La pomme de terre convoitée cette année ?

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La pomme de terre convoitée cette année ?

Cette campagne était également signe de rendements décevants avec une estimation de 39,9 t/ha.

La filière pomme de terre profite depuis quelques années de la forte demande de la part des industriels. Si les surfaces sont stabilisées, les rendements eux, semblent atteindre des plafonds, voire se tasser. L'union nationale des producteurs de pommes de terre a fait le point.

Depuis quelques années, la pomme de terre a le vent en poupe. Si le marché de la pomme de terre en l’état en France se tasse (-13 % en 2021-2022), le débouché de l’export et de l’industrie tire la demande de cette marchandise.

Surfaces de pomme de terre stabilisées

Malgré les confinements liés au Covid, la consommation de pommes de terre transformées a dépassé la demande d’avant cette période. Incitant les producteurs de pommes de terre à revoir leurs surfaces légèrement à la hausse.

En 2020, par manque de visibilité et un ralentissement de la demande, les surfaces emblavées s’étaient amoindries. En 2021, celles-ci ont progressé de 3,2%, pour se stabiliser avec une hausse de 1%. Dans le les Hauts-de-France, la dynamique était plus visible avec une hausse des surfaces de 1,9%.

La reprise et la montée en puissance des outils de transformation français et belges en sont la principale raison. « Elles annoncent un besoin équivalent à 20 000 hectares supplémentaires », rapporte Loïc Le Meur, chargé de missions à l’UNPT (union nationale des producteurs de pommes de terre).

Des rendements qui se tassent

Cependant, en parallèle, les rendements se replient légèrement depuis 2014. « Il y a une usure du bassin de production, probablement, mais d’autres paramètres rentrent en compte, annonce le chargé de missions. Le changement climatique, la capacité à irriguer ou encore l’extension de la zone de production dans des sols à moins bons potentiels en sont les raisons. »

En 2021, les rendements moyens nationaux étaient de 42 t/ha, contre 45 t/ha en moyenne quinquennale. Cette campagne était également signe de rendements décevants avec une estimation de 39,9 t/ha.

Toutefois, les raisons de ces mauvais résultats pour cette campagne sont toutes trouvées : fortes températures et canicules successives ont pénalisé le cycle cultural des tubercules, qui avait pourtant bien démarré.

Les pluies automnales ont permis de réaliser les arrachages dans de bonnes conditions. La qualité n’a donc pas été affectée pour la plupart des pommes de terre. À noter tout de même que de grosses différences de rendements ont été constatés entre les parcelles irriguées et non irriguées.

Contexte économique difficile

Côté commercialisation, la campagne se déroule comme à son habitude. La marché du frais est stable. Les industriels sont toujours gourmands et favorisent les marchandises contractualisées. Ils restent prudents. Seul le marché de l’export est dynamique avec une hausse de 25 % des volumes vendus à l’étranger.

Toutefois, le contexte économique vient ternir le tableau. « Certains producteurs, face à la baisse des rendements, ont dû acheter des pommes de terre pour assurer leurs contrats, fait remarquer Loïc Le Meur. Par ailleurs, les coûts de stockage risquent d’augmenter avec la hausse du prix de l’énergie. »

D’autres interrogations se posent : la croissance de la pomme de terre de transformation sera-t-elle durable ? quels seront les coûts de stockage? quel est le bon prix pour implanter de la pomme de terre ?

Car comme les autres cultures, les agriculteurs feront sûrement des arbitrages et sur ce point, la concurrence est rude. Les signaux, pour la campagne 2023, restent cependant positifs. Les industriels ont revu les prix de leurs contrats en hausse de 30% en moyenne.

L’UNPT reste prudente en alertant sur un risque de déséquilibre des débouchés. Si celui de la transformation semble attirant, d’autres souffrent. À l’image de la fécule où les rendements sont catastrophiques depuis plusieurs années. L’aide couplée a d’ailleurs été revalorisée à 500 €/ha, au lieu de 70 €/ha actuellement. Ou encore la filière plants, qui se confronte à certaines impasses techniques sans une valorisation proportionnelle à celle de la consommation.

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