[Gestion] Une réserve collinaire en cuma pour irriguer

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[Gestion] Une réserve collinaire en cuma pour irriguer

De l'eau pour du maïs, des arbres et des légumes.

La cuma, ça peut être beaucoup plus que du partage de matériels. Témoignage d’un groupe du Rhône qui a permis à trois exploitations d’irriguer leurs terres et à un jeune de s'installer.

La cuma de Pollionnay (Rhône) est située dans une zone où la pression foncière est forte. On est à une quinzaine de kilomètres de Lyon. «Mon père, éleveur laitier, avait créé un lac collinaire avec un voisin arboriculteur en 1982, se souvient Daniel Petitjean, trésorier. Puis un jeune maraîcher a cherché à s’installer dans la commune. L’arboriculteur lui a loué 5.000m2. Le gaec dont je suis membre lui a cédé de l’eau.» Mais en 2008, de nouvelles règles de gestion des réserves d’eau sont arrivées, il fallait procéder à des travaux. Autant en profiter pour agrandir, toujours en jouant collectif.

Franchir les barrières

«D’habitude, on aurait fait une ASA, mais à 4 adhérents, cela nous semblait difficilement gérable.» En fait, la cuma était déjà là, pourquoi ne pas s’appuyer sur elle? La démarche n’a pas réussi du jour au lendemain. «Du côté de l’administration, on nous disait que cela n’était pas possible. Mais je suis têtu et je ne lâche pas le morceau!» Un organisme local spécialisé dans l’irrigation, le SMHAR, les a guidés vers la solution. Finalement, le terrain est resté en copropriété à deux exploitants qui le louent à la cuma. Un bail de longue durée garantit de la pérennité du projet: «Il ne fallait pas que le jeune installé risque à l’avenir d’être privé d’eau du jour au lendemain.»

Daniel Petitjean

Daniel Petitjean : «Je suis têtu et je ne lâche pas le morceau !»

Un bail à long terme

La cuma a financé les travaux d’agrandissement, pour passer de 8.000 à 16.000m3 de capacité, et de mise aux normes. Soit 55.000€. Elle a aussi investi dans une station de pompage un peu hybride, pour 30.000€. Elle doit en effet alimenter des réseaux d’irrigation pour des légumes, des arbres, du maïs, voire de la luzerne, qui n’ont pas les mêmes besoins. Le tout fonctionne depuis 2012. Ce type d’initiative est possible grâce au caractère local d’une cuma, commente Pierre Gasselin, géographe à l’INRA: «L’inter-connaissance des membres et la continuité géographique permettent à la cuma de réaliser ce que nous appelons activer les ressources territoriales.»

Ce témoignage a été livré durant un débat intitulé «Agriculteur : oser réinventer les cuma – Comment seront les cuma demain? Au service de quelles coopérations locales?», dans le cadre de l‘Université aux Champs, le 31 août 2017 à Lisieux (14). Plus d’infos dans notre dossier sur le Salon aux Champs.