L’intelligence artificielle au service de l’éleveur

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L’intelligence artificielle au service de l’éleveur

Entre le troupeau et son éleveur, des IA alimentent déjà des outils de pilotage. (©Adobe Stock)

Les animaux d’élevage vivent déjà dans des écosystèmes où l’IA trouve une place. Ses applications en développement ouvrent des portes aux techniques.

L’intelligence artificielle va prendre de plus en plus de place dans l’élevage. Avec l’IA, « nous en sommes surtout aujourd’hui à reproduire le raisonnement, la planification et la créativité. » Ainsi, dans le terme « intelligence artificielle », Élodie Doutart retient en premier le mot « artificielle », « dans le sens où le fonctionnement de ces outils reste basé sur de l’apprentissage. » Néanmoins, les capacités de traitement des données impressionnent et l’élevage offre un vaste terrain d’expression, que l’IA exploite déjà plutôt bien.

L’intelligence artificielle pour l’élevage : des outils déjà déployés et qui fonctionnent

« Dès qu’on a de l’informatique et de la robotique, derrière le traitement est de l’IA, avec des algorithmes, des capteurs. Par exemple le fait de mettre une caméra dans un élevage avec un dispositif de surveillance et d’alerte est déjà de l’IA. » Idem pour les automates de détection des chaleurs. En complément de ces systèmes qui ont fait leurs preuves, d’autres idées émergent.

En élevage de porcs où un suivi automatisé de l’ambiance sonore pourrait accentuer la biosécurité. Constatant que « les épisodes de toux sont parfois difficiles à détecter précocement ce qui peut retarder la mise en place d’un traitement approprié », l’Ifip a ainsi évalué si une technologie basée sur les sons émis par les porcs, combinée à un algorithme, permet notamment de prédire l’apparition d’épisodes respiratoires liés à un pathogène. En début d’année, l’institut présentait des résultats encourageants de ces travaux expérimentaux.

Dans les pâturages aussi, l’IA déploie ses fonctionnalités. « Les colliers qui suivent l’animal pour prouver le temps qu’il passe à l’herbe, ça existe. Ils fournissent aux éleveurs qui la valorisent, une justification du bien-être animal. », reprend la Data scientist d’Idele.

À base d’accéléromètres, de géolocalisation ou d’images… ces solutions, fruit d’IA, répondraient à ce que les éleveurs attendent. « Ce sont des outils pour libérer du temps et de la charge mentale dans le pilotage de leur élevage. » Pour autant, les perspectives ne s’arrêtent pas à cette notion de veille et d’alertes qui simplifient la vie de l’éleveur. L’experte dévoile même des pistes d’amélioration du suivi technique par exemple des brebis gestantes. « Aujourd’hui, ce ne sont pas des lots qu’on manipule pour une pesée. » Or, avec les bons capteurs et l’algorithme adéquat, il devient raisonnable d’espérer réaliser la mesure « sans manipulation dangereuse ni pour l’éleveur ni pour les animaux. »

Scanner pour peser sans perturber

Si pour générer des alertes et éclairer l’éleveur, l’IA apparaît pertinente, « ça ne prendra pas les décisions. Nous travaillons sur du vivant et l’œil humain reste nécessaire », juge aujourd’hui la scientifique en dressant un parallèle avec chatGPT : « On constate qu’il est hyper puissant. Mais il ne fonctionne pas tout seul. Déjà, il faut savoir poser la question. Ensuite, il faut vérifier ce qu’il fait car il n’a pas toujours raison. »

Gare à la signaux-bésité

Enfin, devant les coûts, forcément conséquents au départ, au moins avant une éventuelle phase de démocratisation, la question de l’accessibilité de tels outils se posera. Dans le cas d’un portique pour des pesées par imagerie, « pourquoi ne pas l’envisager en outil ambulant ? » illustre Élodie Doutart avant de poser des conditions au développement de ces systèmes. « Il faudra raison garder. Sur nos fermes expérimentales, nous constatons déjà que multiplier, dans tous les sens, les capteurs, les réseaux et les signaux, ce n’est pas une solution. » Les acteurs, nombreux, qui se présentent sur le marché devront, d’une part rester vigilents à « développer des choses dont l’éleveur a besoin ». Et d’autre part, « partager leurs informations. » Car l’experte observe que des briques qui ne seraient pas interconnectables risquent de freiner le développement de ces outils d’amélioration des décisions.

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