Installation : de l’évolution dans la continuité

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Installation : de l’évolution dans la continuité

Le système en monotraite dix mois par an, basé sur l’herbe (seulement 2 ha de céréales), avait séduit Romane Vollereau. Elle a repris la ferme de Pascal Gapihan, son troupeau, comme sa confiance envers la cuma intégrale locale.

« En théorie, cette idée de la cuma est géniale. » Et la pratique conforte l’a priori positif que Romane Vollereau se faisait de l’agriculture collective. La cuma facilite son installation à la tête d’un élevage dans le Morbihan.

Cela fait quelques mois que Romane Vollereau est définitivement installée. Elle est à la tête de la ferme de la Harvaie, à Ruffiac. Malgré son parcours initial qui ne la promettait pas au monde agricole, la jeune femme s’aperçoit rapidement de son attrait pour les bêtes et le travail à l’air libre. Après plusieurs expériences en tant que salariée dans des exploitations aux productions variées, Romane mûrit consciencieusement cette envie de s’installer. Le choix de la région s’impose à elle pour des raisons humaines. Car la future agricultrice veut rester entourée de personnes de confiance au moment de se lancer dans ce projet ambitieux. À l’occasion d’un marché à la ferme dans le secteur, elle rencontre Pascal Gapihan qui, à quelques années de la retraite, était en réflexion pour céder son entreprise. Ce fut un match !

Dans le groupe sans délaisser l’autonomie

Pascal Gapihan avait hérité de ses parents la ferme qu’il a façonnée selon ses valeurs. Il l’a convertie, par exemple, à l’agriculture biologique il y a dix ans. Les 37 vaches laitières de Breizh’Symbiose donnent environ 130 000 l/an, essentiellement à partir d’herbe fraîche et de foin. Le système séduit Romane.

Un autre élément qui lui plaît, c’est le lien que l’entreprise entretient avec la cuma intégrale de la commune. Le hangar de la ferme ne stocke qu’un tracteur et un semoir d’appoint. En effet, les chauffeurs de la cuma du Vieux bourg réalisent presque intégralement les travaux dans les champs. Néanmoins, Romane Vollereau tient à être en mesure d’assurer l’ensemble des travaux, par exemple pour pallier une absence de main-d’œuvre. Il lui semble également important de maîtriser les bases de chaque étape de son système, d’être autonome. Cependant, l’agricultrice reconnaît le confort que procure le fait de pouvoir compter sur du personnel de qualité, qui connaît son travail et les parcelles de chaque adhérente, et avec qui une relation de confiance s’est établie.

Pour autant, cet élément reste secondaire pour Romane. Elle tenait avant tout à faire partie d’une cuma pour l’aspect collectif. « En théorie, cette idée est géniale », justifie-t-elle à propos du modèle cuma qu’elle a découvert lors de ses études et de ses différents emplois. En dépit de retours parfois mitigés de certains cumistes rencontrés ces dernières années, elle restait curieuse d’expérimenter le groupe qui apporte autant de lien social que de souplesse économique sur les exploitations.

Un esprit convivial et de partage dans le groupe

Et en pratique ? On peut dire qu’elle est plutôt bien tombée. La cuma du Vieux Bourg vient de se donner une nouvelle jeunesse, en laissant plusieurs nouveaux responsables prendre les rênes. Le groupe se veut ouvert, accueillant, dynamique… Les réunions sont « bon enfant. On avance et on rigole en même temps », résume l’adhérente.

Dans cet élan, la cuma de Ruffiac a renouvelé ses trois tracteurs et son combiné de semis. Chaque membre a dû réaffirmer ses engagements. Ce sont des bases solides pour les cinq prochaines années au moins, qui sont le fruit d’un travail conséquent de la part des dirigeants. En allant à la rencontre de porteurs des projets d’installation sur le territoire, ils ont su faire rentrer des surfaces dans le groupe. Cela entretient en même temps la compétitivité des tarifs pour l’ensemble du collectif.

Le formidable rebond de la cuma

Pascal Gapihan, analyse le « formidable rebond qu’a su faire la cuma ». L’ancien agriculteur, qui n’est jamais très loin de la ferme, a été à l’origine de la création de la cuma intégrale de Ruffiac qu’il a aussi présidée durant quelques années. Alors que « nous voyions son activité diminuer », souligne-t-il, l’arrivée de plusieurs jeunes, rapidement intégrés dans le collectif, a permis cette émulation. Cette dernière doit aussi beaucoup au soutien que les anciens ont apporté à cette dynamique.

La ferme a toujours fonctionné avec la cuma, elle fait partie intégrante de son système. Cela a permis de limiter les investissements mais aussi de consacrer la majeure partie du temps de travail de Pascal à son élevage, et c’est ce qui plaît encore à Romane aujourd’hui. Depuis la création de la cuma, les exploitations ont beaucoup évolué, et les besoins diffèrent de plus en plus. Cette dernière doit garder sa capacité à répondre aux attentes de chaque personne tout en restant cohérente et attractive en termes de tarifs. La problématique n’est pas toujours évidente mais lui trouver des réponses est certainement possible dans un groupe où la gouvernance et les échanges sont démocratiques et réguliers.

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