Dans son essai mené en 2024, il fait varier la dose de légumineuse pour observer la solution qui a le moins d’impact négatif sur le rendement du tournesol. Retour sur le semis de luzerne sous couvert de tournesol en Indre-et-Loire.
Semis de luzerne sous couvert de tournesol : un essai qui met en lumière la dose optimale
Au printemps 2024, Timothé Ménager, membre du GIEE Coop Échanges, décide d’essayer la luzerne porte-graine sous couvert de tournesol à Charnizay, dans l’Indre-et-Loire. La parcelle qui reçoit l’essai fait 4 ha. Le sol est un argilo-calcaire profond, basique et faible en phosphore. La dose de légumineuse conseillée est de 3,5 kg/ha.
S’interrogeant sur la pertinence de cette dernière, il choisit donc de faire varier ce paramètre. Résultat, c’est la modalité à 4 kg/ha qui a eu le moins d’impact négatif sur le rendement du tournesol ! En effet, les rendements obtenus en tournesol sont de :
- 10,4 q/ha tournesol sec pour 2 kg/ha luzerne ;
- 12,72 q/ha tournesol pour 3,5 kg/ha luzerne ;
- 14,46 q/ha tournesol pour 4 kg/ha luzerne ;
- 12,03 q/ha tournesol pour 6 kg/ha luzerne ;
- 13,27 q/ha tournesol pour 8 kg/ha luzerne.
Faible ou forte densité de semis de luzerne sous couvert de tournesol
La modalité à 2 kg de luzerne par hectare décroche en rendements de tournesol. La place laissée par la faible densité de semis, ayant permis aux adventices de s’implanter, peut expliquer ces résultats. La pluviométrie, abondante, aussi.
En 2024, le département d’Indre-et-Loire a enregistré 34 % de précipitations en plus comparé à une année habituelle.
Les densités 6 et 8 kg/ha ont moins produit de tournesol à cause de la concurrence avec la luzerne. Dans des conditions sèches ou « normales », cette concurrence aurait été encore plus importante.

La modalité à 2 kg de luzerne par hectare décroche en rendements de tournesol. La place laissée par la faible densité de semis, ayant permis aux adventices de s’implanter, peut expliquer ces résultats. (© Alban Brisset)
Un essai sur trois ans pour la luzerne sous tournesol
Après la récolte des graines de tournesol, les agriculteurs broient les cannes et la luzerne au cours de l’hiver 2024-2025. Ensuite, au printemps, ils étudieront les quantités et qualités de la première coupe de luzerne. La légumineuse continuera son cycle en étant entretenue par l’agriculteur de 26 ans. Les graines seront récoltées à l’automne 2025.
Même scénario en 2026. Ainsi, le GIEE aura des résultats enrichis pour cet essai technique de 3 ans. Une analyse de sol a été réalisée avant l’implantation de la double culture. Elle sera comparée à celle prélevée en fin d’étude. La luzerne devrait améliorer la qualité organo-minérale du sol. Pour observer l’impact sur la structure de la parcelle, le groupe sera convié à un profil de sol commenté fin 2026.
Le coût de l’essai luzerne sous couvert de tournesol sera calculé
Les interventions ont évidemment fait appel à du matériel. Toutes les données d’utilisation sont notées et compilées pour quantifier les temps de travail humain et la consommation en carburant.
Jusqu’à maintenant et par ordre chronologique, les outils appartenant à l’agriculteur sont : Tracteur John Deere 6190R, charrue 5 corps, canadien, tracteur John Deere 6910, semoir combiné Amazone 4 m pour la luzerne, quad anti-limaces, épandeur à engrais Kuhn Axis 36 m, pulvérisateur automoteur John Deere 36 m, moissonneuse-batteuse John Deere. Les matériels de la cuma de l’Espoir utilisés sont : Semoir Monosem NG + Extend pour le tournesol et broyeur Gyrax G540.
C’est quoi ce GIEE de Charnizay ?
Timothé Ménager est céréalier sur la commune du sud Touraine. Comme d’autres céréalier(e)s, il constate une baisse de productivité sur ses parcelles avec son système actuel. Avec du labour tous les 3 ans, il intègre donc le GIEE Coop Échanges porté par la cuma de l’Espoir.
Comme son nom l’indique, le groupe travaille sur les échanges entre les céréalier(e)s et les éleveurs(ses). Certains cherchent à améliorer la fertilité des sols tandis que d’autres veulent retrouver l’autonomie alimentaire de leurs troupeaux bovins, ovins ou caprins.

Les membres du Giee Coop Échanges. Timothé Ménager est le quatrième en partant de la gauche. (© Sylvie Lhéritier)
Les avantages pour les céréaliers et les éleveurs
Pour les céréaliers :
- Allonger les rotations en ajoutant des espèces végétales ;
- Augmenter la fertilité et la structure des sols grâce à la prospection racinaire des nouvelles cultures ;
- Lutter contre les adventices grâce à la diversité des variétés cultivées ;
- Diminuer les apports d’engrais minéraux ;
- Produire de l’énergie grâce aux effluents d’élevages tout en maintenant une fertilisation organique ;
- Améliorer la mutualisation du matériel agricole ;
- Lier les éleveurs et les céréaliers tout en partageant les pratiques, techniques, habitudes.
Pour les éleveurs :
- Bénéficier d’un aliment riche en protéines grâce aux légumineuses pour réduire les achats de concentrés ;
- Assurer une qualité et quantité de fourrages malgré un climat instable et changeant.
La cuma de l’Espoir de Charnizay et le groupe GIEE Coop Échanges en chiffres
- Nombre de structures adhérentes : 60 pour la cuma : 15 pour le GIEE
- Nombre d’agriculteurs : 27 au GIEE
- Chiffre d’affaires de la cuma : 209 000 €
- Nombre de matériels de la cuma : 35
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