En viticulture, les robots à maturité technologique

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En viticulture, les robots à maturité technologique

Le robot Ted de Naïo, en démonstration lors du Forum international de la robotique agricole (Fira) à Auzeville-Tolosane en février 2023.

Les experts de la robotique viticole s’étaient donné rendez-vous au Sitevi, le 28 novembre, pour une table ronde animée par Marie-Flore Doutreleau, chargée de mission agroéquipement à la fédération des cuma d’Occitanie. À l’unisson, ils s’accordent : oui, les robots progressent vite en viticulture.

Matthias Carrière, responsable commercial chez le roboticien Naïo technologies, a douché les espoirs de comparaison d’entrée de jeu. « On ne fera pas la même chose avec les robots en viticulture qu’avec un tracteur. » C’est donc une cohabitation qui se dessine. Mais les possibilités offertes par la robotique s’élargissent au fur et à mesure que la technologie gagne en maturité, a rappelé Joseph Malfait, responsable achats viticoles, robotique et innovation chez Moët Hennessy.

Robots en viticulture : des bénéfices technologiques

« Les robots sont désormais opérationnels sur le désherbage mécanique et le travail du sol en plein, la tonte, la pulvé, le semis de couverts et le traçage pour les plantiers. Des perspectives s’ouvrent pour les robots de taille, qui sont en test. Et de notre côté, nous testons avec un constructeur, en co-développement, un prototype pour la récolte de grappes entières », a-t-il précisé.

Table-ronde lors du Sitevi 2023 sur l'état de la robotique agricole et viticole.

Table-ronde lors du Sitevi, sur le thème de la robotique en agriculture et notamment en viticulture.

Reste que les robots du marché rencontrent parfois des limites. La plus évidente étant, comme l’a résumé Christophe Gaviglio, de l’Institut français de la vigne et du vin (IFVV), que « les bénéfices sont aujourd’hui davantage techniques qu’économiques. »

Maturité économique en devenir pour les robots en viticulture

« Les robots polyvalents atteignent en moyenne 200 000 €, les mono-tâche, dotés d’une fonction simple, tournent autour de 120 000 €, et les petits, qui fonctionnent en mode ‘essaim’, atteignent 50 000 € », a ainsi estimé Joseph Malfait.

Christophe Gaviglio a complété en comparant le coût d’un désherbage mécanique effectué par un tracteur vigneron et un robot. « Il atteint 220 €/ha/an pour un désherbage chimique classique sous rang, 450 à 650 €/ha/an pour un désherbage mécanique avec tracteur, outil et main-d’œuvre ; et minimum 1 000 €/ha/an avec un robot. »

Les pistes : moins de supervision humaine, davantage de données, du partage

« Attention, il ne s’agit pas uniquement de dire qu’un robot est plus cher : d’autres éléments pèsent », a nuancé Christophe Gaviglio. « Améliorer leur rentabilité passera par la prise en compte des bénéfices apportés par le robot par rapport au tracteur. Comme la diminution du coût hectare qu’apportera la baisse graduelle de la supervision humaine, mais aussi l’inflation du côté des tracteurs. Pèsera également l’augmentation de la surface travaillée, avec la piste des cuma pour mutualiser l’achat et cette hausse des surfaces. »

Pas le même recul

Analyse partagée par Joseph Malfait et Matthias Carrière. Lesquels voient également dans l’autonomisation totale et l’apport de services en plus (analyse d’images et de données, OAD) des pistes de rentabilisation des robots.

À noter un élément de contexte important : les tracteurs bénéficient d’un recul technologique de 60 ans et de 70 % de puissance en plus par rapport aux robots. Et pourtant, avec l’inflation, « à technologie quasi équivalente, le prix d’un Fendt One avec autoguidage approche les 120 000 € », a pointé Christophe Gaviglio, de l’Institut français de la vigne et du vin.

Tracteurs vs robots en viticulture : avantages et inconvénients

Tracteurs vignerons classiques :

  • Avantages : Vignobles déjà conformés pour les passages de tracteurs / Puissance / Habitudes d’usage / Réseaux de distribution et d’entretien « huilés »
  • Inconvénients : Consommation de carburant / Risques de compaction des sols élevé / Nécessité d’un opérateur formé à la conduite / Surpuissance par rapport à certains travaux / Coûts d’achat croissants / Coût de maintenance et d’entretien élevés (ces deux derniers facteurs devraient se dégrader à l’avenir)

Robots :

  • Avantages : Utilisation d’énergies non-fossiles / Précision et délicatesse du travail / Préservation des sols et des plantiers / Possibilité de travailler sur de longues périodes en co-activité avec un humain (autonomie en perspective) / Appétences des salariés (notamment jeunes) / Maintenance et entretien moins coûteux
  • Inconvénients : Coûts actuels / Complexe à intégrer dans les itinéraires techniques (logistique) / Débits de chantiers actuels faibles / Nécessité d’une présence humaine à proximité / Autonomie actuelle (facteurs qui devraient s’améliorer à l’avenir) / Puissance limitée

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