Comment créer un groupe tracteur en cuma? Réponses aveyronnaises

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Comment créer un groupe tracteur en cuma? Réponses aveyronnaises

Témoignages et expertises se sont enchaînés lors de la Journée de la mécanisation, portée par la fdcuma de l'Aveyron.

Aucune histoire ne se ressemble... même celles de tracteur! Trois responsables de cuma ont partagé leur expérience de création d'activité de traction en commun lors de la journée de la mécanisation, portée par la fédération des cuma de l'Aveyron, fin septembre.

SOMMAIRE

La journée de la mécanisation en Aveyron, portée par la fédération des cuma, était dédiée cette année à la traction. L’après-midi, centrée sur des interventions techniques, était précédée par une matinée de témoignages où trois thèmes étaient abordés:

  • Comment démarrer un groupe « traction » en cuma?
  • La mise en place d’un atelier de service complet « traction + salarié »
  • et enfin « Pourquoi adhérer à l’activité tracteur de la cuma? »

Focus sur le premier atelier, où trois agriculteurs témoins se sont succédé pour évoquer la création de l’activité « traction en commun » dans leur cuma.

Cuma de Combret:  « On l’a fait en quatre mois »

Fabien Liquière et Jonathan Bezes, de la cuma cuma aveyronnaise de Combret, sont venus évoquer la genèse du groupe tracteur de leur cuma, lancé en 2021, lors la Journée de la mécanisation de la fdcuma de l’Aveyron.

Fabien Liquière et Jonathan Bezes, de la cuma cuma aveyronnaise de Combret

En résumé

« Le groupe tracteur, c’est un projet qui traîne à la cuma depuis 15 ans », a résumé Fabien Liquière. »À chaque fois, la dynamique butait à l’étape des devis. Cette fois, on a fait attention à ne pas trop espacer les réunions. On s’est retrouvés dans un groupe d’adhérents assez jeunes, on s’entendait bien à la base. Nous avons a établi quelques règles au préalable, sur la propreté de la machine, les activités auxquelles serait dédié le tracteur… On l’a fait en 4 mois. »

Le contexte

« La cuma de Combret est une cuma qui fonctionne déjà bien, on avait de très bonnes bases sur les matériels attelés. Le groupe qui a fait avancer la traction en commun a décidé de ne pas s’arrêter aux mises en garde. On s’est testés sur la location, et on y a été franco. »

Les demandes : puissance et qualité pour le tracteur

« On s’est réunis fin 2020 pour évaluer les besoins, à 7 personnes. Certains avaient des tracteurs fatigués, des puissances autour de 150ch, d’autres n’en avaient carrément pas. Au départ, on est parti plutôt sur une machine à grosse puissance, précise l’agriculteur.

« Pour se donner les moyens de choisir, on a opté pour la location la première année. On est donc parti sur un tracteur de forte puissance avec peu d’options pour se tester sur l’entente et l’organisation. On a bien fait les heures que l’on avait anticipées. Par contre, on s’est aperçus que le bas de gamme ne convenait pas. On s’est réattelés au projet, avec cette fois en ligne de mire un tracteur de bonne qualité.  Là, ça a failli clasher à cause du prix. On a presque flanché, pour se diriger vers une puissance moindre. On a trouvé un compromis: un tracteur d’un peu plus de 200cv, de bonne qualité. »

Les facteurs de réussite: des règles et de la communication

« On organise l’activité avec un groupe WhatsApp, et c’est très fluide. Nous avons quelques priorités, comme l’activité presse, qui prend le dessus sur les autres. Le plus important, c’est le respect des règles et la communication entre adhérents. Le prix est raisonnable, ce qui incite à utiliser le tracteur au-delà des heures engagées. Cette année, par exemple, il a fait 100 heures en plus », a précisé Jonathan Bezes, administrateur.

Un tracteur, qui en cache 10 autres

« Ça a crée des liens entre adhérents. Le groupe WhatsApp, on l’utilise pour s’envoyer des bêtises, ça nous fait rire. Mais dès que l’un d’entre nous a un souci, on trouve une solution. En réalité, derrière le groupe tracteur, c’est déjà une dizaine de tracteurs qui sont mobilisables, les nôtres », a aussi détaillé Jonathan Bezes.

Deuxième tracteur en ligne de mire?

« Tout ça fait qu’on pense déjà au deuxième tracteur. Avec un point de vigilance: le groupe « pousse » pour avoir un tracteur de puissance un peu plus élevée, mais il faut que ça colle avec le reste des tracteurs et matériels. Cela nous incite à réfléchir à un deuxième groupe tracteur, peut-être finalement autour d’une machine dotée d’une puissance moins élevée. »

Cuma de Saint-Germain: « À trois, on s’est engagés pour plus de 100 heures chacun »

« La cuma de Saint-Germain, en Aveyron, avait déjà créé un groupe tracteur, jusqu’en 2003. L’agrandissement des exploitations a conduit à davantage d’investissements en individuel, la dynamique s’est essoufflée. Jusqu’à récemment, où à la faveur de quelques adhérents, l’activité a repris », a expliqué Pierre-Louis Fages, secrétaire de la cuma de Saint-Germain, en préambule.

Pierre-Louis Fages, secrétaire de la cuma de Saint-Germain.

« Nous avons acheté un gros broyeur de pierres en complément de notre petit, à la demande de quelques grosses exploitations, » a-t-il expliqué. « Or, c’est l’activité du petit qui finançait celle du gros! »

Décision radicale: location d’un gros tracteur

« Nous avons pris une décision radicale: nous avons vendu le petit broyeur et loué un tracteur de 250ch, pour le gros. La location fonctionne, au-delà même des heures au contrat, d’autres adhérents se décidant pour prendre le tracteur pour de petits quotas d’heures de transport.

Fin 2020, les conditions de location évoluent, remettant en cause l’équilibre de l’activité: « c’était 12€ en plus par heure, avec en outre les frais d’entretien et de pneumatiques à notre charge. » Le rachat du tracteur s’avère trop onéreux au vu des 3500h déjà au compteur. Le groupe étudie l’achat d’un tracteur neuf, mais les engagements fermes ne sont pas à la hauteur.

Plus le choix: mettre des heures sur la table pour acheter

« Nous n’avions plus le choix », résume le secrétaire de la cuma de Saint-Germain, « il nous fallait un tracteur de grosse puissance pour le broyeur. Or, parmi les adhérents, certains avaient le projet d’investir dans un Combipack (une presse enrubanneuse, ndlr). »

Finalement, trois adhérents, dont le président, décident de mettre sur la table des engagements élevés, de plus d’une centaine d’heures. Entre les 300h de broyage, les 80h liées à la presse enrubanneuse, les heures mises sur la table par ces adhérents, « le groupe dépasse les 600h. Nous ne regrettons pas d’avoir créé cette activité tracteur. Je regrette par contre d’avoir perdu du temps à aller chercher de tout petits engagements », souligne le président.

« Nous avons mis une priorité sur les activités de broyage de pierres et le Combipack. Au moment de l’ensilage, quand ça « bouchonne », je mets à disposition mon plus gros tracteur et ça règle le problème », conclut Pierre-Louis Fages.

Cuma de Ségur: « dépassionner le débat avec un vote à points »

« Nous avons fait une réunion en 2022 pour évaluer les besoins en termes de puissance, d’utilisation d’heures », relate Lilian Cluzel, président de la cuma de Ségur.

Lilian Cluzel, président de la cuma de Ségur.

« Au total, nous avions initialement recensé, un millier d’heures et deux profils de tracteur complètement différents. L’un de petite puissance, 4 cylindres avec un chargeur pour travailler dans les bâtiments. Et un second de grosse puissance, 6 cylindres pour la traction et le travail du sol. On était une bonne dizaine à être intéressés.

Un millier d’heures et deux tracteurs

« Nous sommes donc partis d’emblée sur 2 cahiers des charges, que l’on a présentés à une douzaine de concessionnaires », détaille Lilian Cluzel.

« Ils ont joué le jeu et nous ont présenté tour à tour leurs matériels, nous les ont mis à disposition pour les tester. Nous avons réceptionné tous les devis au format pdf. Tous les adhérents impliqués dans le projet les ont reçus en même temps pour pouvoir s’en imprégner avant de se réunir. »

« Nous voulions éviter les problématiques du choix du concessionnaire et de la couleur du tracteur. Pour cela, je souhaitais aussi que l’on se mette d’accord sur le prix que nous étions prêts à mettre dans cette activité. »

La méthode pour ne pas s’arrêter à une « couleur » de tracteur

« Nous sommes dont partis sur un prix constant de la première à la dernière heure d’utilisation du tracteur. C’est-à-dire de garantir un tarif en incluant le contrat d’entretien, les extensions de garantie, tout compris », résume le président de la cuma de Ségur.

« On a défini un amortissement de 5 ans , sans intégrer la valeur de reprise dedans. Cela a permis à ceux qui avaient des craintes sur le tarif, par rapport à d’éventuelles pannes, de s’investir en toute confiance. »

Prêt à mettre 25€ pour une heure de tracteur

Ensuite, « chacun a donné ce qu’il était prêt à mettre à bulletin secret, en moyenne on atteignait 25€/h. Puis, il suffit d’évaluer le nombre d’heures engagées et cela donne un budget. Les devis étant très détaillés -ce que nous avions demandé-, c’était facile ensuite, de rayer les options qui ne rentraient pas dans ce prix », explique Lilian Cluzel.

« Nous avons ainsi pu aller jusqu’au bout sans parler de couleur. Ensuite, nous avons procédé à un vote à bulletin secret, chacun votant pour trois tracteurs avec des scores différents. Trois points pour son tracteur préféré, deux points pour un autre sur lequel on serait d’accord, et 1 point pour celui dont on ne veut pas. C’est comme ça que nous avons pu dépassionner le débat.

Et patatras!

Malgré cette méthode bien construite, le projet ne va pas tout droit. « Un adhérent engagé sur une grosse centaine d’heures s’est désengagé. cela remettait en cause le projet à deux tracteurs… et de fil en aiguille, nous sommes tombés à 700h d’engagement au lieu des plus de 1000 », raconte Lilan Cluzel.

« Il restait 9 adhérents intéressés. Et on s’est dit que c’était dommage d’avoir fait tout ce boulot pour rien! »

Un tracteur de 160ch avec chargeur… pour commencer

« On s’est remis à l’ouvrage. On a à nouveau recensé les besoins. Nous avons décidé, pour faire démarrer l’activité, de faire un compromis en investissant dans un tracteur de 160ch muni d’un chargeur », résume-t-il.

« Nous avons rebâti le cahier des charges, refait faire des devis… Avec les 25€/h, en moyenne, que chacun était prêt à mettre, et les 700 heures engagées, cela nous donnait un budget de 140000€. Le vote a permis de dégager un gagnant: un Kubota, sur lequel personne n’aurait parié au départ. mais c’est le candidat qui a donné les meilleures garanties, sur l’entretien et l’extension de garantie. Le tracteur a déjà fait 400h en 3 mois, sur les 700 annuelles engagées. Notre prochain objectif? En acheter un deuxième. »

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