« Combien de nos voisins resteront ? »

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« Combien de nos voisins resteront ? »

L'équipe de la fédération des cuma de l'Aveyron au complet, élus et salariés.

"Combien de nos voisins resteront ? La terre continuera à produire, mais comment garder une dynamique sociale ?" Les questions abordées par le président lors de l'assemblée générale de la fédération des cuma de l'Aveyron sont partagées par l'ensemble de la profession agricole.

Il y avait de l’énergie à revendre lors de l’assemblée générale de la fdcuma de l’Aveyron. Un événement organisé cette année le 24 février à Sébazac-Concourès, sous la férule des administrateurs. Et qui avait pour thème l’installation et le renouvellement des agriculteurs. Un sujet abordé avec réalisme et sans langue de bois.

Quels voisins resteront ?

Lors de cette AG de la fédération des cuma de l’Aveyron, l’équipe renouvelée a présenté sous forme de vidéos le travail de l’équipe des salariés. Mais aussi l’équipe des agriculteurs récemment élus au conseil d’administration de la fédération, ainsi que la nouvelle directrice de la structure, Elisabeth Ollitrault.

Dans son rapport d’orientation, Didier Larnaudie, nouveau président de la fédération des cuma, a souligné les défis à relever pour les agriculteurs aveyronnais. Et l’atout que représentent les cuma.

« Lors de nos réunions de secteur, très suivies cette année, le renouvellement des générations a été la première thématique abordée », a-t-il noté.

Une histoire pour parler de la réalité, une bonne technique utilisée par le président de la fdcuma de l'Aveyron pour parler de l'installation.

« Je voudrais vous parler d’Albert… » Avec une saynète réaliste, Didier Larnaudie, président de la fédération des cuma de l’Aveyron a ouvert les vannes sur les questions d’installation, de cession et de transmission.

« Quand on relève la tête, on peut se demander combien de nos voisins resteront? La terre continuera à produire, mais comment garder une dynamique sociale? »

Soutenir les investissements… et l’ouverture en Aveyron

« Notre première préoccupation est bien entendu d’accompagner les investissements des adhérents de cuma, a-t-il souligné. Et l’animation doit aussi aller dans le sens de l’ouverture aux acteurs du territoire. C’est par exemple pour cela que nous expérimentons l’Erasmus rural. »

Pour aller dans ce sens, la sociologue Cécile Gazo a ouvert la table ronde en présentant les premiers résultats de sa thèse (en cours). Un travail axé sur le thème de la Diversification des instruments de soutien à l’installation en agriculture.

une experte sociologue intervient lors de l'AG de la fdcuma de l'Aveyron.

Cécile Gazo, doctorante en sociologie sur le sujet de l’installation agricole.

Cécile Gazo a par ailleurs insisté sur l’accumulation, et même le manque de lisibilité, des dispositifs d’accompagnement à l’installation. Et en parallèle, sur le fait qu’une partie des acteurs (notamment privés type « start-up ») rendent les cédants « invisibles ».

Libérer du foncier, ou transmettre?

Au-delà de l’adéquation des projets entre cédants et repreneurs, « il s’agit davantage de « libérer du foncier » que d’organiser une transmission », a-t-elle analysé. Ce qui interroge: y a-t-il un rejet de ce qui s’est fait? »

La transmission des savoir-faire, la continuité avec les circuits et les acteurs existants sont « gommés » au profit du côté novateur, comme si tout était à créer, a-t-elle poursuivi.

Les très nombreuses organisations présentes autour de la table ronde ont ensuite détaillé les outils et accompagnements mis à la disposition des cédants et des installés.

Y compris le réseau cuma, représenté par son nouveau directeur, Étienne Regnaud, son président, Matthieu Goehry, et le président des cuma d’Occitanie, le gersois Éric Encausse.

Ces derniers ont notamment souligné le rôle facilitateur des cuma au moment de l’installation. Mais aussi le travail actuel pour faire entrer les diagnostics de mécanisation pré-installation dans la future Loi d’orientation agricole.

Mon exploitation est-elle assez rentable pour une reprise?

À noter, une intervention lucide de Christian Naudan. Ce dernier, en charge de l’agriculture au sein du conseil départemental, qui n’a pas manqué de tendre un miroir aux agriculteurs. « Les outils sont là. Mais il faut aussi que les agriculteurs se demandent s’ils ont envie d’avoir des installations. Très concrètement, offrir son exploitation à l’agrandissement, c’est se priver d’un voisin. »

Julien Tranier, représentant de JA d’Aveyron, a sur ce sujet souligné un point jugé  « tabou » dans la profession agricole: « Certains futurs cédants se demandent si leur exploitation est viable, et donc si la transmission est possible. »

Les repreneurs ne manquent pas en Aveyron

En face, les repreneurs ne manquent pas. Corinne Labit, directrice générale déléguée de la chambre d’agriculture de l’Aveyron, évalue à 300 le nombre de mises en relation effectuées par an avec le répertoire des installations (RDI).

Élisa Michel-Maynier, de l’Addear, évoque l’accueil de 450 repreneurs potentiels sur 2022, et de 50 cédants sur 45 exploitations. La structure a d’ailleurs mis en place avec la fdcuma12 un programme de repérage des agriculteurs en âge de transmettre leur exploitation avec la fdcuma.

Naissances de foncières

Clément Carles (Région Occitanie) et Dominique Barrau (Safer), ont pour leur part mentionné la création de foncières. Celle d’Occitanie est opérationnelle, permettant « aux agriculteurs de louer des terres qu’ils ne peuvent acheter. La Foncière reste propriétaire des terrains pendant une durée de portage de 4 à 9 ans. L’agriculteur, locataire, peut acquérir les terres à la fin de cette période, sans inflation. » La Safer a annoncé, lors du Salon de l’agriculture, la création d’un fonds national de portage de foncier doté de 30 millions d’euros.

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