Forte chaleur : comment ils s’organisent pour éviter les feux de moisson

Ces chauffeurs de moissonneuses-batteuses s’organisent pour faire face aux fortes chaleurs et ainsi éviter les feux de moisson. Voici leurs techniques.

Éviter les feux de moisson : une problématique de plus en plus fréquente

Grégory Lagarde, président de la cuma de Battage de Saint-Créac, dans le Gers, pose le contexte : « Cette année, il fait sec et chaud pour la récolte, c’est impeccable, ça va vite. Mais il suffit d’un roulement… ou il ne faudrait pas que le moteur chauffe ».

Les chauffeurs, qui sont des adhérents embauchés par la cuma pour ces chantiers, sont expérimentés : « Ils commencent à travailler vers 10h ou 10 h 30 et se relaient jusqu’à minuit. Ils s’arrêtent 4 ou 5 heures pour souffler le moteur et s’arrêter à l’ombre », précise le président.

Une organisation qui leur permet de récolter en moyenne 25 hectares par jour, selon la conformation des parcelles.

Dans les Deux-Sèvres aussi, on s’organise pour éviter les incendies de moisson

Dans les Deux-Sèvres, la cuma l’Argencie interdit les activités liées à la moisson en cas de vigilance canicule de Météo France. Sous l’impulsion de son président Etienne Marolleau, cette cuma a validé un avenant à son règlement intérieur dans ce sens, validé en Conseil d’Administration la semaine dernière.

« Nous craignons les incendies de matériels. Une presse cubique a brûlé dans notre secteur. Pour protéger nos machines, notamment notre moissonneuse-batteuse, nous interdisons leur utilisation en cas de fortes chaleurs » explique-t-il.

Avenant au règlement intérieur pour éviter les feux de moisson

Le juge de paix s’appelle Météo France : « Toute vigilance canicule jaune, orange ou rouge dans la circonscription de la cuma entraîne l’interdiction d’employer les matériels de moisson, pressage et broyage de 14h à 22h, détaille Etienne. Avec Mikaël Douroux, animateur à la Fdcuma 79, nous avons choisi de nous baser sur Météo France. C’est officiel, traçable, et tout le monde a accès à cette source d’information ».

Pour la cuma l’Argencie, il s’agit de responsabiliser les adhérents. Ces derniers appliquent l’avenant naturellement. Si un incendie se déclarait sur une machine de la cuma pendant une période d’interdiction, la cotisation annuelle augmenterait pour financer son renouvellement. La hausse de cotisation serait facturée à l’adhérent en cause, ainsi que d’autres frais éventuels d’assurance, de réparation et de compensation.

En Mayenne, on décale les périodes de travaux

À la cuma de la Riantière (Prée-d’Anjou, 53), les deux chauffeurs ont coupé le moteur vers 14 h 30 hier. Ils n’ont redémarré qu’à 20 h 30,pour finir à 6 h 00 au lieu de 2 h 00 ou 3 h 00 habituellement. « Comme il n’y a pas trop de rosée, c’est passé », précise le chef d’atelier Thierry Lardeux.

« Les 60 hectares qu’il y avait à faire dans la journée sont quasiment passés. » Ce jour-là, il restait donc une parcelle de 10 ha à faire.

« Les champs d’orges et de féverole sont finis, on attaque les blés pour lesquels il faut encore qu’on établisse le planning. Sur 620 ha au total, il en reste 400 ha à faire », poursuit-il.

« Première fois en 30 ans que j’arrête les batteuses »

« C’est la première fois en bientôt trente ans que je vois des températures élevées à la moisson et que j’arrête les batteuses », précise-t-il. « Pour les rounds, c’est un peu plus habituel d’arrêter pour ça, car c’est un matériel très sensible », détaille Thierry Lardeux. « Pour l’instant les adhérents le prennent plutôt bien. Ils profitent qu’on évite de moissonner aux heures chaudes qui détérioreraient la qualité de la paille. Et ça se passe bien parce qu’il n’y a pas d’eau annoncée pour les jours qui viennent ».

Dans l’histoire de la cuma, « nous avons déjà eu un incendie sur un round », précise l’ancien pompier volontaire. Il évoque aussi quelques cas dans la région ces derniers jours. De quoi attiser la prudence des opérateurs. Reste que le chef d’atelier a pris « une décision qui n’est pas évidente à prendre ». Pouvoir constater sur la conversation WhatsApp des cuma de son département, qu’il n’était pas tout seul à procéder de la sorte, l’a au moins rassuré.

Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com.

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