Les techniques économes mises en avant dans le Tarn-et-Garonne

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Les techniques économes mises en avant dans le Tarn-et-Garonne

Les animateurs de la fédération des cuma entendent ainsi changer de posture pour accompagner les agriculteurs au quotidien dans la transition agroécologique.

D’importantes économies peuvent être réalisées lors de la préparation des semis, une étape généralement gourmande en travail et en carburant. Mais aussi grâce à la régénération des prairies. La fédération des cuma du Tarn-et-Garonne a expérimenté ces techniques économes et estimé les gains possibles.

La préparation des sols pour les semis est encore très mécanisée dans le Tarn-et-Garonne. Outre des charges de mécanisation élevées, cela a également des conséquences sur l’érosion. Et cause aussi une perte de fertilité et de portance des sols (baisse de la matière organique). On note également des conséquences sur la libération de pollutions diffuses dans le milieu. La fédération des cuma a entrepris, avec la chambre d’agriculture, deux expérimentations sur les principes de l’agriculture de conservation des sols. L’objectif est de produire et de transmettre des données objectives aux agriculteurs.

Agriculture de conservation : produire des références locales

Dans les grandes lignes, l’agriculture de conservation des sols s’appuie sur la suppression du travail du sol. Mais aussi sur la couverture permanente du sol et la diversification de la rotation culturale. Au-delà de l’organisation de démonstrations de matériels, les animateurs de la fédération des cuma entendent ainsi changer de posture. Le but : accompagner les agriculteurs au quotidien dans la transition agroécologique. Ils souhaitent également produire des références locales, issues du terrain, pour les agriculteurs du Tarn-et-Garonne.

Les cuma sont de plus en plus nombreuses à investir dans des matériels de semis direct. Corentin Paris, animateur en alternance pendant trois ans au sein de la fédération des cuma, a donc choisi de travailler sur le semis direct sur les cultures de triticale et de tournesol.

agriculture de conservation

Les zones sur la carte NDVI (du 1er février au 1er juin) font par exemple ressortir des zones rouges – où le triticale est mort ou peu développé – en raison de la crue du Lemboulas en janvier 2022. Le reste des nuances de vert n’est pas assez significatif pour faire ressortir une planche plus qu’une autre.

Deux essais de semis direct

La première parcelle a été implantée sur la commune de Puycornet, en triticale, le 27 octobre 2021, après un maïs ensilage. Le sol est de type argilo-calcaire (terrefort). Cet essai a été l’occasion de tester trois semoirs de semis direct (Claydon, Amazone et Väderstad). Et un semoir TCS (Aguirre) sur des bandes de 0,7 ha. Le mode d’implantation de l’agriculteur – déchaumage puis semis au combiné herse rotative/semoir – faisait office de témoin.

Au semis, l’équipe a constaté la compaction des sols sur les trois premiers centimètres, en raison de la récente récolte du précédent. Malgré tout, les écarts au niveau du développement des cultures ont essentiellement reflété les qualités intrinsèques aux différents types de sols constituant la parcelle et les accidents de type climatique.

Lors de la récolte, les rendements des trois semoirs directs ont été similaires. Voire légèrement supérieurs à celui de la zone témoin (47 q/ha). Ceux de la planche implantée par le semoir TCS ont été légèrement inférieurs (- 4 q/ha).

Sur le plan économique, la simulation de coût d’implantations de l’agriculteur (carburants, tracteurs et outils) avoisinait les 130 €/ha. Alors que les semoirs directs étaient entre 50 et 65 €/ha et le semoir TSC à 37 €/ha.

compaction des sols

Au semis, l’équipe a constaté la compaction des sols sur les trois premiers centimètres, en raison de la récente récolte.

Agriculture de conservation et délicats tournesols

Le second essai s’est déroulé à Larrazet, en sol de boulbènes, pour l’implantation de tournesols dans un couvert de triticale, pois et féveroles.

Le semis a été réalisé le 30 avril, après une chute de 70 mm de précipitations. Malgré tout, la levée et le développement de la parcelle en semis direct n’a pas permis de mettre correctement la culture en place.

Plusieurs hypothèses peuvent être faites autour des conditions de semis (sol très compact) et des conditions climatiques.

La littérature scientifique et technique, française et mondiale, s’accorde cependant sur la difficulté de semer du tournesol en direct. Notamment en raison du besoin de terre fine en surface. Et de la très forte sensibilité de cette culture à la compaction, aussi bien pour sa germination que pour le développement du système racinaire pivotant.

Points de vigilance en semis direct

  • La structure du sol : peu importe l’espèce implantée et la texture (pourcentage de sables, limons et argiles). La structure du sol est un élément décisif de la réussite de votre semis. Si vous n’arrivez pas à enfoncer une bêche, ne cherchez pas à forcer pour enfoncer les éléments de votre semoir. Les zones de tassement sont des freins à la bonne exploration racinaire et la nutrition des plantes en dépend (eau et éléments minéraux).
  • Les conditions de semis sont primordiales, semez soit avant des pluies ou attendez que vos sols soit parfaitement ressuyés. Les risques sont de créer des tassements des lignes de semis par lissage et plus en profondeur avec votre tracteur. Cela est fortement déconseillé.
  •  Le choix de l’espèce, il s’agit d’un  facteur important de la réussite. Certaines cultures comme les céréales d’hiver s’adaptent très bien à cette pratique grâce à leur système racinaire fasciculé. En revanche, les systèmes racinaires pivotants, comme le tournesol, sont exigeants vis-à-vis des tassements et entraînent une forte prise de risque.
  • L’agronomie au centre du système. Le semis direct nécessite une grande justesse technique pour être réussi (suivi pédoclimatique et observation de terrain). Cette pratique ne peut être traitée seule, mais elle demande une reconsidération plus globale de son système de culture. Ainsi qu’un changement dans sa façon d’aborder ses parcelles. N’oubliez pas la technique du strip-till pour solutionner les problèmes de tassement et de préparation de la ligne de semis pour les cultures à grand inter-rang (cultures de printemps).

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