Le difficile hiver des agriculteurs

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Le difficile hiver des agriculteurs

L'hiver pluvieux de 2024 altère les cultures semées à l'automne. Des ravines se forment au fil des averses.

L'hiver 2024 n'est pas fini mais il laisse déjà des stigmates dans les champs de grandes cultures et prairies du Nord de la France. Témoignages.

« Y’en a marre, lance désabusé Damien Vauthier, agriculteur dans les Ardennes. Nous avons eu plus de 500 mm de pluie en moins de quatre mois, et on nous en annonce encore ! » Cet agriculteur ardennais illustre bien la situation de tout le nord de la France. C’est un ras-le-bol complet de la météo pluvieuse qui est exprimé. Car cet hiver pluvieux a bien entendu un impact sur les cultures et les prairies.

L’hiver pluvieux impacte l’état des cultures

Dans le Pas-de-Calais, où les semis de céréales ont été réalisés relativement tôt, ce sont les ravines qui dessinent le paysage. « J’avais semé toutes mes céréales d’hiver au 20 octobre, s’estime chanceux Jean-Charles Dubreucq, agriculteur dans le Pas-de-Calais. J’ai eu de la chance d’être en début de planning pour les betteraves. Sinon je n’aurais pas pu semer ma parcelle. »

Mais depuis, les quantités d’eau qui ont dévalé les pentes de ce secteur ont créé des ravines de plus de 50 cm dans certains cas. Remettre les pieds dans les champs… Un doux rêve pour les éleveurs du Nord.

« On ne peut rien épandre dans les prairies, regrette Baptiste Dion, agriculteur dans les Ardennes. Nos cuves de méthanisation sont pleines. » Les fosses à lisier des éleveurs ardennais doivent être également être vidées. Cependant, le manque de portance des sols ralentit le plan des épandages.

Des re-semis en vue

En revanche, dans la majorité des cas, le blé a tout de même réussi à lever, signe de la robustesse de la plante. Mais dans certains cas, en semis tardifs globalement, le blé a jauni et n’a pas réussi à se développer, voire à pousser. « Les cultures ne sont pas toutes belles. Dans cette parcelle de 20 ha, les céréales qui ont été semées au moment du gel n’ont pas levé, désigne Damien Vauthier. Il faudra re-semer dès qu’on pourra mettre les pieds dans les champs. »

« Je n’ai pas réussi à semer une dizaine d’hectares, lance un autre agriculteur de la Marne. J’avais prévu d’y semer de l’avoine. Je vais devoir modifier mes plans en implantant de l’avoine de printemps. » Avec un potentiel moindre. Certains de ses collègues de la région se sont lancés avant les pluies dans la fertilisation du colza et le désherbage des céréales. « Le sol était ressuyé, mais avec toute l’eau qui est tombée cet hiver, il y a eu beaucoup de lessivage d’azote et il va falloir le prendre en compte dans nos apports d’engrais. »

Des zones sous l’eau

Même situation en Haute-Marne, où les agriculteurs ont pu intervenir dans certaines parcelles. « Les céréales ne sont pas moches, avoue Aurélien Lene, agriculteur à Vroncourt-la-Coté. Nous sommes dans une région où nous devons semer relativement tôt nos céréales. Elles ont plutôt bien poussé. »

Mais il n’empêche, avec les quantités de pluie tombées, il y a des ravines et les zones en contre-bas ou près des cours d’eau sont sous l’eau. Il faudra sûrement combler ces zones avec des cultures de printemps… Quand la pluie aura cessé, mais pour le moment, les semoirs sont encore bien à l’abri.

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