#AmericanDream, épisode 5 : le pays de la liberté… de tout faire ?

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#AmericanDream, épisode 5 : le pays de la liberté… de tout faire ?

Pas de bandes enherbées ni de haies dans cette parcelle du Dakota du Nord. Crédit photo : Martin Roquet

Martin Roquet est fils d’agriculteurs finistériens. Avant de s’installer, il réalise son rêve : découvrir l’agriculture nord-américaine en travaillant pendant plus de 8 mois sur une exploitation dans la vallée des Sioux, dans le Dakota du Nord. Au menu : maïs, soja et blé sur… 5400ha. Entraid publie son journal de bord, en exclusivité. Aujourd'hui, focus sur un concept fondamental aux yeux des Américains : la liberté, appliquée à l'environnement et aux exploitations.

La Rédaction vous propose d’en savoir plus sur ces 8 mois de découverte de l’agriculture américaine aux côtés de Martin Roquet :

#AmericanDream, épisode 1 : le rêve américain d’un futur agriculteur

#AmericanDream, épisode 2 : un autre monde

#AmericanDream, épisode 3 : la coopération capitaliste, c’est possible ?

#AmericanDream, épisode 4 : road-trip à la recherche de Lucky Luke

#AmericanDream, épisode 6 : ma ferme «à l’américaine» ?


« Dans la Vallée des Sioux, le temps est très variable selon le sens du vent partir de fin novembre la neige peu tomber d’un coup et atteindre jusqu’à 1m50 d’épaisseur selon les secteurs.

Et encore plus si l’on se rapproche du Canada. L’hiver de nombreuses espèces hibernent pour se protéger du froid (-30 est courant ici) cependant c’est un froid tellement sec qu’il est parfois impossible de faire des boules de neige ! Fin avril, toute la neige fond et la nature reverdit.

A partir de juin et en été, les températures approchent souvent les 35 degrés et donnent parfois naissance a d’impressionnantes tempête de poussière et à des tornades.

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Une tempête de poussière s’annonce.

En résumé, la nature est ici très changeante et imprévisible : j’ai déjà observé des températures négatives avec un vent glacial du nord et de la neige le mardi et puis 20 degrés Celsius et grand ciel bleu le vendredi.

Peu de règlementations environnementales

Un problème avec l’écologie : ici il n’y a pas de talus pour stopper l’eau et le vent donc quand un orage passe, ce sont des torrents qui dévalent les collines et transportent terre, roches et cannes de mais dans les fossés.

Pas de talus, pas de haies le long des cours d'eau sur une exploitation conventionnelle aux Etats-Unis.

Pas de talus, pas de haie le long des cours d’eau sur une exploitation conventionnelle aux Etats-Unis.

Pas de couverts végétal, ni même de bandes enherbées au bord des ruisseaux et autres points d’eau, pour freiner l’érosion ou l’écroulement des berges, on cultive jusqu’où on peut, et le déchaumage avant hiver n’arrange rien. Les cultures OGM sont en partie désherbées au Round up (qui au passage est plus solidement dosé ici qu’en Europe) et dans certains secteurs des résistances sont observées.

Enfin pour ce qui est de recyclage, il frôle le zéro, il y a dans toutes les fermes il existe un grand trou dans un champ pour brûler les bidons de produits phytos usagés et autres plastiques non recyclés, y jeter des vélos, portes de garage, verre… Même dans les foyers domestiques tous les déchets sont mélangés dans la même poubelle.

La biodiversité résiste

En Europe certaines lois environnementales de la PAC sont utiles et nous évitent d’en arriver là. On pourrait penser que dans cette zone de grandes cultures intensives les animaux ont disparus, pourtant je vois des canards et biches presque tous les jours et de très près, il y en a tellement qu’elles se font écraser sur le bord des routes.

Certains pick-up sont équipés d’un pare-buffle pour éviter les collisions notamment la nuit. Les ratons laveurs, oies sauvages, coyotes et petits écureuils sont également observés. La diversité animale est ici beaucoup plus importante qu’en France compte tenu du climat très changeant et de la diversité des paysages.

Les pelouses des particuliers et des entreprises sont très souvent irriguées seulement pour donner un aspect « bien entretenu » de la propriété/entreprise. De même les ateliers et garages sont chauffés en hiver. Les maisons typiquement en bois et à peine isolées et donc là encore gourmandes en énergie.

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Les maisons sont souvent peu isolées. Encore du travail du côté de l’efficacité énergétique des logements.

Sur le plan énergétique, la priorité du gouvernement n’est pas de chercher à économiser de l’énergie. Le litre de gazole se vend aux alentours de 50 centimes d’euro dans les stations essences, ce qui explique que plus d’une voiture sur deux soit un 4×4 et que certains d’entre eux n’ont aucun problème à dépasser 24 litres/100km de moyenne sur trajet à 110km/h.

A propos de routes, les grands axes sont en goudron ou en béton sinon les axes communaux sont constitués de graviers non stabilisés. Elles sont donc nivelées tous les mois pour éviter les nids de poule et autres déformations qui la dégradent en condition humide.

Conduire des machines agricoles

Quant au permis de conduire il est bien entendu accessible dès 16 ans et permet de conduire des véhicules beaucoup plus lourds. Par exemple un salarié de 16 ans travaillant pour une exploitation agricole a le droit de conduire un camion de 44t dans un rayon de 200 miles et avec les mêmes limitations de vitesse qu’une voiture.

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Une réglementation souple pour les conducteurs, y compris pour les machines agricoles.

Dans certains États il est tout à fait possible de téléphoner, de griller un feu rouge à condition que vous tourniez à la première à droite après et même de manger au volant sans se faire arrêter par le Shérif de la ville.

Il est bien entendu possible de rouler en Harley Davidson cheveux au vent et sans aucun équipement de protection avec la radio sur la moto (le symbole de la liberté, je trouve).

Pour se faire arrêter par le Shérif, les contrôles sont extrêmement rares, il faut avoir commis une faute au préalable. Quant au trafic routier il est globalement très fluide compte tenu que les « mains street » – traduisez route principale – sont en deux fois 3 voies avec possibilité de s’y garer. »