[Moisson 2023] Dans le Sud-Ouest, « le problème, c’est la verse »

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[Moisson 2023] Dans le Sud-Ouest, « le problème, c’est la verse »

Les rendements de la moissons 2023 à la cuma de Bouglon dans le Lot et Garonne s'annoncent plutôt bons. (Crédit: Thibault Chakrida)

Dans le Sud-Ouest, les cuma interrogées font état de rendements plutôt intéressants. Pourtant, les moissons y sont souvent perturbées par la pluie. Et les récoltes versées.

Comment se passe la moisson 2023 dans le Sud-Ouest ? Tout d’abord, dans le Lot-et-Garonne, Pascal Derc, qui conduit pour la moisson de la cuma de Bouglon, est plutôt satisfait du cru 2023 pour le secteur qui le concerne: « Nous avons ramassé jusqu’à présent de l’orge, du colza et du blé tendre, toute la semaine dernière, du lundi 24 juin au week-end. »

Moisson 2023 dans le Sud-Ouest : de bons résultats dans les orges du Lot-et-Garonne

Sur les 700 hectares, une quarantaine de parcelles ont été moissonnées la semaine dernière, sur 112 ha, avec moissonneuse-batteuse New Holland CX 7.90 pour sa troisième campagne.

« Les rendements dans les orges ont été très bons, autour de 70 à 80 quintaux par hectare, avec un PS moyen de 60″, précise l’agriculteur.

Pascal Derc émet un retour plus mitigé sur les blés tendres: « Les rendements en blé étaient aussi très bons, de l’ordre de 75 à 90 quintaux par hectare. Ce sont 10 ou 15 quintaux de plus qu’en année standard. En revanche, les PS sont très hétérogènes. Certains vont le passer en blé fourrager. »

« Avec 70 % de verse, je ne serais pas étonné qu’il y ait un souci de piétin-verse, souligne-t-il. À l’inverse du Gers, par exemple, nous n’avons pas eu de précipitations trop fortes, juste 5 mm ce weekend qui nous ont arrêtés. Mais les conditions se sont refroidies en mai, et une partie des blés se sont couchés à ce moment-là. C’est sans doute ce qui a affecté les poids spécifiques. »

Ce qui n’empêche pas la machine d’avancer, car « elle est puissante, la coupe suit bien le sol, et ça reste portant », témoigne-t-il.

Les quelques hectares de colza récoltés ont donné trente quintaux à l’hectare, et Pascal Derc s’apprête à récolter une parcelle sur laquelle il parie: « À mon avis, on va en sortir 40 quintaux. Elle est magnifique ! »

À la cuma de Monfermier (Tarn-et-Garonne) : « c’est couché, c’est galère, ça colle! »

À la cuma de Monfermier, dans le Tarn-et-Garonne, la moissonneuse-batteuse Claas Lexion 640 a récolté une centaine d’hectares d’orge. Le président, Franck Madelin, débite à grande vitesse: « On n’avance pas comme on devrait ! C’est couché, c’est galère, ça colle, on doit s’arrêter pour débourrer… En bref, on n’avance pas. »

Le tout entrecoupé de petits abats d’eau. « On devrait déjà avoir fini », s’agace-t-il. Mais le problème, c’est avant tout la verse.

Questions rendement et qualité, par contre, la satisfaction est plutôt au rendez-vous: « Pour l’instant, on tourne autour de 60 quintaux l’hectare, mais on n’a pas tout fini. En termes de PS, on n’est pas trop mal, entre 62 et 65. »

Les premiers colzas ont été récoltés le matin même, en cette première semaine de juillet « mais pas encore de retour. »

La cuma a renouvelé récemment sa coupe repliable pour une Cressoni « aux couleurs de Claas », note Franck Madelin.

« Il s’agit d’une coupe italienne, avec pas mal de pièces allemandes, précise-t-il. Il n’y a plus personne pour faire les escortes, ou bien pour trouver des tracteurs disponibles pour tirer les chariots. En résumé, c’est fragile mais commode. »

Coup de karcher avant la moisson à la cuma de l’Escut (Gers)

Pour Stéphane Pavan, de la cuma de l’Escut dans le Gers (près de Coulommé-Montdébat), « la récolte était prometteuse mais il y a eu de très violents orages avec beaucoup de dégâts, surtout sur la partie ouest du département. De la grêle, des inondations, du ravinement, énormément d’érosion, des champs noyés… C’est comme si on avait passé le karcher par endroits. Ce sont bien sûr les cultures de printemps qui ont été les plus impactées, tournesols, maïs, soja… »

« Pour les cultures d’hiver, comme en blé, la terre n’a pas bougé », poursuit-il, avant d’ajouter : « Par contre, sous ce qui s’est couché, ce n’est pas de la paille, mais du fumier. Ça a pourri et ça germe. »

La plupart des orges ont été récoltées. Et « la qualité des orges n’est pas bonne », annonce-t-il. Les rendements n’atteignent en effet que 40 à 50 quintaux, contre 50 à 60 habituellement.

Dans le secteur de Vic-Fezensac, chez Éric Encausse, la John Deere Hill Master (autonivelante) a ramassé pour le moment 17 ha d’orges, avec des poids spécifiques bas. « Les grains sont légers en raison des excès d’eau », constate également Éric Encausse.

« Il m’a fallu trois jours, indique-t-il. On a encore pris 50 mm de précipitations la semaine dernière. Les machines s’enfoncent partout. En revanche, ces orges ont quand même donné environ 40 quintaux par hectare, en bio. »

L’agriculteur précise qu’il a également semé 24 ha de blé de force. « Pas encore récolté, mais j’ai bon espoir d’en faire entre 6 et 8 tonnes par hectare. »

Moisson 2023 dans le Sud-Ouest : « Pas formidable » à la cuma de Soupex (Aude)

À la cuma du Soupex, dans l’Aude, les moissons ont commencé autour du 26 juin, et les résultats ne sont « pas formidables », comme le révèle le président, Jean-Paul Marty.

Début juillet, le groupe a récolté environ la moitié des surfaces : soit une quarantaine d’hectares d’orges et une cinquantaine de blé dur.

« Les rendements en orges atteignent 50 quintaux par hectare, contre environ 80 habituellement, note-t-il. Tout ça avec des poids spécifiques très bas, autour de 45. En blé dur, grosse déception également avec 45 à 50 quintaux par hectare, et une très mauvaise qualité. »

Sur des épis magnifiques, il manque la moitié des grains! » souligne-t-il. Monsieur Marty voit dans les conditions climatiques une explication à ces bas rendements: « L’hiver a été très sec, la pollinisation s’est déroulée au contraire dans le froid. Et la pluie arrivée en mai a beaucoup dégradé la qualité des grains. »

La moissonneuse batteuse Case IH 5160 de la cuma de Soupex devrait ensuite récolter des parcelles de blé tendre.

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