jean-Pierre Gouvary.
En ce qui concerne le management, la gestion des conflits… ces missions restent du ressort du responsable des salariés et du président de la cuma. Si la structure est aujourd’hui stabilisée avec un effectif des quatre employés et d’un apprenti, le président a toujours des idées pour structurer toujours plus son équipe.
« On va organiser une réunion avec les chauffeurs pour mieux organiser la partie atelier, faire un vrai planning sur nos attentes en entretien des machines. Et pourquoi pas nommer un responsable d’atelier qui serait en charge de veiller au bon déroulé des entretiens. » La cuma Ménérance semble donc bien engagée sur la voie d’une organisation robuste, tournée vers l’avenir.
Modèle d’organisation d’équipe en cuma : le binôme président-chef d’équipe aux Landes Fourragères
Dans le sud de l’Ille-et-Vilaine, la cuma les Landes fourragères se structure de longue date autour de commissions (RH, matériel…) et d’une équipe salariée avec son chef d’équipe. Frédéric Pavy arrive à ce poste en 2012. Guenaël Hamelin, actuel président, était alors trésorier tandis que l’équipe ne comptait que deux personnes. Si prendre en charge sa nouvelle fonction a pu être compliqué aux débuts, Frédéric a su grandir avec son équipe. Elle compte aujourd’hui huit salariés permanents et un apprenti. Ainsi qu’une large palette de services aux adhérents : travail du sol, récolte, épandage, déchiquetage de bois…
Actuellement, Frédéric décharge le conseil d’administration de la gestion quotidienne de la cuma. Il gère les plannings de chantiers et la prise des congés. Tous les quinze jours, il organise une réunion avec les salariés afin de faire le point sur les semaines passées et à venir. À l’occasion, un des trois membres de la commission RH peut se joindre à ces rendez-vous. Aux entretiens individuels des salariés, le chef d’équipe apporte un autre regard sur l’année écoulée. La cuma l’inclut également dans ses processus de recrutement.
Le conseil d’administration et son président se dégagent ainsi du temps, tout en conservant une vision de la cuma grâce aux échanges téléphoniques pluriquotidiens qu’entretient le binôme. En même temps, la présence de Frédéric qui apporte son point de vue et sa réalité de terrain, contribue à structurer les réunions du conseil. Le binôme président-chef d’équipe permet à la cuma d’être dynamique et réactive, et ainsi de fournir le meilleur service possible aux adhérents.
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