Avec la crise, ça bouge !

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Avec la crise, ça bouge !

Jean-Jacques Sandrin, président de la cuma de Blacé, et Rémi Sandrin.

Le Beaujolais se restructure, les viticulteurs envisagent différemment leurs investissements dans des matériels de plus en plus coûteux. La solution passe par le rapprochement des cuma.

En fait, c’est un refus de subvention qui fut le déclic. « Le dossier n’avait pas assez de points ! » Alors ils ont suivi un DiNA (Dispositif National d’Accompagnement), un temps de préparation, une réunion de bureau et une troisième tous ensemble pour évoquer ce qu’ils voulaient faire, et aussi ce qu’ils ne voulaient pas ! C’est apparu plus limpide. « Ça nous a fait avancer et réfléchir de manière plus formelle. » Mais surtout, le DiNA s’est réalisé à deux cuma afin de réunir davantage de forces vives.

Le matériel de désherbage sous le rang n’est finalement devenu qu’un prétexte pour se retrouver, analyser l’existant et tirer des perspectives pour les jeunes.
« Pour quelques-uns, notre carrière est bientôt terminée ; maintenant on travaille pour les jeunes » remarque Jean-Jacques Sandrin, président de la cuma de Blacé, tandis que Franck Large, un peu plus jeune, et président de la cuma de Buyon, identifie la complémentarité des deux cuma : « Il faut une masse critique, un nombre d’adhérents suffisant pour pouvoir mener à bien des projets conséquents. »

Se rapprocher pour investir ensemble

Le vignoble se restructure, les vignes se replantent à 2 m et l’on voit arriver la fin du glyphosate. Deux lignes de force qui traversent la conduite des domaines. « Faut-il continuer à dépenser individuellement 10.000 euros si l’on peut se limiter à 1.000 avec la cuma ? » Les nouvelles plantations et la taille en cordon permettront la machine à vendanger et le tracteur viticole, tandis que la pression environnementale exige chaque fois de nouveaux matériels.

Aujourd’hui, la gestion de l’enherbement par la tondeuse hydraulique est adoptée ; le désherbage sous le rang arrive et le pulvérisateur confiné (récupération de 40% de produit) est en perspective collectivement. La transition pourrait coûter cher individuellement car elle implique un double parc matériel à un moment donné.

Une vision à long terme

Aujourd’hui, avec dix lieux de remisage, un hangar pourrait être envisagé. « Dès que l’on verra vraiment le bout du tunnel. » Peut-être ce rapprochement des deux cuma provoquera-t-il leur fusion. Qu’importe ! Pourvu que le travail s’effectue dans de bonnes conditions avec une bonne efficacité et à bon prix. Probablement les domaines s’agrandiront. « Aujourd’hui certaines vignes partent à la friche ! »

Avec 5-6 ha, le travail est saturé et les viticulteurs n’ont plus de marge de manœuvre pour engager des projets sur les domaines. La cuma créera-t-elle un emploi ? « La question fut évoquée, personne n’en a souri. » Un chauffeur spécialisé dans les tâches de conduite dégagera du temps au viticulteur qui se consacrera à la vinification ou la commercialisation. Finalement, la crise a aussi pour effet de remettre en cause des habitudes prises pendant les années fastes. Mais finalement, il n’y a pas que les vignes qui subissent des mutations, le goût de travailler ensemble revient.


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