Le pari osé d’un fourrage de qualité

Partager sur

Le pari osé d’un fourrage de qualité

Malgré son coût, la cuma La Fontaine (Deux-Sèvres) a réussi à s'équiper d'un andaineur à tapis.

À l’origine du projet d’achat du nouvel andaineur à tapis de la cuma la Fontaine, figurent quatre adhérents déterminés à améliorer la qualité du fourrage récolté. Retour d’expérience de Mickaël Madier, conseiller en machinisme à la Fédération des cuma des Deux-Sèvres.

Produisant de plus en plus de luzerne et de méteil, les éleveurs concernés trouvent que les andaineurs classiques laissent perdre trop de feuilles et de brins courts. «au départ, 2021 devait servir à essayer différents andaineurs à tapis : mais le plan de relance France AgriMer protéines est arrivé», font remarquer Yoann Guionnet, président de la cuma et Thierry Dupas, responsable de l’activité.

Andaineur à tapis en cuma: un investissement bien pensé

Sans engagement préalable, le CA dépose un dossier de subvention, au cas où… Le dossier est accepté avec 50% de subvention du prix d’achat, soit 43.000€ des 86.000€ de l’andaineur ROC RT 870. Il décide d’investir rapidement dans un matériel disponible en sachant que le risque financier est minime.

En effet, ce type d’andaineur est évalué à plus de 50% de sa valeur d’achat après cinq ans environ d’utilisation. L’accès au matériel est proposé à l’ensemble des adhérents des activités fenaison de la cuma (fauche, fanage, andainage, pressage, ensilage).

Après une première campagne, l’andaineur a réalisé 1.300ha (dont 400ha d’ensilage), permettant d’homogénéiser le fourrage, d’optimiser mieux la puissance et les performances de l’ensileuse en regroupant de 9 à 18m de fourrages selon les espèces et le rendement. L’ensileuse passe ainsi en moyenne de 3,54ha/h à 4,36ha/h. De plus, l’outil fait gagner du temps entre la fauche et l’ensilage et limite ainsi le risque de perte de qualité en cas de pluies futures.

À l’ensilage, sur 31 chantiers analysés, l’écart moyen du coût de revient à l’hectare est de 6,40€ (78,90€/ha sans andainage et 72,50€/ha avec andainage) pour un rendement moyen de 4,7TMS/ha (de 1,9 à 8,7TMS/ha).

Moins de pertes de feuilles

Si on se concentre sur les rendements inférieurs à 5TMS/ha, l’écart atteint 9€/ha (71,50€/ha – 80,5 €/ha) en faveur de l’andainage. Côté légumineuses et méteil, on constate moins de pertes de feuilles ou de brins courts au champ et surtout plus de pierres dans l’andain.

Philippe Martinot, adhérent à l’activité, souligne en tendant deux analyses de fourrages: «Une amélioration de la qualité du fourrage de +0.10UF/kg MS en moyenne.» Côté performances de l’andaineur, « environ 4 ha/h en moyenne, attelage et déplacement compris, pour une vitesse moyenne de 10-12 km/h» ajoute Damien Cluzeau, salarié de la cuma.

«Avec des conditions optimales et un parcellaire avantageux, la vitesse peut évoluer jusqu’à 15-16km/h», précise Yoann, soit plus de 11 ha/h en instantané. Le coût de revient estimé est d’environ 7 à 8€/ha (andaineur seul). Et une prestation est proposée avec tracteur et chauffeur à 20 €/ha (environ 12 % de l’activité). L’arrivée de l’andaineur à tapis a permis à l’activité de passer de 680ha à 1.600ha, tout en refusant de nouvelles demandes extérieures…

Entre 75.000€ et 110.000€ pour les andaineurs à tapis

Quel est le parc de matériels dans les cuma des Deux-Sèvres?

Il s’agit pour une majorité, d’andaineurs double rotor latéral. Il y a assez peu d’écart de prix avec les andaineurs à andain central dans le cas des modèles semi-portés avec châssis de transport. Chaque type a ses avantages et ses limites. Il y a peu d’andaineurs à soleil.

Pour les fourrages avec des brins courts, cet appareil est approprié. Par contre, les fourrages avec brins longs ont tendance à s’enrouler sur les soleils ou à générer un andain enroulé sur lui-même provoquant parfois des problèmes au moment du ramassage par le pick-up…

Enfin, il y a encore très peu d’andaineurs à tapis dans les cuma, compte tenu de leurs prix d’achat considérablement plus élevés qu’un andaineur standard. Ce type d’appareil intéresse d’abord les éleveurs qui veulent un fourrage de grande qualité.

Comment parvenir à des tarifs qui restent ‘acceptables’ avec un andaineur à tapis en cuma?

Le coût moyen des andaineurs à tapis oscille entre 75.000 et 110.000€. Les projets d’achat vont concerner essentiellement des cuma qui dans le même temps vont solliciter une subvention dans le cadre des PCAE ou du Plan de relance. De plus, la valeur de reprise sur le marché de l’occasion de ce type de matériel est élevée selon les marques. Cela réduit la charge comptable ‘amortissable’ (valeur d’achat moins valeur de revente).

En outre, le débit de chantier d’un andaineur à tapis est élevé grâce à une vitesse qui peut aller jusqu’à 15km/h, nettement plus qu’un andaineur à rotor. D’où la possibilité avec ce type d’andaineur d’envisager plus de surface qu’un andaineur classique.

D’autre part, il est possible avec un andaineur à tapis d’ensiler de l’herbe en préfané ou un méteil, sans risquer l’absorption de pierres dans l’ensileuse. Et grâce au regroupement des andains, on va réduire le temps du chantier d’ensilage et donc le coût de l’ensileuse, tout en optimisant sa puissance.

Les éleveurs peuvent donc espérer augmenter dans la ration, la proportion de fourrages de bonne qualité nutritionnelle avec plus de valeur énergétique (UF) et protéique (PDI). Et donc attendre un bénéfice dans les performances animales du cheptel, susceptibles de compenser le surcoût de l’andaineur.

Les andaineurs sont-ils des matériels qui vieillissent bien?

Les andaineurs conventionnels à peignes occasionnent essentiellement des frais d’entretien classiques, tels que les changements de dents. On observe en revanche assez peu de casse. Seulement quelques soucis au niveau des transmissions sur les renvois d’angles qui sont plus fragiles pour certaines marques. Cela peut aussi être des casses consécutives au transport sur routes des appareils semi-portés qui peut entraîner à la longue une fragilité sur la poutre avec le risque qu’elle vrille ou casse.

Des crevaisons des roues peuvent survenir ponctuellement. Il s’agit de pannes sans gravité bien sûr mais qui peuvent freiner le déroulement chantiers. C’est pourquoi, je conseille lors de l’acquisition du matériel, de se procurer une roue de secours prête à servir au cas où. Pour les andaineurs à tapis, on a encore peu de recul. Mais on peut craindre logiquement des frais d’entretien plus élevés liés à l’usure des dents du pick-up, à l’entraînement hydraulique du tapis et au tapis lui-même…

Comment se passe la facturation d’un andaineur à tapis en cuma ?

Quelques cuma facturent le nombre d’hectares sur lesquels se sont engagés les adhérents. Mais la plupart facturent le nombre d’hectares réel. Au moment de l’achat du matériel, chaque adhérent signe un engagement pluriannuel.

On va moins regarder le nombre d’hectares effectués chaque année, que le cumul des surfaces, réalisé sur la durée d’engagement. En effet, le nombre d’hectares andainés peut considérablement varier d’une année sur l’autre. Pour le comptage des unités, la plupart des groupes ont installé des hubodomètres sur les roues et reconvertissent ensuite les unités en hectares. D’autres disposent de compteurs électroniques sur prise de force.


Rayons X

Cet article et ses données sont issus d’un travail d’enquête et d’étude économique publié dans l’univers Rayons X. Six andaineurs sont passés au scanner économique de la rédaction d’Entraid. Les voici :

Fellas Juras 801: prix d’achat et coût de détention
Krone Swadro TC 760: prix d’achat et coût de détention
Claas Liner 2700: prix d’achat et coût de détention
Kuhn GA 7501+: prix d’achat et coût de détention
Pöttinger TOP 762 C: prix d’achat et coût de détention
Vicon Andex 764: prix d’achat et coût de détention