Un tracteur en cuma pour récupérer des chevaux

Partager sur
Abonnés

Un tracteur en cuma pour récupérer des chevaux

Le groupe "traction" de la cuma aveyronnaise de Labastide l'Evêque, avec son responsable, Adrien Alet (au centre, devant) et le président (Jean-Claude Viguié, tout à droite).

Pas de langue de bois au menu de cette rencontre aveyronnaise : avec Jean-Claude Viguié à la présidence et Adrien Alet aux manettes de l'activité, la cuma de La Bastide L'Evêque a investi le champ de la traction en groupe pour permettre aux "petites exploitations" de compenser un décalage de puissances grandissant. 

Dès 1992, à la création de la cuma, un adhérent évoque l’hypothèse d’un tracteur en commun. L’heure est à l’évaluation des besoins, les activités créées sont nombreuses : d’emblée, le groupe table sur 15 services, 30 matériels pour une soixantaine d’adhérents ! Mais à l’époque, « un projet de tracteur en commun, ce n’était pas courant », concède Jean-Claude Viguié, le président de la cuma.

Tracteur en commun : des disparités grandissantes des besoins

Mais avec le temps, les exploitations évoluent… et les besoin des adhérents avec. « Aujourd’hui, nous comptons une centaine d’adhérents, mais les disparités entre les exploitations ont grandi aussi, constate Jean-Claude Viguié, le président. Nous avons parmi nos adhérents une vingtaine de Gaec (souvent laitiers), parfois à quatre ou cinq associés. Depuis 1992, j’ai vu des exploitations « exploser » en termes de taille et d’autres, comme la mienne, se maintenir. Nous avons aussi réussi, sur la commune, à installer une douzaine de jeunes ces dernières années: ça vit, ça renouvelle et les services fonctionnent », résume-t-il.

Toutefois, ces disparités ont un impact au sein de la cuma : « Quand toutes les exploitations étaient similaires, un épandeur de 5 ou 6 t convenait à tout le monde. Aujourd’hui, on doit faire des groupes avec des matériels plus petits ou plus grands. Les tracteurs de 200 ch ne sont plus une rareté dans les exploitations laitières. »

chiffres clés cuma La Bastide-L'Eveque-Valtra N134

Les chiffres clés de la cuma La Bastide-L’Évêque, en Aveyron.

L’entraide impactée

L’organisation du groupe est aussi impactée : « Jusqu’à présent nous avons fonctionné en entraide sur une partie des activités comme l’ensilage. Mais cela devient compliqué à gérer car là encore, les contributions sont déséquilibrées, explique le président. Les denrées les plus rares sont le temps, et la main-d’oeuvre disponible. »

Avec, en outre, des fenêtres météo se rétrécissant avec les changements climatiques, la moyenne des adhérents se dirige vers des matériels plus larges, plus rapides, plus lourds, chez eux mais aussi dans la cuma. Cela a, par exemple, été le cas pour le combiné de semis Maschio Gaspardo en 3 m. « Impossible à tracter avec les tracteurs, pour une partie des exploitations », tranche Adrien Alet.

Un tracteur en commun pour compenser

« C’est pour cela que nous avons créé le service traction. Nos tracteurs étaient trop anciens ou pas assez puissants : on ne peut plus tracter tous les matériels avec 100 ch. Et ça aurait été aussi très compliqué de financer un tel tracteur seul, ajoute le jeune éleveur. Le plus compliqué, finalement, a été d’évaluer et de combiner les besoins en termes d’heures, même si le profil des adhérents qui avaient besoin de ce tracteur se situent dans des systèmes fourragers assez souples. » De fait, les utilisateurs produisent tous de la viande, bovine ou ovine.

Besoins complémentaires pour la traction

« Nous sommes partis sur un crédit-bail, avec un engagement minimum de 450 h/an. Sur six utilisateurs, deux ont des besoins plus importants que les autres, de l’ordre d’une centaine d’heures, explique Adrien Alet. Ce sont des systèmes basés sur de l’enrubannage et du séchage en grange. Trois autres utilisateurs travaillent en sec, avec du foin. Et un dernier l’utilise en appoint, davantage pour des travaux de semis ou d’épandage du fumier. »

Une complémentarité d’usages qui fonctionne bien. « La période la plus tendue, c’est celle des foins, analyse-t-il. Les semis d’automne, ça passe sans problème, mais parce que nous sommes sur de petites surfaces. Si on comptait parmi nous un élevage laitier, ça nous permettrait peut-être de faire davantage d’heures en attaquant la saison. »

En termes d’organisation, Adrien Alet gère le planning : « Les adhérents m’appellent et ça se fait bien. Il faut simplement avoir le téléphone sur soi en permanence et rappeler. Le premier qui appelle a la priorité, mais parfois les adhérents s’arrangent entre eux. »

Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :