De longue date, les quatre salariés de la cuma de Roche savaient que ce jeudi 22 mai, ils ne feraient ni de tracteur, ni de mécanique. Qu’il pleuve, vente, neige ou qu’il fasse grand beau, comme ce fut le cas, le groupe avait décidé de mettre en pause le quotidien et ses chantiers. À l’ombre de son bâtiment fraîchement dressé dans la campagne de Langon, cette porte ouverte était aussi l’aboutissement d’un semestre de préparation pour la commission missionnée par la dernière assemblée générale. Le président, Christian Guémené, en est convaincu : « Notre service est de qualité, de proximité et diversifié. Il peut convenir à des nouveaux adhérents. Nous voulons mettre ces notions en avant. » Retour sur la journée portes ouvertes de la Cuma de la Roche.
Une journée porte ouverte pour gonfler le cours des activités
Angéli Lebreton et Olivier Blin appuient : « Et il y a de la place ! Si certains nous sollicitent, nous serons capables de leur ouvrir la porte. » À l’instar de ces deux adhérents acteurs de l’organisation, « tout le monde est investi quelque part dans la cuma. Et tout le monde joue plutôt le jeu », analyse Paul Letort, un salarié de la coopérative, lui aussi membre de la commission communication. Il apprécie ainsi trouver un esprit convivial et de solidarité. « Nous ne sommes pas livrés à nous-mêmes. En cas de besoin, on peut toujours demander aux adhérents de venir aider à mettre des réhausses, ou nous dépanner d’une pièce. »
Leur mobilisation pour cette journée de porte ouverte est d’ailleurs révélatrice de l’implication des adhérents dans la coopérative. « Chaque visiteur a ainsi bénéficié d’une visite construite passant par tous les ateliers », résume Aline Dion-Paillard, l’animatrice de la fédération qui accompagne la cuma dans sa démarche. Ces ateliers présentent les activités, le matériel, le bâtiment aménagé avec les conseils de la MSA…
La cuma fait le choix d’une journée porte ouverte 100 % agriculteurs
L’animatrice souligne la qualité de l’assistance ce jour-là : La cuma ciblait uniquement des agriculteurs du secteur. Elle a atteint son objectif. « Nos matériels passent tous les jours devant des fermes qui ne nous connaissent pas vraiment. Cette journée, c’est une occasion qu’on donne de remédier à cela », résume Julien Colin, adhérent. La cuma sait donc faire des choix, son histoire le prouve aussi. Le salariat et la traction en fut un délibéré. « Pour le bon entretien du matériel, à un moment donné, ça a été nécessaire de le faire », revient le président.
Stratégie de la prestation
Le trésorier Sébastien Valentin acquiesce : « Il y a eu une période où les activités tournaient moins bien. » Un responsable d’outils complète : « Des matériels revenaient cassés et ce n’était jamais personne. » À l’issue de la remise à plat de son fonctionnement, la cuma de Roche imposait la prestation complète pour ses activités stratégiques.
Certes, la facture est plus chère lorsqu’elle intègre ainsi la traction et la conduite. « Mais on se rend compte que ce n’est pas ce qui compte le plus pour la pérennité du système », analyse le trésorier. « Quand la qualité de service est là, les adhérents sont satisfaits, les activités fonctionnent… » in fine, les coûts de chantier se compressent. Aujourd’hui, les adhérents font labourer leurs terres pour moins de 100 €/ha.
Cuma de Roche et sa journée portes ouvertes : 4 tracteurs, 4 000 h de traction
Finalement, cette contrainte qui a nourri la qualité de service fait la réussite de la cuma aujourd’hui dynamique. Ce jour de visites, elle évoque le lancement d’un service de moisson pour 150 ha grâce à de l’intercuma, ainsi que la livraison imminente d’une rampe à patins pour sa tonne à lisier… « Nous avons des demandes de diversifier aussi nos activités », explique le président qui n’a pas peur des projets. Il se souvient de l’acquisition récente d’un combiné d’enrubannage « pour 2 500 bottes par an. » Engin qui finalement emballe plutôt 4 000 unités chaque année.
« C’est souvent comme ça quand on arrive à lancer une activité. On a souvent bonne surprise à la fin. » Un groupe de fauche réitèrera-t-il l’histoire ? Le projet est en tout cas une réflexion du moment. « Et serait plus facile si nous sommes plus nombreux car il nous faudra aussi un tracteur plus puissant », analyse le président.

La cuma a notamment réalisé des tee-shirts, avec son logo pour la journée (©Entraid).
En attendant, la coopérative se porte bien et ses adhérents s’y retrouvent. Plusieurs constatent le bon entretien de l’ensemble du parc, l’organisation efficace… « Et ce qui fait fonctionner le système, c’est la présence d’une équipe de salariés », appuie Julien Colin qui justifie ainsi un autre paragraphe du règlement intérieur.
L’adhésion à la cuma implique de solliciter au moins 40 h/an de traction. « En même temps ça bride l’entrée dans la cuma d’agriculteurs qui n’adhèreraient que pour quelques petits matériels sans s’y investir », s’accordent plusieurs représentants. Le président souligne l’importance de cet esprit d’implication : « Il faut faire vivre et organiser la cuma, ça ne se fait pas tout seul. C’est ça le sens d’une adhésion. »
Cultivatrice d’implication
Adhérente depuis peu, Alice Pirot applique. « J’ai intégré le conseil d’administration, pour voir comment ça fonctionne. L’idée, c’est de ne pas considérer l’outil comme une prestation, mais bien d’être partie prenante de l’outil. » Car si le collectif était « un choix évident » pour cette fille de cumiste convaincu, c’est d’une part parce qu’il est « clairement un atout sur le plan financier, il ne faut pas se le cacher », d’autre part parce qu’il permet d’échanger sur les pratiques, le matériel, la technique… avec des voisins qui connaissent les lieux. « Il y a un côté rassurant. Surtout que nous n’avons pas un cédant à qui nous adresser », commente l’agricultrice.
Si elle évoque déjà des idées qui améliorerait encore le sens de l’accueil du groupe, elle souligne « un point attractif, c’est que la cuma fonctionne bien et sainement : Tout le monde est logé à la même enseigne. » Pour sa structure assise sur 50 ha de SAU, l’obligation de réaliser 40 h de prestation avec la cuma n’est pas un point anodin. « Pour la première année, avec de la prairie à implanter, etc, ça n’a pas posé de soucis. »
En revanche, en rythme de croisière, « aurons-nous un tel besoin ? » s’interroge Alice Pirot tout en glissant la certitude que si un service de fauche prend forme, « cette question ne se posera pas plus. »
Journée portes ouvertes de la Cuma de Roche : un bâtiment pour durer

Le bâtiment de la cuma de Roche, à Langon (35), abrite depuis 2024 une activité florissante (©Entraid).
Désormais, la cuma de Roche ne joue plus dans la même cour, avec une construction bien adaptée à ses besoins et dont l’aménagement assure sécurité et confort aux opérateurs qui y interviennent. « Nous avons construit ça pour 20 ans, pas juste pour aujourd’hui. »
L’ancien président Dominique Blouin justifie ainsi que le financement des 700 000 € de l’opération repose en partie sur une hausse des coûts de service, néanmoins limitée à 5 %. En effet, la recette de la vente d’électricité photovoltaïque (prévue à 32 000 €) contribue largement au budget.
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