Comment vendre son énergie sans intermédiaires ?

Partager sur
Abonnés

Comment vendre son énergie sans intermédiaires ?

Les prix actuels de l'électricité augmentent la rentabilité de la production d'électricité, notamment en milieu agricole.

Vendre sa production d’énergie de gré à gré est possible, mais reste difficile. Les tarifs proposés par l’État sont souvent plus avantageux, sauf si un partenariat intéressant pour les deux parties est conclu. Le point avec Julien Delgove, spécialiste de ce sujet chez Enerbioflex, un bureau d'études indépendant spécialisé en énergie agricole.

Produire de l’énergie, c’est une chose, la vendre, c’en est une autre. Pour assurer leurs investissements, la plupart des producteurs d’énergie choisissent de commercialiser leur production dans le cadre de contrats fixés par le gouvernement. D’autres choisissent de vendre directement à leurs consommateurs. Le mécanisme est un peu différent, Julien Delgove, président d’Enerbioflex, un bureau d’études spécialisé dans l’énergie agricole, explique comment vendre de l’électricité de gré à gré. On ne parlera ici que de la vente d’électricité, voir dernier paragraphe.

Comment peut-on vendre de l’électricité de gré à gré ?

Pour vendre de l’électricité directement à un consommateur, un contrat doit être établi. Celui-ci doit être assez compétitif pour l’acheteur et assez rentable pour le producteur. Selon l’accord, un niveau de prix est établi ainsi qu’une durée. Pour le producteur, ce type d’accord lui apporte de la souplesse. Pour le consommateur, cela peut lui permettre de diversifier ses approvisionnements. C’est avant tout une question de négociation.

Par ailleurs, la production d’électricité n’est pas linéaire, sauf pour certaines rares installations. On produit davantage d’électricité l’été et la journée, et cela ne correspond pas toujours aux périodes les plus sollicitées. Le client, s’il a besoin d’électricité tout le temps doit donc souvent maintenir ses contrats avec d’autres fournisseurs afin de combler les périodes de moindre production.

Existe-t-il de tels contrats en agriculture ?

Entre gros producteurs et consommateurs, il existe déjà ces accords de vente direct. En agriculture, et de manière générale, pour les petites structures, je n’en connais pas. Avec de tels niveaux de prix atteints ces derniers mois, la question de vendre de l’électricité de gré à gré se pose car elle devient plus rentable.

Quelles sont les spécificités pour la vente d’électricité ?

L’électricité ne se stocke pas, il y a donc des spécificités à la vente de ce produit. Il faut avant tout être conscient que la production n’est pas linéaire. Mais dans ce type de contrat, il faut distinguer la fourniture assurée par le producteur et le transport assuré par un tiers.

Pour transporter l’énergie, il faut faire appel au Réseau de transport d’électricité (RTE), chez nous en France, et à celui de distribution. Ce peut être Enedis ou d’autres entreprises ou collectivités locales (les entreprises locales de distribution, ELD). Ces activités ne peuvent être prises en charge par le producteur.

D’autant plus, qu’en matière d’électricité, il faut ajouter un acteur supplémentaire au transporteur qui est l’agrégateur. Celui-ci s’assure de l’équilibre entre l’offre et la demande sur son marché. Eux, font face à des risques techniques et si l’électricité n’est pas utilisée, ils ont des pénalités. Selon les types de contrats, il faut compter entre 20 et 235 €/Mwh pour la partie transport (sans compter celle de l’agrégateur).

Julien Delgove, président d'Enerbioflex.

Julien Delgove, président d’Enerbioflex fait le point sur comment vendre de l’électricité de gré à gré.

Y a-t-il des prérequis à prendre en compte en amont ?

Pour le producteur d’énergie, on peut estimer qu’il n’y a pas d’installation ou de formation spécifiques à suivre auparavant. Cependant, avant d’être injectée dans le réseau, l’électricité produite doit répondre à un cahier des charges. Et cela, quel que soit le type de contrat. Des réseaux contrôlent cette qualité qui est définie par un niveau de fréquence, de tension et d’intensité.

En revanche, du côté de l’acheteur, il y a des adaptations à réaliser. Il peut avoir besoin d’un autre poste de livraison afin de bien distinguer les contrats et de mieux comptabiliser la consommation. Il est donc moins libre de changer de fournisseur du jour au lendemain. S’il ne s’équipe pas d’un autre poste de livraison, il devra partager le sien avec son fournisseur.

La vente d’électricité de gré à gré est-elle un sujet porteur ?

Dans ces types de contrats, la négociation entre les trois parties (producteur, agrégateur et consommateur) est primordiale. Le prix de l’électricité doit rester compétitif par rapport aux tarifs réglementés de l’État. Lorsque les marchés sont hauts, les contrats peuvent être intéressants, s’ils sont bas, ce n’est pas rentable. Sur ce point, il est difficile d’avoir de la visibilité.

Pour des petites unités de production, ce ne sont que les balbutiements. Les contrats sont encore en phase de recherche et de développement. Cependant, c’est un sujet qui évolue rapidement au niveau législatif, dans le sens où le gouvernement cherche à multiplier ces types d’accords. Mais cela bouscule les contrats énergétiques, c’est certain.

Vendre du gaz directement, c’est risqué

Si techniquement, il est possible de vendre du biogaz de gré à gré, dans la réalité, c’est très rare. Les contrats que propose l’État représentent des gages de rentabilité auprès des investisseurs. En effet, ils ont une durée de quinze ans avec des prix fixés à l’avance. Seules les unités en cogénération qui ont déjà remboursé leurs investissements peuvent se permettre un peu plus de risques en essayant de vendre directement le gaz produit. Mais cela reste très rare.

Pour plus d’informations, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :