Les résultats de ces tests se sont avérés insatisfaisants avec des efficacités comprises entre 20 et 55 % par rapport au témoin, deux semaines après l’intervention. « Nous avons réfléchi à une autre piste avec l’utilisation de matériels déjà disponibles sur les exploitations pour effectuer du désherbage mécanique d’hiver », explique Marion Guillot, conseillère du Geda.
Moins d’IFT sans investissement supplémentaire

Les organisateurs ont repoussé à deux reprises la démonstration de désherbage mécanique sur luzerne, initialement prévue en novembre. « Les années humides sont révélatrices de la difficulté de la mise en œuvre de ces pratiques », souligne Marion Guillot. (©CA51)
Sur une jeune luzerne, encore fragile, un désherbage mécanique modéré est préférable. Il peut être plus agressif avec le passage d’un vibroculteur ou d’une herse rotative dès lors que la luzerne est installée. Certains utilisent une herse à paille, intéressante pour son débit de chantier et sa sélectivité. Quelle que soit la méthode, elle réduit les IFT herbicides sans pour autant avoir à investir dans du matériel supplémentaire.
Marion Guillot a calculé que le coût d’un passage de désherbage chimique (2 l/ha de Nirvana) équivaut quasiment à celui d’un passage de vibroculteur, soit 35 à 40 €/ha (main-d’œuvre comprise). Elle constate que « tous les agriculteurs en système conventionnel ne sont pas encore prêts pour ce genre de pratiques. Ces méthodes alternatives permettent de s’affranchir d’un passage d’herbicide d’automne ou de sortie d’hiver. En revanche, elles ne remplacent pas un désherbage chimique à l’implantation ».
Un fervent utilisateur du vibroculteur

Un investissement dans un vibroculteur HE-VA a été fait il y a deux ans. (© Julie Guichon)
Sébastien Joly cultive 77 ha de luzerne à Saint-Quentin-sur-Coole (51). Il explique avoir commencé le désherbage mécanique de ses luzernes en 2013, avec un vibroculteur léger de 6 mètres de large.
En plus de dents vibrantes et fines (35 mm), le bâti comprend des herses suspendues et deux rouleaux cages. « Je l’utilise sur des jeunes luzernes ou en guise de second passage », précise-t-il.
« Il y a deux ans, nous avons investi dans un vibroculteur HE-VA d’occasion, plus lourd et plus large (8 mètres), avec six rangs de dents vibrantes de 40 mm et une rangée de peignes. En novembre dernier, nous avons réalisé un passage à 8 km/h dans une luzerne d’un an. À cause de la pluie, les vulpins ont relevé et repiqué, ce qui nous a valu un second passage. »
« Avec ce type d’outils, le désherbage mécanique est possible à l’automne, à condition que le sol soit réhumecté pour en réduire la dureté et permettre la pénétration des dents. Il ne faut pas réaliser cette intervention trop tôt afin d’éviter des relevées d’adventices. J’ai également testé la herse à dents (résultat décevant). Et la roto-étrille Einboeck de 12 mètres de large de ma cuma (bon complément au travail du vibroculteur et débit de chantier élevé). Ces deux outils présentent un intérêt pour désherber des jeunes luzernes ou des adventices très petites. »
Plusieurs outils pour s’adapter aux conditions de l’année
Frédéric et Didier Lambin cultivent 50 ha de luzerne bio à Coupéville (51). « Généralement, nous désherbons nos luzernes avec deux passages croisés de vibroculteur à 15 jours d’intervalle, à la vitesse de 8 km/h et à une profondeur de travail comprise entre 2 et 3 cm selon la dureté du sol. Avec l’année 2024 un peu particulière, cette stratégie a été revisitée. »
« En janvier, sur les luzernières de 2e et 3e année, nous avons donc passé le vibroculteur puis la herse rotative (5 km/h, 3 cm de profondeur) et enfin la herse étrille pour niveler le sol et éviter les repiquages de graminées. L’année d’implantation, nous ne pratiquons aucun désherbage mécanique parce que la légumineuse est semée sous couvert d’orge de printemps. »
« L’épaisseur des résidus cause trop de bourrage dans les dents de la herse étrille. Pour nettoyer ces jeunes luzernes, notamment les années pluvieuses, deux solutions sont envisageables : le broyage avant une première coupe ou le passage d’une herse plate entre chaque fauche. »

« Pour une efficacité complète, l’intervention mécanique doit être suivie de trois jours sans pluie. Et idéalement d’un vent sec », indique Sébastien Joly. (© Julie Guichon)
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