Trois conseils pour intégrer les jeunes agriculteurs dans la cuma

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Trois conseils pour intégrer les jeunes agriculteurs dans la cuma

Des échanges très animés ont suivi les deux exposés de Bastien Boissonnier, Marie-Flore Doutreleau et Pascal Ichanjou.

Faire venir des jeunes dans les cuma repose sur trois piliers. Qu’ils aient entendu parler cuma à l’école. Que la mécanisation soit abordée au cours du parcours d’installation. Et que les cuma de leur secteur soient sexy.

Comment accompagner l’intégration des jeunes agriculteurs dans la cuma? C’était le thème d’un atelier du forum des fédérations de cuma, le 30 mai. En fait, on a aussi parlé de commencer par les attirer dans la cuma. Des témoignages des uns et des autres, on peut conclure que la solution tient en une convergence d’éléments, qui s’étendent avant et après l’installation.

Conseil 1: se faire connaître

Première étape: apprendre la cuma aux élèves des écoles. «Jusqu’à la fin du BTS, je n’ai jamais entendu parler de cuma.» Faut-il faire changer les programmes? «Il y a d’autres moyens de communiquer, en faisant venir les cuma dans les écoles, en utilisant les médias des jeunes, les réseaux sociaux.» (…) «Le lycée voisin est adhérent de notre cuma et les élèves en entendent naturellement parler.»

Marie-Flore Doutreleau et Pascal Ichanjou (Frcuma Occitanie)

Marie-Flore Doutreleau et Pascal Ichanjou (Frcuma Occitanie) organisent des formations spéciales JA sur 1 jour, « Evaluer la stratégie de mécanisation de son exploitation ». Elles sont officiellement intégrées dans le parcours d’installation par la Région.

Conseil 2: faire connaître sa propre cuma

Seconde étape: le jeune est dans la phase d’installation. «En tant que responsable de cuma, on a le devoir d’aller vers eux, de leur montrer ce qu’on fait.» (…) «Les responsables de cuma ne doivent pas attendre que leur fédération engage des actions de communication, c’est aussi à eux de se mouiller sur le terrain.» Durant le parcours formel d’installation, les cuma sont parfois ignorées.

«Les organisations agricoles en place verrouillent tout, à nous de nous faire élire dedans pour que ça change.» D’autres départements ont plus de chance et interviennent durant le stage 21 heures. «Il ne faut pas arriver ‘bille en tête’ en voulant vendre de la cuma. Nous parlons stratégies de mécanisation, charges, endettement, organisation du travail. Ensuite, aux jeunes de décider quelle solution ils préfèrent, cuma ou autre.»

Le tabou de la mécanisation

A ce stade, on confirme que la mécanisation est pour certains un tabou. «On leur propose un diagnostic de mécanisation gratuit mais personne n’en a demandé.» Quand ce diagnostic est intégré à la formation, les choses changent. «Ils sont souvent surpris par le poids de la mécanisation dans leurs charges. Même s’ils sont partis au départ sur une mécanisation individuelle, on sème une réflexion qui va mûrir ensuite.» (…) «Le problème est surtout pour ceux qui s’installent dès la sortie de l’école, avec des schémas prédéfinis et s’endettent pour longtemps avant d’avoir réfléchi à la question des charges.» Dans quelques régions, les JA ont un bonus d’aide s’ils adhérent à une cuma. «On en a vu demander juste une part sociale dans la barre de guidage. D’un côté, c’est du détournement; de l’autre, on peut espérer qu’ils vont y prendre goût et aller plus loin ensuite.»

Bastien Boissonnier (Frcuma AuRA)

Bastien Boissonnier (Frcuma AuRA) participe au dispositif de formation destiné aux nouveaux adhérents «S’engager et devenir acteur de sa cuma».

Conseil 3: des cuma exemplaires

Dernière étape: le jeune est convaincu de l’intérêt de la cuma mais qu’a-t-il autour de lui? «Il y a des Cuma qui font envie… et d’autres pas.» Le préalable pour attirer des jeunes, c’est que la cuma fonctionne bien, avec des adhérents et des responsables bien au fait du fonctionnement, carrés dans leur tête. Que la cuma ait finalement une bonne image. Et quand des jeunes sont présents dans les cuma, comment mieux les écouter? «Nous avons créé un groupe de jeunes adhérents transversal à tout le département. Ils étaient 19 à la première réunion et leur première décision a été de trouver des moyens de mieux sensibiliser les futurs agriculteurs dans les écoles.» La boucle est bouclée!