Le trieur en cuma pour gagner en autonomie

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Le trieur en cuma pour gagner en autonomie

Mise en route du trieur à la cuma de l’Epron.

Pour les agriculteurs en recherche d’autonomie, le tri de semences offre la possibilité d’effectuer la séparation d’espèces et de réaliser des semences fermières.

L’adoption d’un trieur en cuma suscite toujours des débats en amont. Au sein de la cuma de l’Epron de Surimeau, à Niort, la réflexion sur la nouvelle activité de tri de semences a débuté en 2020. Après avoir discuté des coûts des prestations pratiquées par les coopératives ou les opérateurs locaux, certains agriculteurs se sont penchés sur leurs besoins. Ce faisant, ils ont exprimé le souhait de séparer les espèces composant les cultures récoltées en bio. Mais aussi de trier et nettoyer les récoltes. Cela pour gérer plus facilement le stockage ou la commercialisation et, a posteriori, réaliser des semences fermières.

Cerner les besoins du trieur en cuma

Deux enquêtes menées en 2021 auprès des agriculteurs deux-sévriens permettent de connaître leur intérêt pour cette technique. Elles estiment ensuite le potentiel d’activité sur le département. Afin de faciliter les échanges, la société Dorez a effectué en juin 2021 une présentation de son trieur-séparateur rotatif. En février 2022, la réflexion s’est poursuivie avec la démonstration d’un trieur-séparateur Ci2T, le matin à la cuma de l’Union (Faye-sur-Ardin) et l’après-midi à celle de l’Epron.

Ces cas concrets ont permis aux adhérents d’assister à la mise en place d’un chantier de triage. Ils constatent ainsi le besoin en main-d’œuvre pour optimiser le matériel. Les participants ont également abordé les sujets du choix des grilles et des réglages. Étapes indispensables pour obtenir un résultat satisfaisant. Le concepteur a insisté sur les différentes phases d’un trieur. Il a montré aussi l’importance d’appliquer un produit d’enrobage ou de traitement de semences (bio ou conventionnelles). Pour finir, il a précisé les atouts et les limites de chacun des systèmes de triage.

Performance et qualité du trieur en cuma

Dans un rayon de 20 km, dix adhérents bio de la coopérative de l’Epron composent l’activité triage. L’engagement global s’élève à 1 120 t, dont 1 000 t pour la séparation d’espèces et 120 t pour la production de semences fermières. Il faut quasiment deux campagnes de travail et plus de 210 heures au compteur aux utilisateurs pour trouver leurs repères. À savoir la mise en place du trieur ou le choix des grilles. Mais également les éléments à faire évoluer pour un chantier performant et de qualité (propreté et qualité du grain, sans casse ni pertes). « Il faut parfois doubler certaines dimensions de grilles pour augmenter les performances, bien qu’elles n’atteignent pas celles promises par le fournisseur », soulignent Jean-Pierre Chaignon, trésorier de la cuma et responsable de l’activité triage, et Mathieu Guilbot, utilisateur du trieur.

Le trieur en cuma favorise les échanges entre agriculteurs.

L’entraide entre voisins favorise les échanges de variétés ou d’espèces.

Pour un débit annoncé à 300 q/h, les agriculteurs constatent plutôt un débit maximal de 150 à 200 q/h pour séparer et trier un mélange de type triticale-féverole. Ils descendent autour de 90 à 100 q/h en mélange orge-pois, pour un résultat globalement satisfaisant. Le choix du trieur rotatif à double enveloppe Ci2T (base Kongskilde TM 4 000) permet de séparer, trier et nettoyer deux catégories d’espèces à la fois. Une troisième sortie est destinée aux impuretés. Quelques améliorations ont eu lieu pour limiter les fuites. Il s’agit de la mise en place de cornières et de bavettes. En outre, l’ajout d’un variateur de vitesse de la vis d’évacuation permet de réduire la casse des grains. Concernant le traitement de semences, la bascule de circuit semble sous-dimensionnée pour suivre la cadence. L’objectif est d’atteindre 200 heures/an en année de croisière.

Partager les charges du trieur en cuma

Facturer 1 €/t engagée et 35 €/h réalisée permet de partager les charges. Enfin, pour ce qui est de l’organisation de chantier, une partie du triage s’exécute au moment de la récolte. On priorise les récoltes dites sales, afin de permettre la ventilation ou le séchage des grains, dans un délai court. L’autre partie se gère au fur et à mesure des besoins (production de semences) ou de la commercialisation des espèces. Dans ce cas, la récolte a été préalablement stockée et, si besoin, ventilée.

4e trieur à la cuma de Soulièvres

L’activité date maintenant de plus de 20 ans, avec un premier trieur acheté d’occasion. Ce dernier est ensuite remplacé par un autre, également d’occasion. La cuma de Soulièvres a choisi d’investir en 2016 dans un ­second trieur. Il s’agit d’un engin spécifique pour l’agriculture bio. C’est un Dorez à quatre grilles, bénéficiant de trois sorties, sans traitement de semences. « Composée de 20 adhérents, cette ­activité permet un pré-nettoyage ­rapide au moment de la ­récolte, avant le stockage ou la livraison des espèces. Le débit affiche entre 80 et 100 q/h », explique Arnaud Chabauty, administrateur de la coopérative et responsable de ce trieur.

Réaliser des semences fermières

Elle permet également la séparation d’espèces pour des performances atteignant 60 à 80 q/h. Concernant le nettoyage extrême pour la réalisation de semences fermières, le débit se limite à 20 ou 40 q/h selon les espèces. Ce groupe a réalisé 181 heures de travail en 2022, facturées de 32,70 €/h. En 2018, c’est le trieur avec traitement de semences pour les 17 adhérents conventionnels qui a été remplacé par un Dorez à quatre grilles, équipé d’une station d’enrobage. En 2022, cette activité représentait 517 heures de travail, à raison de 10 €/h. Ce trieur s’utilise­ pour le triage et le nettoyage de ­semences fermières. Partagées entre céréales et semences de couverts végétaux, ces dernières constituent plus de 50 % de l’activité.

Pour ce qui est de l’organisation, ­l’adhérent, après s’être inscrit sur un planning, doit récupérer le trieur chez l’utilisateur précédent. « Les opérateurs locaux n’étaient pas forcément en mesure de répondre à notre demande. Alors, n ous nous sommes lancés dans le triage de semences de couverts végétaux », précise Jean-Luc Thibaudeau, responsable du trieur pour les agriculteurs conventionnels. Le partage du matériel permet des échanges de semences entre agriculteurs, notamment pour la constitution de mélanges pour les couverts végétaux.

Station mobile à la cuma de l’Union

À Faye-sur-Ardin, cette coopérative a renouvelé sa station de traitement de ­semences en 2022, la précédente ayant été acquise d’occasion en 1992. Ce nouvel équipement de triage et de calibrage de semences est un modèle Dorez type AS 354, sur la base d’un trieur rotatif Marot à quatre grilles, fixé sur une remorque agraire à essieu suspendu. Munie de deux élévateurs et d’un convoyeur de ­semence triée, celle-ci est accompagnée d’une bascule de circuit et d’une enrobeuse pour le traitement de semences en agriculture conventionnelle.

Le trieur en cuma favorise la solidarité entre adhérents

Pratiquant la solidarité entre adhérents pendant les chantiers de triage, le groupe a opté pour un système à deux cuves. Celui-ci permet de passer rapidement d’un produit à un autre, afin d’optimiser les performances du trieur. En effet, lorsqu’on travaille sur des lots parfois réduits en quantité, il n’est pas rare de devoir mobiliser deux, voire trois personnes. « L’entraide entre voisins facilite les échanges de variétés ou d’espèces », constate Romain Audebert, responsable de l’activité. Acquis pour 80 000 €, ce trieur a bénéficié d’une subvention dans le cadre du Plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles (PCAE). Cela a contribué à pérenniser l’activité. Le potentiel de travail se situe autour de 1 600 q répartis entre 18 adhérents. La facture s’élève entre 3 et 3,5 €/q, soit 30 à 35 €/t. Plutôt réalisée en fin d’été, l’opération s’étale sur une vingtaine de jours.

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