Il a semé de la chicorée, il a vu, il continue

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Il a semé de la chicorée, il a vu, il continue

Été 2016, un éleveur en zone séchante dans le Maine-et-Loire a expérimenté le pâturage de prairie à base de chicorée. Cette année, il en augmente la surface.

Pour son pâturage d’été, un éleveur du Maine-et-Loire avait implanté des prairies à base d’un mélange chicorée, plantain et trèfle. Á l’issue de la saison, satisfait, il prévoit d’en semer 10ha supplémentaires.

Valery Lebouc constate que le redémarrage après le passage des animaux est rapide.

Impressionnante. L’an dernier, Valéry Lebouc avait choisi de baser ses nouvelles prairies sur la chicorée pour sa capacité à pousser même par temps chaud, comme il l’expliquait dans Entraid de septembre 2016. Elle a tenu son rôle: après une coupe mi-juillet, la saison de pâturage des prairies chicorée, plantain, trèfle s’est prolongée simplement jusqu’au 20 octobre, le temps pour le troupeau de faire cinq rotations sur la quinzaine de paddocks. L’éleveur estime qu’avec de l’irrigation pour suppléer les pluies, le cas échéant, la productivité a dû atteindre les 12 t/ha.

Une plante attirante

«Fin août, il y a eu des températures jusqu’à 40°C, par exemple le jour d’une visite du technicien qui m’a vendu les semences», se souvient l’agriculteur qui gère un troupeau de 90 laitières. «Á 15h, nous sommes allés voir les prairies. Il y avait 40 vaches sorties en train à manger, et en repartant nous en avons croisé 40 autres qui retournaient au pâturage, après être allées au bâtiment pour boire. C’est donc que l’appétence est là.»

Adaptation

En revanche, «je n’ai pas constaté d’augmentation de la production laitière avec la chicorée», concède Valéry. Mais avec 12ha, le nombre de paddocks n’était pas suffisant pour assurer une continuité de la ration, et une distribution à l’auge a pallié l’absence d’herbe à la fin des rotations. Ainsi, les vaches ont été continuellement en transition alimentaire sur la saison. Avec la dizaine d’hectares supplémentaires qu’il envisage, l’éleveur disposera de plus de 25 paddocks. «Je pense pouvoir m’assurer un pâturage continu tout l’été, avec une distribution à l’auge de quelques kilos pour apporter un complément d’énergie», précise-t-il en constatant les prémisses d’un retournement de conjoncture qui l’incitent à intensifier son système, ce qu’il n’avait pas fait en 2016.

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L’an dernier, la surface des nouvelles prairies n’était pas suffisante, le troupeau a souvent été en phase de transition alimentaire. Ce ne sera plus le cas en 2017 et pour intensifier sa production, l’éleveur prévoit un complément à l’auge, si le prix du lait en vaut la chandelle.

Côté santé du troupeau, Valéry Lebouc n’a pas observé de phénomène particulier. «J’ai eu une météorisation ou une entérotoxémie à gérer. Ce sont les risques du pâturage intensif» et au niveau de la fertilité, le troupeau est «à jour.»

Une prairie chicorée plantain trèfle… sans graminées

Les voyants verts sont donc allumés pour une poursuite de la rénovation de son parcellaire accessible aux vaches. Pour sa prochaine campagne d’implantation, l’éleveur prévoit de porter les densités de la chicorée et du plantain, chacune de 3 à 4 kg/ha, ainsi que de ne plus incorporer de fétuque dans le mélange… En somme, cela reviendra «à respecter les préconisations» du conseiller à qui il fait appel.

Le projet d’autonomie accessible grâce à un pâturage dynamique

« Dans notre système, céréales + lait, avec un salarié et un apprenti, sur deux sites et 300 ha, nous essayons d’adopter une démarche agro-écologique et économique. » Pour l’élevage, l’objectif de Valéry et Bénédicte Lebouc est de tendre vers le 0 achat d’aliment. Avec des ensilages de méteil, d’épis de maïs et beaucoup de pâturage, «j’ai bon espoir qu’on y arrive.» Déjà, à l’hiver 2015-2016, l’incorporation de soja était réduite à 1 kg par tête et par jour.
Il se souvient avoir essayé la technique du fil avant il y a quelques années, «mais on n’y arrivait pas vraiment.» En 2015, il débute une formation avec PatureSens : «le premier jour était consacré à des sujets comme la météorisation, l’entérotoxémie. Ça montre que ce n’est pas tout rose» et l’éleveur convaincu suit d’autres journées. Puis il lance son troupeau dans le bain du pâturage tournant dynamique l’année d’après, soit quelques heures d’atelier clôtures plus tard pour Guillaume, l’apprenti.
Valéry Lebouc résume : «la prairie graminée + légumineuse au bon stade équivaut à 1,5 t/ha de matière sèche consommable. J’ai défini des paddocks de 110 ares, pour que chacun corresponde au besoin quotidien du troupeau.» Du fait de la plus forte productivité de la chicorée (disponibilité annoncée à 2 t/ha de matière sèche à l’hectare), les prairies d’été sont découpées en unités de 75 ares.