Changement climatique : « S’allier à la ville pour s’adapter ensemble »

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Changement climatique : « S’allier à la ville pour s’adapter ensemble »

Une stratégie d’adaptation collective est indispensable face au changement climatique. (Crédit: ©Adobe Stock)

"Demain, il faudra une stratégie d’adaptation collective : s’allier à la ville, aux voisins néo-ruraux, pour s’adapter ensemble au changement climatique en utilisant l’eau et le végétal plutôt que la climatisation." Un point de vue fort défendu par Lionel Phillip, président de la fédération des cuma Gironde / Lot-et-Garonne.

Lionel Phillip a mené avec son équipe une AG centrée sur les possibilités qu’offrent les cuma pour s’adapter au changement climatique, le 16 février au lycée de Sainte-Livrade-sur-Lot. Entretien.

Des intervenants pointus

Lionel Phillip

Lionel Phillip, président de la fédération des cuma Gironde-Lot-et-Garonne.

Intervenaient lors de cette séquence :

  • Jean-François Berthoumieu, directeur de l’Association climatologique de la moyenne Garonne, membre d’Agralis et Président du Cluster « Eau & Adaptation au Changement Climatique » ;
  • Julien Marti directeur d’exploitation au Lycée Agricole de Nérac et Président de la Cuma Fieux « Garliès ».

Quel est le diagnostic précis ?

« Jean-François Berthoumieu estime que, sur Agen, les normales de température ont augmenté de 1,3 °C entre 1985 et 2017. Les besoins en eau vont continuer à croître partout en France d’au moins 1 mm par jour entre avril et octobre, certains jours à 2 mm. L’eau est le meilleur moyen pour se protéger contre le gel de printemps et les canicules, à condition d’avoir des systèmes d’apport adaptés et une ressource suffisante. »

Faut-il « tout casser »?

« Non ! Nous sommes persuadés qu’au contraire, les cuma mènent déjà des solutions en facilitant les projets, par la mise en commun d’idées et la répartition des risques financiers. Avec les tours à vent pour lutter contre le gel, mais aussi pour sécher les feuilles et réduire les maladies. Pourquoi pas demain, l’implantation de haies brise froid/vent, et permettre la réalimentation des sols profonds en eau de ruissellement.

Jean-François Berthoumieu nous incite à produire aussi du biochar à partir des bois de vigne ou des vergers arrachés. Ce carbone dispersé dans les sols (10 t/ha) permettra d’améliorer le fonctionnement hydrique en retenant l’eau et d’accroître le pH, en améliorant la structure des sols. »

Quelles pistes dans votre secteur pour contrer le changement climatique ?

« Il y aura un enjeu de types de culture et de variété. Sur Agrocampus, Julien Marti a exposé les différents tests menés : la serre bioclimatique de Tonneins : +7°C de plus en hiver, pour la production d’agrumes. La culture de genévrier bio, résistant au stress hydrique et jusqu’à -15°C Le Projet « Pacanier en agroforesterie », qui tolère des froids et des chaleurs importants (+42°C en foliaire) . Tout comme la Silphie, plante pérenne sur 10-15 ans, avec des valorisations multiples en alimentation animale, litière, méthanisation. »

Et au-delà du secteur agricole ?

Demain, il faudra bien sûr une stratégie d’adaptation collective. Montrer tout l’intérêt à préserver autour des villes des zones fertiles, cultivées, fraîches en été… car irriguées. Mais aussi pousser à créer des zones de fraîcheur végétalisées à la place des îlots de chaleur et des zones de stockage des eaux de ruissellement avec les agriculteurs. Stocker l’eau de manière intelligente dans les sols, les zones humides, des lacs de nouvelle génération, en rechargeant les nappes alluviales et en utilisant les eaux usées traitées. Économiser l’eau d’irrigation tant qu’il ne fait pas plus de 33/34°C (dans le Sud-Ouest). « Utiliser » cette eau les jours de canicule, déjà stockée et économisée, afin d’évapotranspirer au travers de végétaux et ainsi réduire à grande échelle l’amplitude thermique. En effet, 200 mm d’ETP, c’est -4°C d’amplitude thermique journalière.

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