Sur l’exploitation, l’énergie coûte entre 6 000 € et 26 000 €/an en moyenne

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Sur l’exploitation, l’énergie coûte entre 6 000 € et 26 000 €/an en moyenne

Selon les années et les productions, la dépense énergétique annuelle de l’exploitation agricole représente en moyenne « 7 % à 20 % des charges variables », retient l’Ademe dans son étude sur l’efficacité énergétique des exploitations agricoles (©Jean-Marc Roussel).

L’exploitation agricole consomme des énergies, du GNR en premier lieu. C’est donc un poste de charge qui en même temps recèle des sources d’économies.

Elle est avant tout une charge économique que le gestionnaire s’attache à maîtriser. Le coût de l’énergie de l’exploitation agricole varie en moyenne entre 6 000 et 26 000 € sur une année (2020), selon les types de productions mis en œuvre. Le service statistique du ministère de l’Agriculture relève en même temps de fortes disparités, toujours en fonction de cette orientation productive, quant aux sources de l’énergie mobilisées. Ainsi, « plus de 71 % de la facture énergétique des éleveurs porcins provient de l’électricité », illustre la synthèse Graph’agri 2022. À l’inverse, les éleveurs de bovins viande dépensent surtout pour le gazole. Il représente quasiment les trois quarts de leur facture énergétique. Représentant 60 à 70 % de leur facture moyenne, le carburant est aussi la première source d’énergie utile aux producteurs de céréales et autres grandes cultures. Ainsi, et toutes filières confondues, « la consommation de gazole non routier représente 53 % de la facture énergétique des exploitations et l’électricité 30 % », résume la synthèse statistique.

Le coût de l’énergie des exploitations agricoles varie

Ce panorama fait abstraction des consommations d’énergie indirectes de la production agricole, qui n’ont rien de négligeable. Face cachée de l’iceberg ? Une étude parue dans ScienceDirect en 2022 souligne qu’en Europe, la fertilisation représente en moyenne près de 60 % de l’énergie mise en œuvre pour la culture d’un hectare de blé. C’est donc plus que la part du diesel fourni par la cuve sur la ferme (30 %). Cette même publication observe par ailleurs des disparités selon les cultures. Par exemple, la culture d’un hectare de maïs engage en moyenne 65 % de consommation d’énergie supplémentaire par rapport au blé.

Le GNR est un poste de dépendes important sur l'entreprise agricole

Sur l’exploitation, le machinisme consomme au moins 60 % de l’énergie. La maîtrise des usages du carburant est donc stratégique.

Retour aux consommations directes. En production laitière, le dispositif Inosys Réseaux d’élevage dans l’Ouest publiait en début d’année ses observations sur 79 exploitations suivies. Cet échantillon produit ses 1 000 l de lait à partir d’une consommation directe de 67 kWh d’électricité et 20 l de carburant (en 2021). Ainsi la facture d’électricité se traduit par un coût de 9 €/1 000 l. S’y ajoute celui du carburant : 15 €/1 000 l.

Les ingénieurs prolongent, avec une projection de hausses, de 49 % du prix du carburant, et de 15 % du prix de l’électricité. De cette manière, ils esquissent une première idée des chiffres 2022. Dans cet aperçu, « le coût des énergies directes de l’atelier lait augmente de 6 050 € en moyenne dans l’échantillon, soit près de 9 €/1 000 l ».

Une main sur des freins

Néanmoins, les producteurs disposent de leviers pour éroder l’ampleur de leur consommation, par exemple de GNR. Animateur de la fédération des cuma investi sur les charges de mécanisation en Mayenne, Benoît Bruchet observe : « Réduire de 10 % la consommation de GNR se fait souvent sans problème, en jouant sur les habitudes et les réglages. »

Éric Canteneur est le référent technique du banc moteur Aile dans l’Ouest. Il quantifie le gain potentiel, à partir des diagnostics qu’a réalisé l’outil sur les dernières années. « En utilisant bien son tracteur, c’est-à-dire son moteur, la boîte de vitesses… mais aussi du point de vue de l’organisation, on peut gagner sur la consommation environ 1,5 l/h. »

Dans la Sarthe, Philippe Coupard intervient également dans l’accompagnement sur les charges de mécanisation. « L’an dernier, huit agriculteurs d’une même cuma étudiaient leurs charges dans le cadre d’une formation. Ce groupe constatait une consommation globale moyenne de 145 l/ha », illustre l’animateur de l’Union des cuma. Et il compare avec l’exemple d’une exploitation représentative de son département et qui maîtrise sa consommation de GNR. « Sur 125 ha de SAU, dont 100 ha de cultures et 25 ha de prairies, avec plusieurs poulaillers, on peut très bien avoir une consommation réelle, pour toute la mécanisation de 80 l/ha », explique-t-il.

Coût de l’énergie : aller au-delà des petites économies

Benoît Bruchet complète : Aller au-delà des petites économies est donc souvent possible aussi, mais au prix de changements plus profonds dans le système. L’expert avance une hypothèse : « Pourquoi pas échanger des parcelles ? » Le chiffrage sur une exploitation en 2016 du surcoût induit par l’éloignement (5,5 km) d’un îlot d’une trentaine d’hectares appuie cette idée. Rien qu’en carburant (entre 15 et 20 % du surcoût global), c’est quasiment un millier d’euros par an, ainsi consumé.

coût énergie

Au printemps, le diagnostic des moteurs de tracteur faisait l’objet d’une présentation lors d’une journée technique en Dordogne.

De l’importance du contrôle

En Dordogne, Jérôme Allègre, conseiller agromachinisme insiste sur l’intérêt de diagnostiquer le moteur du tracteur. Qu’il soit neuf ou pas du tout. « deux tracteurs sur trois sont loin des caractéristiques d’origine annoncées par le constructeur. Et même si tout est conforme, le passage au banc est une occasion de prendre des conseils, ne serait-ce que sur la conduite et la valorisation de son nouveau matériel. » Pour des tracteurs plus anciens, l’intervention peut par ailleurs détecter un défaut. Le conseiller prend l’exemple d’un changement des têtes d’injecteurs préconisé et réalisé par l’utilisateur d’un tracteur de 100 ch datant de l’année 2000. « C’était 250 € de pièces, plus la main-d’œuvre. » Et depuis l’engin consomme 1,8 l/h en moins, « soit une économie de 900 €/an. »

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