[Combien ça coûte] Du goutte à goutte dans les vignes: ce n’est plus farfelu

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[Combien ça coûte] Du goutte à goutte dans les vignes: ce n’est plus farfelu

Après deux années difficiles sur le plan des précipitations, les viticulteurs s'interrogent sur les méthodes d'irrigation et de gestion de l'eau.

Les sécheresses des deux dernières années n’ont fait que confirmer ce qu’entrevoyait la profession viticole: il va falloir s’organiser autour de la ressource en eau. Une thématique d’emblée collective, dont s’est saisie la fédération des cuma Gard-Hérault lors de son AG, le 7 novembre, à Castelnau-de-Guers.

Irrigation, retenues d’eau, travail syndical et de groupes: les principales facettes de cette problématique ont été abordées lors de l’AG des cuma du Gard et de l’Hérault. L’assistance, fournie, a été particulièrement attentive après les aléas climatiques de la campagne.

La ressource en eau existe, a souligné Marie-Pierre Lalle, directrice de la Fdsea34 dans un exposé complet sur les solutions de stockage de l’eau. Entre les deux «châteaux d’eau» que constituent les Alpes et les Pyrénées, «97% de l’eau retourne à la mer», a-t-elle rappelé. Et si la France accuse un gros retard en termes de surfaces irriguées, par rapport à ses voisins italien et espagnol, les possibilités existent, bridées par un mille-feuille de lois et contraintes réglementaires.

La mobilisation, syndicale notamment, a permis de faire évoluer la situation, qui pourrait se dégager au vu de la récente création d’une cellule d’expertise nationale destinée à fluidifier ces projets (voir les annonces ci-dessous). Elle appelle toutefois les agriculteurs à mobiliser leurs élus pour qu’ils se saisissent de ce thème, à la fois sur les difficultés et les réussites.

Viticulture: principales annonces sur la gestion de l'eau
Communiqué conjoint issu des ministères de l'Agriculture et de la Transition écologique, le 9 août 2017.

Principales annonces :
•développer une agriculture plus économe en eau et multi-performante, notamment grâce au choix des assolements; progresser encore, via l’innovation, dans l’efficience de l’irrigation (réseaux, pilotage, génétique et stratégies des cycles culturaux);
•réaliser, là où c’est utile et durable, des projets de stockage hivernal de l’eau afin d’éviter les prélèvements en période sèche, lorsque l’eau est rare;
•mobiliser les préfets coordonnateurs de bassin pour dynamiser les projets de territoires;
•mettre en place une cellule d’expertise afin de dénouer les éventuelles difficultés.

Dans les AOP, la situation évolue, a-t-il été noté: l’interdiction d’irriguer peut désormais être levée entre le 15 juin et le 15 août (ou la floraison et la véraison) en respectant une procédure.  A également été détaillé comment mettre en place un système de goutte à goutte, le système d’irrigation le plus efficace en viticulture (détail des coûts en encadré).  Une technique mise en œuvre dans la cuma des Grangettes, à Cers.

Cuma irrigation

Les 6 adhérents de cette cuma  se passent «un tour d’eau» chaque jour. Il y a 7 ans, ils ont décidé de gérer collectivement l’abonnement destiné à irriguer un îlot de 25ha vignes. L’eau provient du Canal du Midi, voyage ensuite dans le réseau supressé de BRL, s’écoule ensuite jusqu’aux parcelles des viticulteurs avant de se nicher au pied des vignes, goutte à goutte.

Ce réseau indépendant, qui appartient aux viticulteurs, vient compléter celui de la commune. Une démarche collective qui a permis aux adhérents de bénéficier de subventions et d’un abonnement de 25m3 annuels à un tarif intéressant, notamment pour les professionnels sur de petites surfaces. «En individuel, les contrats souscrits pour 5, 10 ou 15m3 tournent autour de 50€/m3. Là, pour les petits îlots, on est à 10 fois moins», précise Adrien Pribille, président de la cuma.

Une échelle qui leur permet également de bénéficier d’un filtre performant (contre lavage automatique). L’abonnement de 25m3 annuels leur permet d’irriguer de juin aux vendanges, même si cette année, la mise en route a eu lieu un mois plus tôt.

Goutte à goutte: combien ça coûte?

•Coût d’installation: 1520 à 2400€/ha de matériel (station de filtration, peignes, raccords, rampes de goutteurs...) auxquels s’ajoutent 420 à 560€ de main-d’œuvre. Le facteur majeur de variation du coût d’installation est la distance entre la borne ou le forage et la parcelle
•Coût d’entretien: 78€/ha/an incluant le nettoyage, les réparations sur le réseau et la main-d’œuvre nécessaire
•Coût d’arrosage: 150 à 170€/ha/an, constitué par le temps nécessaire au pilotage et au déclenchement de l’arrosage
•Coût de l’eau: 300 à 1000m3/ha/an variable selon le mode de prélèvement (tours d'eau, forages...).

Source : Chambre d’agriculture de l’Hérault

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