Faut-il investir dans des chenilles pour sa batteuse?

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Faut-il investir dans des chenilles pour sa batteuse?

Comment évaluer la rentabilité d'un train de chenilles qui ne servira sans doute pas tous les ans ? (Crédit: Adobe Stock)

Est-il rentable d'acheter des chenilles pour sa moissonneuse-batteuse? Elément de réponse avec la cuma de Malibeau, qui a investi en 2013. Le bilan technico-économique est globalement positif.

Est-ce que cela vaut le coup d’investir dans des chenilles pour sa moissonneuse-batteuse? En effet, leur utilisation risque d’être très épisodique. La cuma de Malibeau dispose désormais du recul nécessaire pour évaluer la pertinence de cet équipement. Focus sur le coût de revient des chenilles d’une moissonneuse-batteuse.

Le territoire de la cuma, situé à au sud-est de Poitiers, comprend une trentaine d’exploitations en polyculture-élevage. En outre, il comporte pas mal de parcelles à tendance hydromorphes chez la plupart des adhérents. Dans ces conditions, les récoltes, notamment celles du maïs grain à l’automne, sont périlleuses lors des années humides.

À tel point que, certaines années, la cuma a dû solliciter une ETA avec une machine équipée de chenilles pour achever la récolte de maïs sur certaines parcelles. La cuma a donc décidé d’investir. Cela concerne une quinzaine d’adhérents impliqués dans l’activité moisson pour une superficie moyenne de 1.100 ha/an. Environ 350ha de maïs, 200ha de colza, 50ha de tournesol et environ 500ha de blé, orge et féverole.

43.000€ pour des chenilles Polluzi

Ainsi, la cuma de Malibeau a donc opté en 2013 pour l’achat de chenilles en caoutchouc de marque Poluzzi.

  • Dimensions: 2,60m de longueur et 0,86m de largeur.
  • Poids: 2,5 tonnes la chenille.

Ensuite, le prix d’achat des chenilles Poluzzi atteint 43.500€ HT. La cuma les a financées par un prêt de 37.000€ (7 annuités de 5.838€) et a complété par un autofinancement sous forme de parts sociales.

Tous les adhérents concernés par l’activité moisson étaient d’accord pour cet investissement, validé ensuite par le CA. Pour amortir les chenilles sur la durée, les responsables veillent lors des renouvellements de machines (en règle générale, un renouvellement tous les trois ans avec contrat de garantie pièces et main-d’œuvre sur cette période) à ce que les chenilles puissent s’adapter au modèle de moissonneuse envisagé. Cela fût le cas sur les trois marques de moissonneuses-batteuses successives de la cuma: Claas, New Holland et l’actuelle John Deere (modèle S780i).

avantages et limites investissement chenilles

Utilisation quatre années sur sept

Finalement, entre 1993 et 2020, la cuma a monté quatre fois ses chenilles. La plupart du temps, au milieu de la campagne de récolte de maïs, et une seule fois en tournesol. Chez les premiers adhérents qui récoltent le maïs, les chenilles se révèlent moins utiles en règle générale. Fait exceptionnel: en 2021, le montage des chenilles pour les moissons d’été en raison de la pluviométrie abondante.

Ensuite, trouver la meilleure clé de facturation des chenilles de la moissonneuse-batteuse n’a pas été la chose la plus facile pour cet investissement dont l’amortissement comptable est prévu sur sept ans. En effet, impossible de connaître à l’avance, d’une année à l’autre, le volume d’heures d’utilisation pour lequel calculer un coût prévisionnel.

Coût de revient des chenilles de la batteuse : ne pas pénaliser les utilisateurs

En outre, par simplicité, la cuma pourrait inclure systématiquement le coût de revient des chenilles sur l’ensemble de l’activité moisson. Qu’elles servent ou non. Mais cela aurait sensiblement pénalisé les adhérents qui font surtout des cultures d’été pour lesquelles l’équipement en chenilles de la machine est rarement utile.

D’autre part, la cuma aurait pu facturer cet équipement aux seuls adhérents pour lesquels le montage des chenilles s’est imposé. Mais le risque est de défavoriser ceux qui passent en dernier dans le planning de récolte du maïs grains. Là où les risques d’excès d’humidité sont plus aigus.

Au final, la cuma a pris les deux décisions suivantes:

  1. Les années où les chenilles ne sont pas utilisées, la base de facturation correspond aux engagements de surfaces en maïs grain de chaque adhérent.
  2. Lors des saisons où les chenilles sont utilisées (principalement en maïs), la facturation est calculée sur l’ensemble des surfaces récoltées, même si les chenilles ne sont pas été utilisées en début de campagne. La cuma facture ensuite chaque adhérent au nombre d’hectares réalisés (au nombre d’hectares engagés, en cas de volume d’hectares réalisés inférieur).
coût de revient chenilles moissonneuse-batteuse

La moissonneuse-batteuse de la cuma de Malibeau chaussée de chenilles.

Intérêt économique pour la cuma

En 2020, le coût facturé pour les chenilles s’est élevé à 14,80€/ha, appliqué sur 456 ha. Soit, en moyenne, une facturation pour la récolte des maïs de 85 €/ha tout compris (moissonneuse-batteuse, chauffeur, cueilleur, chenilles, carburant).

Du point de vue du trésorier, l’acquisition de chenilles dans la cuma s’est avérée une bonne décision. Psychologiquement, cela procure aux adhérents et aux responsables une tranquillité d’esprit incontestable. Et, sur le plan économique, cela conforte le nombre important d’hectares moissonnés par la cuma et par conséquent cela diminue le coût unitaire. Sans la présence de chenille, la cuma aurait dû avoir recours certaines années à un prestataire équipé de chenilles.

L’impact sur la trésorerie de la cuma aurait été significatif puisque le tarif des ETA est plus élevé. Par exemple, 200ha de maïs non récoltés par la cuma représentent 12.000€ de rentrée en moins à raison de 60€/ha environ (hors main-d’œuvre et GNR). En parallèle, l’appel à un prestataire avec une machine chenillée dont les tarifs sont de l’ordre de 120€/ha entraîne une charge financière de 24.000€.

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investissement chenilles cout économique


Rayons X

Cet article et ses données sont issus d’un travail d’enquête et d’étude économique publié dans l’univers Rayons X en Octobre 2021. Quatre moissonneuses-batteuses sont passées au scanner économique de la rédaction d’Entraid. Restez connectés, le dossier sera mis à jour tout au long du mois de novembre.