Focus avec un spécialiste chevronné, Damien Vincent, responsable de bureau d’études chez Netafim France. Il revient sur la prolongation et l’entretien du réseau d’irrigation goutte-à-goutte.
Pourquoi effectuer un entretien ?

Damien Vincent, responsable de bureau d’études chez Netafim France. (© Netafim)
L’entretien de son installation est lié à la qualité de l’eau. Il faut y penser par exemple lorsque l’eau est très calcaire, comme dans le Sud-Est ou le Nord-Est. Pour le mener à bien, il faut effectuer un passage acide pour casser les chaînes minérales, au moins une fois tous les cinq ans. Voire une fois par an en fonction des concentrations en calcaire observées.
On préconise la plupart du temps l’utilisation d’acide nitrique. Mais l’acide chlorhydrique ou une solution fertilisante acide peut se révéler nécessaire. Il faut tester, et c’est au choix du producteur. En général, c’est lui qui fait l’opération d’entretien. Notre réseau de distribution peut éventuellement assister ou passer par un prestataire. Cette préconisation n’est malheureusement pas forcément suivie, sauf gros problème de calcaire.
D’autres éléments peuvent poser un problème ?
Oui, le fer est aussi à surveiller. Par exemple dans les Landes, où on a cette problématique d’eau ferrugineuse dans les forages. On remarque aussi ce souci dans le centre du pays et dans des zones entre Rhône et Pyrénées.
Mais ça dépend beaucoup de la source. Quand le fer est dissout, ce n’est pas ennuyeux. Mais au contact de l’oxygène, il précipite sous forme de particule de rouille. Cela forme alors des dépôts qui colmatent le réseau goutte-à-goutte. Canalisation, filtre, goutteur, c’est problématique partout. Et traiter coûte cher !
La méthode la plus courante est l’oxydation du fer dissous par cascades, aérateurs, injection d’oxygène ou ozone. Puis, on procède à une filtration très lente sur lit de sable. Il faut alors se tourner vers des entreprises spécialisées.
Y a-t-il une maintenance incontournable pour le réseau d’irrigation goutte-à-goutte ?
Dans tous les cas, quelle que soit la provenance de l’eau, nous recommandons une purge du réseau au moins une fois par an, en ouvrant les fins de lignes pour chasser les particules qui auraient sédimenté dans les tuyaux. Notamment celles qui passent au travers de la filtration à 130 micromètres.
Après leur passage et leur sédimentation, elles peuvent former des agrégats. C’est de l’action préventive, mais aussi curative.
Quel est le contexte favorisant tous ces problèmes ?
C’est surtout l’eau de forage qui est concernée pour le calcaire. Pour les risques de sédimentation de petites particules, ce sont toutes les eaux contenant des limons et argiles qui sont concernées. Donc pas mal d’eaux de surface, de rivières, voire d’étangs en fonction de la position de la crépine. Mais on observe aussi des forages remonter de l’argile.
La purge est donc un élément de maintenance important, souvent négligé, mais très intéressant pour prolonger son système. Cela sans compter l’entretien de la filtration et le contrôle des pressions de fonctionnement. Pour assurer un bon fonctionnement en saison, il faut donc assurer à la fois la maintenance et l’entretien.
Observez-vous un nouveau phénomène ?
Oui, en ce qui concerne les eaux de surface, on observe de plus en plus de problèmes liés aux biofilms. C’est-à-dire l’agrégation d’organismes unicellulaires, des bactéries, qui retiennent toutes les autres particules. On remarque ça avec le réchauffement des eaux de surface, d’étangs surtout. Mais on a quand même pu observer de la biologie dans le réseau du bas-Rhône.
Nous préconisons alors un nettoyage du réseau goutte-à-goutte avec une chloration ou à l’aide de peroxyde d’hydrogène, qui attaque cette partie biologique. Cette manipulation intervient souvent en mode pompier, en urgence. Cela peut poser un problème au bout de quelques années. La filtration à sable est la plus efficace dans ce cas de figure.
Un ultime conseil pour le réseau d’irrigation goutte-à-goutte ?
Le suivi des débits est un élément important pour vérifier le bon fonctionnement du réseau. Cela permet de savoir si l’irrigation est stable, si elle diminue ou augmente. Et ça donne un indice sur d’éventuels problèmes de colmatage. Pour s’assurer de débits corrects, il faut faire un échantillon et prélever des goutteurs, tous les deux ou trois ans, et regarder leur état.
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