Grandes cultures et vignes : une même « culture » du désherbage mécanique

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Grandes cultures et vignes : une même « culture » du désherbage mécanique

Jean-Luc Prunier, président de la cuma Belle ïle, à Courçon en Charente, devant la bineuse de la cuma lors d’un chantier dans le Marais poitevin (@Fdcuma Charentes).

Dans les champs ou les vignes charentaises, on parle de plus en plus de désherbage mécanique. Que ce soit sous les rangs où dans les plaines, l’appréhension de cette pratique est semblable.

Dans tous les cas, les outils de désherbage mécanique doivent travailler sur des adventices très peu développées. Voire pas du tout, c’est-à-dire non visibles à l’œil nu.

Les 3 principes de base du désherbage mécanique

Trois principes s’imposent pour tirer profit de cette technique culturale :

  1. Je m’adapte à mon type de sol.
  2. J’estime mon temps disponible au printemps.
  3. J’anticipe et je facilite le passage des outils et des hommes.

En fonction de chaque situation, vous utiliserez les outils les plus adaptés. De ce point de vue, la cuma a l’avantage d’offrir une gamme d’outils diversifiés. Elle peut répondre ainsi au mieux à chaque situation individuelle.

1 / Je m’adapte à mon type de sol

L’enjeu est de prioriser les passages d’outils de désherbage mécanique appropriés aux contraintes de la parcelle et du sol. Pour cela, il est nécessaire de cibler la période idéale des interventions et anticiper au mieux leurs passages.

Les sols profonds de type marais ou pays bas, sont les plus délicats à « pratiquer ». Il faudra privilégier sur ces parcelles, des outils à intervention rapide dès que les conditions sont favorables au printemps. Préférez un passage de disque émotteurs dans les vignes par exemple. Et donc un passage d’outil de débuttage (*) en entrée d’hiver.

Pour les grandes cultures, la herse étrille reste l’outil polyvalent dans les périodes hivernales. Et pour le printemps, la houe rotative permet d’émietter et de niveler la surface du sol avec un débit de chantier important. Ce qui facilite le passage des outils suivants, la herse étrille notamment.

Herse étrille de la cuma Esab, en Charente.

Herse étrille de précision de 9 m, juste arrivée en 2023 à la cuma Esab. (©Fdcuma Charentes)

2 / J’estime mon temps disponible au printemps

La période du printemps, souvent très chargée, ne doit pas impacter l’efficacité des passages de désherbage mécanique. Là aussi, tout comme l’adaptation au type de sol, il faut prioriser les interventions qui ne peuvent pas être reportées. Le premier passage est primordial. Que ce soit une intervention « à l’aveugle » après semis, ou en reprise du passage hivernal sous le rang, il faut être prêt !

Ce qui conduit à choisir des outils ayant un débit de chantier important, tout en étant adaptés à la situation.

3 / J’anticipe et je facilite le passage des outils et des hommes

Pour les cultures annuelles, il faut préparer le passage des outils de désherbage mécanique. Cela nécessite de travailler sur un sol bien nivelé. Semez avec une densité plus élevée et un peu plus profond. Dans les vignes, certains outils de désherbage mécanique doivent travailler à plat pour plus d’efficacité. Il sera donc nécessaire de niveler le dessous du rang pour faciliter leur passage. Il est aussi primordial de ne pas gêner le travail manuel hivernal des vignes et le passage des outils inter-rang comme le broyeur à sarment. Dans le cas d’un débuttage d’hiver primordial dans des terres profondes, il existe des déflecteurs capables de repousser légèrement le sillon vers le dessous du rang.

cuma ESAB, Charente, intercep

Interceps polyvalent de 2011, équipé d’un cadre de guidage converti avec un équipement de débuttage permanent. (©Fdcuma Charentes)

Un matériel par fonction pour la cuma ESAB

Pour accompagner son outil intercep polyvalent et ses deux bineuses des années 2010, la cuma ESAB à Barret (Charente) a investi en 2020 et 2022 dans plusieurs outils spécifiques. Cette réflexion s’appuie sur le besoin des agriculteurs d’outils à usage spécifique. En effet, il y a dix ans, de nombreuses cuma se sont équipées d’outils très polyvalents avec plusieurs fonctions. Cette stratégie a rapidement montré les limites de la polyvalence. Il fallait sans cesse, démonter et remonter les différents équipements au gré des demandes des adhérents ! Au final, bon nombre d’équipements, une fois démontés, sont restés dans les cartons.

Les cuma se sont donc orientées vers l’achat d’outils plus simples avec une ou deux fonctions. C’est dans ce contexte que la cuma ESAB a investi dans deux châssis inter-ceps en 2020. Les premiers avec des lames. Et le second équipé de disques émotteurs et des doigts bineurs (kress). En 2022, la cuma a complété son parc d’outils interceps, avec des tondeuses satellites. Les cultures annuelles ne sont pas en reste, avec l’arrivée d’une herse étrille de 9 m en 2023. Ce projet a répondu à la demande croissante en faveur d’un outil de désherbage mécanique en plein pour les cultures annuelles.

Outils de désherbage mécanique

Pouvoir intervenir à tout moment dans les marais

Au sud du marais Poitevin, à Courçon (Charente-Maritime), la cuma de Belle Ile rencontre depuis plusieurs années des soucis de résistance des adventices face au herbicides. Elle fait face aussi à un phénomène de croute de battance en surface du sol. Pour répondre à ces deux problématiques, les adhérents majoritairement en conventionnel, ont fait le choix d’investir par la cuma dans une herse étrille 12 m et une bineuse 8 rangs. Arrivés pour la saison 2021, ces deux outils ont permis de « gérer » les terres profondes des marais notamment en sortie d’hiver.

« La herse étrille est déterminante précise Jean-Luc Prunier, président de la cuma. Elle permet de maîtriser les plantules sur l’ensemble de la surface de travail et de laisser une surface meuble. Ce passage facilite grandement la reprise par la bineuse, qui elle n’est pas équipée d’outils travaillant sur le rang. C’est pour cela que le travail de la herse étrille est important. Nous essayons de la passer jusque tard dans la saison, au moment où le châssis gêne le passage du maïs sans l’abîmer. Ensuite, la bineuse prend le relai. Et nous finissons son passage avec un butage grossier pour assurer une bonne couverture des lignes de semis ».

Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :

(*) débuttage : travail du sol qui consiste à supprimer la butte au pied des ceps