Des trackers solaires pour faire baisser la facture d’électricité

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Des trackers solaires pour faire baisser la facture d’électricité

Les trackers solaires disposent de deux axes permettant une orientation automatique en fonction des rayonnements du soleil. Le système permet, suivant les constructeurs, d’augmenter de 50 % la production par rapport à une même surface installée en toiture.

Installés il y a bientôt cinq ans, les trackers solaires du gaec de l’Orme, dans l’Ain, produisent de l’électricité pour l’autoconsommation. Une étude préalable permet de bien dimensionner l’installation et d’en maximiser l’efficacité.

Avec quatre associés, le gaec de l’Orme exploite 250 ha de cultures destinées principalement à l’autonomie pour la fabrication d’aliments pour l’élevage porcin naisseur engraisseur, composé de 450 mères. Une recherche d’autonomie active avec aussi une chaudière à bois déchiqueté pour faire baisser les coûts de chauffage de l’élevage. « Notre recherche s’orientait sur la production d’électricité en autoconsommation pour faire baisser la facture », indique Mathieu Troiano, un des associés.

Le choix des trackers solaires

De grandes surfaces de toitures bien orientées sont disponibles sur l’exploitation. Pourtant, cette solution comportait quelques obstacles. « Le premier concerne la fabrication d’aliments pour l’élevage, qui dégage beaucoup de poussières, poursuit l’éleveur. Le risque était qu’elles retombent sur les panneaux et diminuent fortement la production électrique. » Le second est l’ammoniac dégagé par l’élevage porcin. « Nous n’avions pas de retours précis sur la durée de vie des fixations des panneaux et des panneaux eux-mêmes face à la corrosion éventuelle de l’ammoniac. Nous avons donc abandonné l’idée », avoue-t-il.

Bien dimensionner l’installation

Les associés se tournent alors vers la solution du tracker solaire. « Le tracker n’est pas éligible pour un contrat de revente obligatoire, note Mathieu Troiano. En cas de production non consommée, le surplus est injecté gratuitement dans le réseau. » Le but du jeu était donc de bien calculer la consommation, « de manière à dimensionner la surface de panneaux photovoltaïques au plus juste », souligne-t-il. Pour cela un mouchard est installé sur le compteur électrique de l’exploitation durant huit mois. Il permet d’étudier la consommation de jour comme de nuit, les besoins maxi ou encore les différences entre les saisons. Avec les résultats, les associés choisissent d’investir dans quatre trackers de 112 m2 chacun. Le coût pour chaque tracker s’élève à 55 000 € HT, installation et raccordement compris. L’amortissement est réalisé sur 10 ans avec des panneaux garantis 20 ans et 10 ans pour la structure porteuse.

Pas de terrain perdu avec la faible emprise au sol des trackers photovoltaïques.

Pour une surface de panneaux de plus de 100 m2, l’emprise au sol ne représente que 10 m2.

Changer sa façon de travailler

L’autoconsommation atteint 90 % et seulement 10 % de la production est injectée gratuitement dans le réseau. La solution des batteries pour stocker le surplus était envisagée. « Mais le coût était trop important et la durée de vie incertaine », précise l’agriculteur. Pour maximiser l’autoconsommation, l’organisation du travail a été modifiée. Certaines installations comme la fabrique d’aliment qui tournait la nuit en heure creuse démarrent maintenant dès que le soleil se lève. Suivant les saisons, la machine à soupe et la distribution sont alimentées par les trackeurs tout comme la ventilation des bâtiments. Le gain estimé est de 35 % sur la facture annuelle d’électricité.

le gaec de l'Orme s'équipe de 4 trackers photovoltaïque.

Mathieu Troiano: « L’autoconsommation d’électricité photovoltaïque demande à modifier l’organisation du travail pour en maximiser l’utilisation. »

Une implantation des trackers solaires bien pensée

Les trackers sont installés dans une parcelle derrière les bâtiments. Chacun à une emprise au sol de seulement 10 m2, qui représente la fondation en béton. L’espacement entre les quatre structures a été calculé en fonction de la largeur des matériels. « Ainsi par exemple, le pulvérisateur passe entre deux trackers sans avoir à manœuvrer ou à replier une partie de la rampe. » Il faut juste faire attention avec la moissonneuse-batteuse qui est plus haute que les autres matériels, et actionner manuellement le panneau pour le positionner à l’horizontale de manière à éviter les accidents.

La solution de la batterie virtuelle

Des fournisseurs d’énergie proposent de stocker de l’électricité dans des batteries virtuelles. Ce système permet d’emmagasiner virtuellement des kWh produits par les trackers qui n’ont pas été autoconsommés. En fait, le surplus de production est toujours injecté dans le réseau mais comptabilisé. En cas de besoin, il est donc possible de venir piocher dans ces réserves, de jour comme de nuit, pour augmenter l’autonomie. Consommer cette « réserve » d’électricité provenant de la batterie virtuelle ne se fait pas gratuitement. Il y a d’abord le coût demandé par le fournisseur pour utiliser la batterie virtuelle qui se présente le plus souvent sous forme d’abonnement. Il y a aussi, bien sûr, les taxes liées à l’acheminement de l’électricité sur le réseau. Cette formule permet de racheter sa production à un tarif généralement inférieur de 50 % au prix du marché.

Dans la plupart des cas, les kWh stockés sont disponibles sur du très long terme. Cela permet de piocher dans la batterie de l’électricité produite l’été, période de forte production, et de l’utiliser l’hiver. Pourtant dans certains contrats, les batteries sont vidées périodiquement au mois, au trimestre ou au semestre. À bien vérifier dans le contrat.

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