À l’origine du projet, il y a plus d’un an, nous voulions investir dans une unité de méthanisation pour mieux valoriser nos fumiers, expliquent Sven et Jan Bogerman, gérants du Gaec des Picards à Annay, dans la Nièvre. Nous nous sommes ensuite aperçus que cette installation facilitait aussi la gestion de nos curages et de nos fumiers au fil de l’année. »
De nouveaux intrants comme sources d’énergie renouvelable
Leur unité de méthanisation s’est alors un peu transformée. Elle accueille dorénavant d’autres intrants comme des bio-déchets et des Cive (cultures intermédiaires à vocation énergétique). Les deux frères Bogerman adhèrent à la cuma de la région de Cosne-sur-Loire. Avec une trentaine d’autres adhérents, ils mettent en commun leurs travaux pour la partie traction, pulvérisation et fenaison. « Grâce à la cuma, nous profitons d’équipements que nous utilisons pour la méthanisation, précisent les agriculteurs. Cette organisation collective participe à l’élaboration de projets. »
Pour produire les 250 kWh d’électricité en cogénération, revendus en totalité, la ration quotidienne du méthaniseur se compose comme suit : 15 tonnes de lisier, 7,5 tonnes de fumier et 7,5 tonnes d’ensilage de Cive ou de déchets.
Sur cet atelier, Sven et Jan Bogerman sont autonomes à 75 %. Pour compléter leurs besoins, ils récupèrent du fumier issu de deux exploitations voisines. Avant la mise en service de l’unité de méthanisation et à la suite de l’agrandissement du cheptel laitier, les deux agriculteurs ont revu leur assolement et augmenté leur sole de maïs. Ainsi, ils peuvent produire davantage de cultures intermédiaires. Celles-ci se dédient à la méthanisation. Elles assurent ainsi une partie de la ration quotidienne du digesteur. Mais différentes opportunités s’offrent également à eux (céréales ou autres matières en provenance d’exploitations voisines).
La chaleur produite par le méthaniseur est en grande partie utilisée pour le séchoir à plat et valorisée au sein de l’atelier de traite (production d’eau chaude, chauffage, nurserie, etc.). Dans les années à venir, Sven et Jan Bogerman espèrent utiliser cette chaleur pour chauffer leur propre maison.
10 000 euros d’économie grâce à ces nouvelles sources d’énergie renouvelable
À l’issue la première année de méthanisation, le Gaec des Picards a récupéré 10 000 m3 de digestat. Ce volume se compose de 80 unités d’azote, sous forme organique (50 %) et ammoniacale (50 %). « L’azote étant libéré plus vite, le digestat doit être apporté au plus près des besoins de la plante, soulignent les deux agriculteurs. Ainsi, il est mieux valorisé. Nous réalisons une économie d’engrais minéraux estimée à 10 000 €/par an. » Les frères Bogerman ont investi dans un pendillard pour que la répartition et le dosage du digestat soient plus homogènes au sein de la parcelle. Ce produit résiduel organique présente de nombreux avantages en comparaison du fumier. Son absence d’odeur et le volume produit permettent de fertiliser davantage de surface.
Intégrer les énergies renouvelables sur l’exploitation
Le Gaec des Picards a investi 3,1 M€ dans son projet de méthanisation, qui inclut la construction d’un bâtiment photovoltaïque, d’une production de 100 kWhr servant au stockage des intrants pour la méthanisation. Il a perçu une subvention de 450 000 €, financée par le conseil régional et l’Ademe. Le Gaec projette d’investir dans deux autres bâtiments photovoltaïques de 350 et 100 kWh.
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