Ils cultivent des céréales depuis 6 ans sans entrer dans les parcelles

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Ils cultivent des céréales depuis 6 ans sans entrer dans les parcelles

Une partie de l'équipe de chercheurs, et les trois engins du parc de matériels autonomes.

Les chercheurs anglais de l’université Harpers Adams voient les robots comme un moyen de pratiquer l’agriculture durable même à petite échelle et avec un meilleur résultat économique. Leur septième campagne d’essai commence.

En 2017, des chercheurs de l’université anglaise Harper Adams ont réussi à cultiver un hectare d’orge de printemps, sans qu’un humain mette un pied – ou une main – dans la parcelle. D’où le nom de leur projet : ‘Hands Free Hectare’. Une première mondiale. Les trois membres de l’équipe, Martin Abell, Kit Franklin et Jonathan Gill, ont travaillé avec Precision Decisions Ltd, une entreprise spécialiste de l’agriculture de précision. Ils ont décidé d’employer des engins agricoles de petite taille.

Pour une question de budget, mais aussi avec l’idée que plusieurs petits valent mieux qu’un gros. Le sol risque moins d’être compacté par les passages de tracteur, même avec une météo défavorable. Il en résulte un moindre besoin en travail du sol curatif. Par ailleurs, ces chercheurs remarquent que l’agriculture de précision se met d’autant mieux en valeur que les outils travaillent sur de faibles largeurs. Une mesure de rendement est en effet plus précise sur 2 m de largeur de coupe que sur 12 m.

Des petits matériels du commerce customisés

L’équipe de Hands Free Hectare a greffé un dispositif de guidage autonome, tel que ceux qui équipent les drones, sur des matériels du commerce. À savoir un tracteur Iseki de 39 ch et une moissonneuse-batteuse Sampo Rosenlew pour récolte d’essais. D’autre part, le semis s’effectue en direct ou après discage, avec un appareil à dents Simtech T-Sem de 1,90 m.

semoir Simtech sur tracteur autonome Hands Free farm

Le semoir Simtech en plein travail.(©HandsFreeFarm)

De 1 à 35 ha

Au fil des années, le projet a grandi pour devenir Hands Free Farm, sur 35 ha. Un spécialiste australien de l’agriculture de précision, Farmscan, a rejoint les chercheurs anglais. Deux autres tracteurs équipés pour la conduite autonome, mais pas plus gros que le premier, ont complété le parc de robots. La Sampo-Rosenlew a laissé la place à une Claas Crop Tiger, une petite machine conçue au départ pour le marché asiatique. Il a fallu affronter de nouvelles contraintes : les poteaux électriques, les pentes, les fossés, les arbres, les chemins… et le covid-19. Mais le travail reste toutefois concentré sur les champs. Il faut pour l’instant amener le carburant, la semence ou l’eau du pulvérisateur en bord de champ. La circulation des robots d’une parcelle à l’autre et vers les bâtiments d’exploitation reste à approfondir.

pulvérisateur Amazone sur tracteur autonome Hands Free farm

Le pulvérisateur a pris de la largeur depuis les débuts.(©HandsFreeFarm)

Cultures en bandes de 2 m

Une troisième étape se présente depuis l’automne 2022 avec la mise en place de cultures sur le mode ‘strip cropping’, autrement dit en bandes alternées de cultures différentes. Précisément dans des largeurs de seulement 2 m, pour rechercher des synergies en matière d’agronomie et de biodiversité. Ne coûtant rien en main-d’œuvre, le robot pourrait rendre économiquement faisable ce type de schéma où on produit des grandes cultures avec des matériels habituellement dédiés à l’expérimentation en microparcelles. Trois espèces font l’objet des essais de la saison 2022-2023 : blé, orge, féverole, avec une bande enherbée tous les 12 m. Celle-ci sert au cheminement du pulvérisateur, équipé d’une rampe de 15 m et d’un pilotage buse par buse pour traiter en bandes.

Les petites parcelles retrouvent de la rentabilité

L’équipe de Hands Free Farm développe ainsi cette idée que les robots permettraient de redonner de la rentabilité aux petites exploitations, et aux petites parcelles. Celles qui, justement, se révèlent plus propices à la biodiversité et donc à une agriculture plus durable. Elle approfondit la coordination entre robots, puisqu’ils doivent rester petits et donc fonctionner en groupe. Dans ce principe, le métier d’agriculteur ne serait plus, selon ces chercheurs, celui d’un conducteur de gros tracteur passant 80 % de son temps à tirer des lignes droites. Ce serait plutôt celui d’un gestionnaire, d’un agronome, qui effectue des tâches vraiment rentables tout en supervisant une flotte de robots. Pour en savoir plus, écouter notamment l’interview de Kit Franklin dans l’épisode 23 de The Biotech Podcast.

 

Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com

Un tracteur autonome chez John Deere

et un autre chez New Holland.