Du bon chanvre, pas facile à rouler

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Du bon chanvre, pas facile à rouler

Fauche de chanvre le 6 septembre dernier lors de la journée thématique organisée par la CAVAC en Vendée. Ci-dessus, une machine à double section de marque Sauerburger à entraînement hydraulique.

Les biomatériaux ont le vent en poupe. C’est pourquoi le chanvre déploie ses ailes dans certains territoires comme la Vendée avec la coopérative CAVAC. Même si la récolte n’est pas toujours simple.

Le 6 septembre, les agriculteurs étaient venus nombreux sur la commune des Brouzils en Vendée, découvrir une parcelle de chanvre cultivée avec la CAVAC. Cette coop veut doubler les surfaces de production. Elle ambitionne de passer de 1.800 hectares à 4.000 hectares. On valorise cette culture de différentes manières: isolation, textile, automobile, paillage… Son image naturelle, séduit de plus en plus le grand public. A tel point que la filiale «Cavac Biomatériaux» veut doubler sa capacité de production en construisant une nouvelle ligne de défibrage de la paille de chanvre à Saint-Hermine.

Chanvre: risque de bourrage!

Côté agriculteurs, la culture jouit de nombreux avantages agronomiques et économiques susceptibles d’attirer celles et ceux qui veulent diversifier leur production. Ses atouts: peu de besoin en eau, bonne tête de rotation avec un bon impact sur la structure du sol et la maîtrise des adventices, effet améliorant sur les cultures suivantes. En moyenne, les rendements du chanvre oscillent autour de 6 à 7t/ha en Vendée, avec un prix de 165€ la tonne de matière sèche, selon la publication CAVAC info – juin 2022.

Différentes méthodes existent pour récolter le chanvre. En Vendée, la CAVAC sollicite une entreprise de travaux agricoles pour la fauche et/ou le battage, ainsi que le pressage en bottes cubiques. Celle-ci dispose d’un équipement spécifique. La tige est très solide et fibreuse. Cela engendre fort logiquement des risques de bourrage!

Le 6 septembre était présenté en démonstration une faucheuse à double section qui fauche la plante d’une hauteur approximative de 2m, en deux parties de 1m. Cela atténue les risques d’enroulement ultérieurs. Le coût de prestation en délégation quasi complète est plus élevé. Mais cela évite au producteur de passer du temps. Michel Seznec de l’Union des cuma des Pays de Loire a présenté toutefois les possibilités de récolter soi-même la plante dans l’objectif de valoriser les matériels et la main d’œuvre des exploitations et des groupes.

Fauche et andainage sans difficulté

L’acquisition d’une faucheuse spécifique « double ligne » représente un investissement de 10-15.000€. Mais cela ne demande pas un tracteur de forte puissance. Par contre, il faut programmer un affûtage des lames tous les deux jours. «Prévoir un jeu de lames interchangeable» ajoute le conseiller. Le débit de chantier est de l’ordre de 1,5 ha/h pour une faucheuse de 2,40 m de large. La vitesse d’avancement requise est de 8 à 10km/h minimum.

«Si la graine est récoltée, la fauche doit être effectuée à contre-sens de la moissonneuse» précise Michel Seznec. Au niveau de l’andainage, on recommande, une andaineur simple en présence de gros rendement. Et il est déconseillé de faire de gros andains.

Ca se corse pour le pressage du chanvre

Il faut redoubler d’attention lors du pressage pour éviter les phénomène d’enroulement de la paille.

Le pressage en balles rondes est une opération plus délicate. D’abord, il faut disposer d’un modèle compatible avec une chambre variable et un ameneur rotatif de grand diamètre. Le roto-cut sont prohibés! «Enlever les dents sur le pick-up de chaque côté pour limiter les enroulements» suggère aussi le conseiller. Lors du chantier, il faut être patient. Le débit est seulement de 20 bottes/h environ. Et tous les 30 bottes environ, vérifiez les roulements principaux pour éviter les enroulements. Sans surveillance méticuleuse, la machine risque de s’interrompre par bourrage et pire, prendre feu…

Ces précautions ne sont pas inutiles. Pas moins de 2 à 3 heures seront nécessaires pour extraire les fibres inextricables de la machine en cas de bourrage! Lors de l’hivernage, on préconise un démontage pour vérifier les enroulements, l’usure des rouleaux, l’état des courroies. Pour faciliter la réalisation du chantier, plusieurs groupes préfèrent spécialiser un ou deux chauffeurs pour cet exercice. Dans ces conditions, le coût de revient final (temps et matériel) d’un pressage est nettement plus élevé qu’un pressage classique de fourrage!

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