Agricultrices : quand le collectif fait la différence

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Agricultrices : quand le collectif fait la différence

Gab, Civam, cuma… la notion de réseau est largement ancrée sur la ferme de Manon Ruffy à Pluherlin dans le Morbihan (©Entraid).

Un brin de provocation, une bonne dose de convictions et énormément de logique ont conduit Manon Ruffy à mener des vaches laitières, piloter un tracteur et participer à la vie de sa cuma. Rencontre avec une agricultrice qui considère que « le groupe, c’est la base ! »

Il y a une logique à ce que ce soit l’associé le plus tributaire du matériel qui assure le lien avec la cuma. À la Ferme des folaisons, à Pluherlin (56), la cuma était dès le départ « un choix évident ». Portrait de Manon Ruffy, agricultrice et membre d’une cuma.

Manon Ruffy : femme éleveuse et passionnée de mécanique agricole

Manon Ruffy, en qualité d’éleveuse des vaches, tenait à jouer ce rôle : « Je suis la plus utilisatrice du matériel avec Étienne, l’éleveur des brebis. Il est plutôt à la cuma de la Croix de l’anguille. Moi, je vais à la cuma l’Arz 2 000 », à laquelle l’exploitation délègue une bonne part de ses chantiers.

Outre l’envie de casser l’image assez masculine de l’univers de la mécanique, outre la logique par rapport à ses responsabilités sur la ferme, elle y voyait « aussi un moyen de me plonger dans le matériel. Par ailleurs, il me plaisait d’aller à la rencontre d’une certaine diversité par rapport à notre type de fermes, il n’y a pas que des fermes bio. »

Agricultrice et cuma : l’entraide tous azimuts

Alors que son installation constituait en même temps un acte militant, une contribution à ce que l’agriculture ne soit plus une sphère masculine, Manon Ruffy reconnaît : devant des prises de force contrariantes, « j’ai galéré, j’ai râlé… Particulièrement la première année ! Il y a la force physique, mais c’est encore plus une question de savoir-faire. »

Le tracteur assoie l'image et la confiance.

Quand le tracteur de la ferme des Folaisons fonctionne, c’est souvent avec Manon Ruffy aux commandes. L’associée en charge des vaches laitières apprécie : « Savoir conduire le tracteur, ça donne confiance en soi. »

Aujourd’hui, « notre corps s’est adapté, nous nous sommes tous musclés. » Reste que les cinq agriculteurs transformateurs sont soucieux d’instaurer des conditions de travail les plus vivables possibles. « Nous faisons en sorte de ne pas avoir à trop porter. »

Sur l’ensemble de la ferme, diables, skates et brouettes sont donc largement sollicités. « Nous avons fait intervenir un ergonome de la MSA et il y a des aides pour investir. Il ne faut pas s’en priver ! » glisse encore l’éleveuse. Surtout, elle connaît une parade miracle : « Ne jamais hésiter à se faire aider. »

L'agricultrice dirige l'atelier de production du lait

Manon Ruffy est la référente du cheptel bovin de la ferme (40 laitières et la suite).

L’agricultrice à la fibre

Dans sa salle de traite, le remplacement des griffes, « pour des plus légères » est à l’ordre du jour. Dans ses prairies, les piquets de clôture sont déjà en fibre de verre. « Et ce n’est pas fini ! Parmi les trois associés qui nous rejoignent en janvier 2026, une personne souffrait d’une hernie discale l’an dernier. Nous adaptons tout le fournil pour qu’elle puisse venir y travailler. » Son commentaire introduit que l’accessibilité du métier n’est pas qu’un questionnement à propos du genre.

Idem quant au sentiment de légitimité : « C’est peut-être un peu plus fort pour les femmes, mais nous avons eu tous les cinq ce syndrome de l’imposteur. D’autant plus que nous reprenions une ferme qui fonctionnait bien. »

Manon Ruffy, agricultrice et adhérente d’une cuma, ne dira donc pas que le fait d’être une femme a posé trop de difficultés dans cette nouvelle vie professionnelle. Elle assène simplement une certitude : « Seule, je ne me serais pas installée. C’est le fait d’être en groupe qui a facilité tout. Le groupe, c’est la base ! Quand on a un pépin, c’est une aide importante. Or la première année, on a un peu que ça, des pépins. »

Ses conseils pour réussir son installation en agriculture

  • La cuma pour s’intégrer localement et acquérir le langage de son métier
  • S’entourer d’un ou deux voisins référents que l’on peut appeler pour sécuriser ses premières décisions techniques.
  • S’installer avec des vaches, c’est mignon, « et contrairement aux petits ruminants, il ne nous vient pas à l’idée de les porter, donc on met naturellement en place des choses pour ne pas le faire. »

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