La fin des clones en cuma

Partager sur

La fin des clones en cuma

Les activités d'épandage d'effluents liquides concernent des éleveurs de différentes espèces, et désormais des producteurs d'énergie. Chacun ayant ses besoins spécifiques.

Une cuma constituée uniquement de systèmes comparables allant tous dans la même direction par le même chemin... le portrait-robot des coopératives de proximité s’en éloigne. La rédaction d’Entraid a proposé la question à des animateurs de cuma: quelles sont les sources de diversité dans les groupes et lesquelles posent problème?

Le temps de la cuma standard est révolu. Celui où les éleveurs laitiers avaient 25 vaches à nourrir avec 25 hectares et une méthode relativement homogène, pour ne parler que de cette filière. Aujourd’hui, il y reste des points communs, bien sûr, mais les cuma ont très largement un caractère de diversité à appréhender, surmonter, gérer, valoriser, et pourquoi pas, exalter. Déjà, de tout temps, les appartenances politiques et syndicales divergentes sont un paramètre particulièrement bien contrôlé dans ces collectifs. Il continue à l’être. Il y a aussi les productions, puis les manières de les conduire, qui se diversifient. Il y a ceux qui s’arment d’un label AB. D’autres adhérents se montrent regardant sur la quiétude des vers de terre… Globalement, c’est plutôt un atout même si la divergence des besoins peut bouleverser les équilibres au départ. «Aujourd’hui, il n’y a plus de modèle unique et de techniques uniques», résume ainsi Nathalie Pignerol, animatrice dans la Manche.

Elle prend en exemple l’activité épandage du lisier des groupes d’éleveurs déjà stabilisés plus ou moins confortablement entre des laitiers, caractérisés par des petits volumes traités ponctuellement, et des systèmes porcins, où les volumes sont plus conséquents, sans parler des différences de valeurs. Ces derniers ont globalement «la main-d’œuvre en interne pour conduire le matériel.» Arrivent dans le scope, les exploitations développant de la méthanisation, avec «un besoin de déléguer une tâche quasi-quotidienne pour un volume très important», ajoute Nathalie Pignerol.

Moins de place à la patience

Ce critère d’approche de la main-d’œuvre ressort en milieu de peloton dans l’enquête soumise par la rédaction à des animateur du réseau cuma, très loin derrière la relation homme-matériel. «Ce qui peut vraiment pénaliser un groupe, c’est la diversité des façons de conduire et de respecter le matériel», répond-on spontanément en Mayenne. Eric Aubry, en Haute-Marne, complète: avec de moins en moins de temps disponibles pour réparer, «les adhérents supportent de moins en moins les manquements à la bonne utilisation, la connaissance…» du matériel.

Moins de temps aussi pour s’impliquer. Qui n’a jamais entendu un représentant de cuma regretter ou s’inquiéter de ne pas trouver de relais dans son groupe? Retour dans la Manche où des animateurs arrivent dans le réseau des cuma en même temps qu’une nouvelle génération s’y affirme. Ils observent que les coopératives doivent apprendre à composer avec des motivations différentes de leurs membres. L’esprit ‘groupe’ qui animait leur prédécesseurs, «ils ne l’ont pas forcément.» Dans ce contexte, ce qui va intéresser, motiver, c’est plutôt «l’efficacité, le chiffre.» A partir de ce constat, reste à trouver les moyens d’intégrer ces gens «qui ont une approche différente au collectif.»

Autant de questions que creuse le dossier à retrouver dans le mensuel Entraid d’octobre 2020.