Objectif 30€/t max pour le trieur mobile à la cuma du Jajolet

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Objectif 30€/t max pour le trieur mobile à la cuma du Jajolet

La mise en place du trieur mobilise plusieurs heures de travail.

Pour profiter des avantages agronomiques des associations céréales - protéagineux en bio, tout en valorisant correctement leurs récoltes, cinq agriculteurs de l’Orne créent une nouvelle activité de tri dans leur cuma.

La cuma du Jajolet est équipée depuis octobre dernier d’un trieur mobile à grains. Cet investissement de 80.000€ a été réalisé par un groupe de cinq agriculteurs, dont quatre sont en production biologique ou en conversion. Une demande de subvention est en cours auprès de la Région.

«La cuma compte une trentaine d’adhérents partageant du matériel d’ensilage, épandage de fumier, pressage et déchaumage», décrit Florian Papin, secrétaire de la cuma et responsable du trieur.

Objectif 30€/t pour le trieur mobile

Le projet d’acquisition de ce dernier a été motivé par plusieurs conversions dans le secteur, y compris d’agriculteurs qui n’étaient pas encore adhérents de la cuma. «Pour le rendement et la rentabilité des cultures en bio, il est essentiel d’associer les céréales et les protéagineux. Le tri des récoltes permet de mieux valoriser les graines vendues, de reconstituer une ration précise pour la production laitière notamment, ou de produire ses propres semences.»

Ainsi, à la tête d’une exploitation comptant 122ha et 50 mères charolaises, Florian Papin est l’un des deux principaux utilisateurs du trieur mobile. En outre, sur un volume total prévisionnel de 500t, il projette de trier 150t de grains. Ses collègues sont: un éleveur laitier (150t à trier également), deux polyculteurs dont un avec un atelier volailles, et enfin, un polyculteur – éleveur de bovins viande en production conventionnelle. Les cinq agriculteurs du groupe ont prévu un amortissement sur dix ans. Ils se fixent un coût objectif de 30€/t maximum. Ce tarif serait «compétitif» considère Florian.

Florian Papin

Florian Papin, responsable du trieur mobile à la cuma du Jajolet.

Les déchets ont une valeur alimentaire

Les cinq utilisateurs sont situés dans un rayon de dix kilomètres, ce qui limite le temps de déplacement de l’outil. La mise en place du trieur nécessitant plusieurs heures de travail, il est généralement installé pour plusieurs jours et nécessite donc une capacité de stockage des grains chez les agriculteurs. Une seule personne suffit à assurer son fonctionnement. Le temps de triage diffère selon la qualité recherchée (cinq grilles de tailles différentes sont disponibles). «Pour séparer une céréale d’un protéagineux, le débit est de 6 à 7 t/h», estime Florian Papin.

Le jeune éleveur a trié cette année des mélanges triticale – féverole ou blé – féverole. Il projette de tester aussi des associations triticale – pois et blé – pois. En vendant des grains triés, il vise un tarif de 350 à 400€/t en blé bio. Par ailleurs, il récupère entre cinq et dix tonnes de «déchets» (environ 5%) dont il tire une farine que son troupeau valorise. En complément des foin, ensilage et enrubannage, il est ainsi autonome pour la finition de ses génisses et bœufs vendus en direct ou à Unebio.

Trois nouveaux adhérents

«Trier mes récoltes représente un coût et du temps à passer, c’est vrai, reconnaît-il. Mais c’est une sécurité à mes yeux, pour assurer la propreté de mes lots et donc bien les valoriser. De plus, je suis économe pour la finition de mes bovins. Je l’ai utilisé aussi pour débarrasser ma production de semences des graines d’adventices. Cette année, j’avais semé en pur: 1ha de triticale, 1ha de féverole et 1ha de pois dans cet objectif. La contrainte est de remélanger ensuite les semences triées dans le semoir, pour emblaver les cultures associées.»

Pour rendre possible le projet de trieur, Florian Papin a frappé aux portes de ses voisins. Ainsi, il a ramené trois nouveaux adhérents à la cuma du Jajolet. «Notre groupe n’est pas fermé, précise-t-il. Et nous envisagerons peut-être de proposer des prestations. De plus, cet outil en commun génère d’autres échanges entre nous. Par exemple, j’achète désormais des fientes de volailles bio. Peut-être que demain, nous investirons ensemble dans le désherbage mécanique?»

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