Les sols sont mis à rude épreuve

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Les sols sont mis à rude épreuve

Dans certaines régions, les sols en cet hiver 2024 sont saturés en eau.

La météo hivernale de 2024 ne facilite pas le travail des sols et les implantations des cultures d'hiver. On fait un tour de plaine en ce début d'année.

Récoltes inachevées, semis en cours et labours d’hiver… les travaux dans les champs sont compliqués cette année. L’état des sols en hiver 2024 dans certaines régions sont sous tension et ce n’est pas sans conséquences. Dans certaines zones, ils sont saturés d’eau et n’ont plus aucune capacité à retenir l’eau.

Etats des sols en hiver 2024: gorgés d’eau

Dans le nord de la France en l’occurrence, les récoltes de betteraves ne sont pas achevées. Il reste encore quelques milliers d’hectares qui ont subi des dégradations avec les grosses précipitations de l’hiver 2024. Les jours de gel seront décisifs pour les derniers arrachages.

Cependant, les agriculteurs déplorent un vrai matraquage des sols. Les pluies abondantes ont dégradé leur état pour cet hiver 2024. Ils sont peu porteurs. Pour alimenter les sucreries, il a fallu tout de même arracher les betteraves. Mais les conséquences pour les sols peuvent être désastreuses avec des tassements et altérations de structures. Le travail du sol sera primordial et délicat… quand ils auront ressuyé. De nombreuses parcelles n’ont ainsi pas pu être emblavées par la suite.

89 % des surfaces emblavées

En revanche, en maïs, la récolte s’est plutôt bien déroulée malgré les précipitations abondantes en novembre. Selon CéréObs, le service d’observation des états de cultures de céréales de FranceAgriMer, « la quasi totalité des surfaces semées au printemps ont été récoltées entre octobre et novembre 2023. »

Du coté des semis de blés d’hiver, l’état des lieux en France est mitigé. Les créneaux disponibles pour les semis, comme pour les récoltes, ont été limités en octobre et novembre. « 28 jours étaient disponibles pour les semis contre 37 en 2022, annonce CéréObs. Pour la récolte de maïs, on en a compté 26 alors qu’en 2022, il y en avait 35. »

semis blé 2024

En France, on estime qu’en moyenne, 89 % des surfaces prévues en blé sont semées.

Si bien que mi-décembre, 89 % des surfaces prévues en blé étaient semées, avec des avancements en retard dans la grande moitié ouest de la France (voir carte). Cependant, au niveau national, il faut relativiser. « On observe trois jours de retard par rapport à l’année dernière », précise le rapport.

Semis encore possibles

En Aquitaine et Occitanie, la situation semble être similaire aux automne et hiver 2019 qu’elles que soient les cultures emblavées. Pour les parcelles semées, le stade début tallage est encore très loin d’être atteint. Ainsi, dans le Grand-Est et en Bourgogne-Franche Comté, respectivement 49 et 70 % des surfaces sont en tallage. Contre zéro en Aquitaine ou 9 en Bretagne.

Cependant, pour les surfaces qui n’ont pas été semées, il est encore possible de se lancer selon l’état des sols cet hiver 2024. À condition de revoir les densités de semis à la hausse. Dans l’implantation du blé, « les conditions de semis sont souvent plus importantes que le créneau de dates des variétés, annonce la chambre d’agriculture du Nord-Pas-de-Calais dans une note. Surtout lorsque le risque principal est d’avoir une récolte tardive et un rendement moins optimisé, et non plus un gel d’épis au printemps. Les besoins en vernalisation des variétés les plus « hiver » sont à prendre en compte pour des semis de janvier ou février. »

Ainsi, les agriculteurs sont invités à revoir les variétés implantées. Seules celles avec des notes de précocité et d’alternativité élevées peuvent encore être mises en terre.

Des reports de surfaces

En orge d’hiver, CéréObs fait remarquer un retard des semis de trois jours. Avec des surfaces qui n’ont pas été emblavées, principalement sur la façade ouest de la France. Le stade tallage est atteint dans plus de la moitié des parcelles du quart nord-est. Tandis que le reste de la France reste encore très éloigné.

Cette situation n’est pas sans conséquences pour les plantes. « Le potentiel de rendement des céréales est déjà dégradé par les dégâts d’eau, concluent les équipes de FranceAgrimer. Il risque d’y avoir des reports de surfaces vers les cultures de printemps. » Difficile à cette date d’évaluer le nombre d’hectares concernés. De plus, les risques d’accidents culturaux en fin de cycle sont plus élevés.

Dérogations possibles

De ce qui est des interventions dans les parcelles, pour les futurs semis, « privilégiez les désherbages pré-levée, conseille la chambre d’agriculture du Nord-Pas-de-Calais. Si de nouvelles fortes précipitations sont annoncées rapidement après les semis, le passage en post-levée des céréales reste possible avec les produits dits d’automne jusque janvier-février selon les conditions. »

En revanche, pour les désherbages qui n’ont pas pu être effectués, il vaut mieux privilégier une intervention lorsque le blé est levé. Les produits seront moins agressifs. Si les deux passages ne sont pas possibles, il faudra prévoir des aménagements de doses pour trouver un compromis entre efficacité et sélectivité.

Enfin, dans certains secteurs comme dans le Pas-de-Calais, les zones ayant des parcelles avec des indices d’humidité supérieurs à 0,85 peuvent être exemptes de contraintes réglementaires. Avec des justificatifs pour démontrer le « cas de force majeure » de la situation, les agriculteurs peuvent obtenir une dérogation à la couverture des sols en hiver, à la rotation des cultures ainsi qu’au respect de surfaces minimales consacrées à la biodiversité.

Pour plus d’information, retrouvez aussi ces article sur www.entraid.com :