Biocontrôle: s’appuyer sur le microbiome des plantes

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Biocontrôle: s’appuyer sur le microbiome des plantes

Le microbiome est un ensemble de petits êtres vivants, faunes et flores confondus, qui vivent en communauté dans une même niche écologique.(©AdobeStock)

Utiliser les micro-organismes naturellement présents dans l’environnement des plantes pour combattre les agresseurs, voilà le principe des biocontrôles. Si le choix de ces solutions est légion, il faut apprendre à les sélectionner.

Micro-organismes naturels en interactions, le microbiome peut s’avérer être un allier pour les plantes. « C’est un ensemble de petits êtres vivants, faunes et flores confondus, qui vivent en communauté dans une niche écologique, tente de définir Claude Maumeme, ingénieur chez Arvalis. En interactions, on sait désormais qu’ils ont des fonctions nutritives et sanitaires avec les plantes notamment. »

Micro-organismes personnels

On ne les voit pas à l’œil nu, pourtant ils sont là. À l’image de l’épiderme de la peau chez l’humain qui regorge d’une quantité importante de micro-organismes. « Ce sont de véritables alliés des plantes, ajoute Christophe Mougel, chercheur à l’Inrae. Le microbiome, propre à chaque plante, a une action ciblée pour la plante. Celle-ci est capable de recruter les micro-organismes qui lui conviennent le mieux. »

Ainsi, on peut imaginer que le sol dans lequel se développe une plante sera riche en micro-organismes qui lui correspondent. Quid de la monoculture qui pourrait favoriser un environnement favorable à un certain type de plante? « Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est qu’avec le microbiome de la plante, se développe aussi d’autres pathogènes, fait remarquer Claude Maumeme. L’allongement de la rotation permet à la biodiversité de se diversifier et donc de proposer davantage de fonctionnalités. »

Hibernation

D’autant que s’il n’est pas toujours utile à la plante qui pousse, le microbiome semble rester dynamique dans le sol. Une fois sa plante ‘hôte’ cultivée de nouveau, il pourra se réactiver. « Les facteurs de développement du microbiome restent très divers », précise l’ingénieur d’Arvalis.

Toutefois, le pouvoir du microbiote ne s’arrête pas là. « De nombreuses études montrent que le microbiome recruté par la plante peut modifier le phénotype de cette dernière, lance Christophe Mougel. La réponse peut être large avec la création de nématodes dans les racines, la résistance à certaines maladies, aux ravageurs, etc. »

Un axe qui complexifie la recherche variétale, puisqu’il faut sélectionner les plantes dans leur ensemble avec leur microbiome. « On arrive à une recherche polygénique, c’est complexe », avoue Christophe Mougel.

Biocontrôles complexes

Cependant, ces études révèlent également un grand potentiel pour les biocontrôles. Des agents naturels de protection des plantes. Ce peut être des macro ou micro-organismes comme des champignons, mais aussi des substances naturelles ou des médiateurs chimiques tels que des phéromones.

« Les biocontrôles restent des substances vivantes avec une efficacité complexe, avoue le chercheur. Les conditions d’application dans les parcelles, comme la météo par exemple, font varier l’efficience du produit, ajoute Christophe Mougel. L’objectif premier de ces biocontrôles est de favoriser le développement du microbiome associé à la plante. » D’où l’importance de bien connaître le produit, son mode d’action et d’application.

Une AMM pour assurer l’efficacité

Pour cela, certains produits disposent d’une AMM (autorisation de mise sur le marché) qui permet de certifier certains produits. Avant d’autoriser un biocontrôle, les organismes s’assurent de la qualité des lots, de son process de fabrication, des risques sur les organismes non-cibles notamment et les bénéfices de ce produit. « Une AMM garantit l’efficacité du produit et impose un cadre à l’utilisation de ce produit », estime Flora Limache, responsable biocontrôle à IBMA, association de promotion des produits de biocontrôles.

Cependant, question efficacité des produits, cela reste difficile à estimer. « L’efficacité reste très irrégulière, insiste Claude Maumeme. Pour mieux les cibler et les utiliser, il faudrait mieux comprendre leurs modes d’action et pour cela, nous avons besoin d’outils moléculaires. » D’autant que l’usage des biocontrôles est à l’appréciation des agriculteurs. Certains vont les mélanger, d’autres vont même en fabriquer eux-mêmes sans forcément prendre en compte les effets non intentionnels. Tous l’accordent, il manque encore beaucoup de retours sur l’utilisation des biocontrôles, surtout en grandes cultures.

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