Sécheresse: comment assurer la production de fourrage?

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Sécheresse: comment assurer la production de fourrage?

«Grâce à la cuma, j’apprends des expériences des uns et des autres. Nous sommes dans le constructif!», Patrick Remond (à droite sur la photo, ici avec ses collègues du Gaec).

Pour faire face à la sécheresse estivale, les quatre éleveurs laitiers qui constituent la cuma HVD (Haute Vallée du Durgeon) recourent à la fauche précoce. Ainsi, ils profitent de la période de pousse printanière pour récolter suffisamment de fourrage riche. Présentation.

Située sur le secteur de Saulx, en Haute-Saône, les adhérents de la cuma HVD n’échappent pas au changement climatique. Comme ailleurs, ce dernier les contraint à aménager leurs pratiques. «Avec les collègues, nous nous orientons de plus en plus vers la fauche précoce de nos prairies, explique le président Patrick Remond. C’est une technique intéressante à condition de faucher la culture au bon stade, c’est-à-dire début épiaison des graminées et bourgeonnement des légumineuses.» Ce stade conditionne également les repousses dans les 30 à 40 jours qui suivent la fauche. Malgré tout, les exploitants sont convaincus que la fenêtre météo reste déterminante pour récolter un fourrage de qualité, avec un volume et une valeur alimentaire optimisés.

Fauche précoce: mutualiser pour répartir le risque

Un planning de fauche est organisé en fonction de la maturité du fourrage sans tenir compte du propriétaire de la parcelle.

«Ce système fonctionne bien et nous rassure. La cuma a mis en place une mutualisation de la fauche. En cas de mauvaise récolte liée à un aléa climatique, le foin est partagé entre nous tous. Ainsi, l’objectif est que personne ne soit pénalisé sur la qualité de son fourrage.»

La cuma HVD a été mise en place en 1995 après plusieurs années d’entraide entre les trois exploitants. «Pour nous, la cuma fait partie des outils d’une exploitation. Ce n’est pas une contrainte. Elle nous permet de nombreuses possibilités d’investissements, inaccessibles individuellement.» Les adhérents ont ainsi pu s’équiper d’une presse à bottes carrées, facilitant le ramassage, le transport et le stockage du fourrage. «Notre organisation nous permet d’avoir des chantiers performants, avec des foins rentrés à l’abri le jour même du pressage. Les balles carrées nous facilitent également l’affouragement durant l’hiver.»

«Le séchage en grange nous rend plus serein»

Pour pérenniser son activité, le Gaec Saint Léger, dont Patrick Remond fait partie, produit du lait à gruyère sur son exploitation. Ce choix stratégique a modifié l’organisation de travail. Le cahier des charges interdit toute utilisation d’ensilage y compris pour les génisses. Le Gaec a donc investi dans un séchage solaire pour sécher plus rapidement les fourrages. Pour que le fonctionnement soit optimisé, il convient de choisir des espèces adaptées au séchage en grange. La prairie doit également être suffisamment ressuyée et mûre au moment de la fauche précoce. Il faut également prévoir des espaces de stockage suffisamment grands pour entreposer les foins.

«Cette technique est formatrice, car nous avons réappris à produire du foin. Aussi, elle simplifie l’alimentation des animaux. Nous nous rendons compte que nous sommes moins vulnérables vis-à-vis de la météo. Nous sommes plus autonomes et sereins.»

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