Dans le Béarn, à la cuma d’Ogeu, l’environnement, tranquillement

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Dans le Béarn, à la cuma d’Ogeu, l’environnement, tranquillement

Romuald Pascal devant l'andaineur à tapis de la cuma d'Ogeu (64). Les matériels sont stockés chez la douzaine de responsables d'activité de la cuma, lesquels sont dédommagés en fonction du type de matériel.

Comme dans bien des cas, la cuma d’Ogeu, dans les Pyrénées-Atlantiques, satisfait aux principes de la responsabilité sociétale des organisations (RSO) sans trop d’efforts. Gouvernance, synergies territoriales, mais aussi environnement : c’est dans les clous.

À première vue, la cuma d’Ogeu, présidée par Pierre-Jean Labarrère, ressemble à beaucoup d’autres. Créée autour de l’ensilage, elle compte quelques dizaines d’adhérents dans un secteur de petites exploitations d’élevage à dominante maïs. Et puis, en y regardant d’un peu plus près, on s’aperçoit que la situation n’est pas si classique. Un nombre d’adhérents qui explose, cinq tracteurs partagés, une activité fenaison en plein développement avec l’acquisition récente d’un andaineur à tapis Roc pour préserver les fourrages, l’accompagnement d’un adhérent sur une unité de méthanisation… Les projets ne manquent pas, comme le précise le trésorier, Romuald Pascal, qui reçoit ce jour de printemps sur son exploitation. La dynamique a pris de l’ampleur au moment où les enfants des fondateurs ont repris les exploitations.

La relève à la cuma béarnaise d’Ogeu

« La cuma a été créée en 1977, autour de l’ensileuse, avec une petite conditionneuse pour l’herbe fauchée, précise-t-il. Ils avaient aussi une remorque liée à l’ensileuse et un épandeur à fumier. C’était la génération de mon oncle et des parents des autres adhérents. Puis on est une bande à s’être installée, en 2005-2006. On s’est dit qu’on pourrait faire autre chose que l’ensileuse. On a développé d’autres activités en discutant. La bascule, ça a été le deuxième épandeur à fumier. Comme nous avons dû faire face à un surcroît d’activité avec cet épandeur, avec le noyau dur de la cuma, on a organisé les chantiers en entraide, avec nos télescopiques, notamment. »

En discutant…

« Et en discutant encore, poursuit le trésorier, on a noté que l’entrepreneur avait un déchaumeur. On s’est demandé si ça intéresserait du monde. Et on a acheté un déchaumeur. Puis de fil en aiguille, on a acheté un rouleau, une pompe à sulfater, une enrubanneuse, des round-balers… »

Le mouvement s’explique aussi par la structure des exploitations : « Nous sommes majoritairement sur des exploitations d’élevage, avec des SAU moyennes autour de 50 ou 60ha », explique Romuald Pascal. « Des exploitations solides mais qui peuvent difficilement investir dans des matériels très chers, qui servent trois fois dans l’année… et encore moins avec les prix actuels, » souligne-t-il.

Cinq tracteurs en commun à la cuma d’Ogeu

Pas évident a priori de partager cet outil de traction central sur les exploitations, qui « pèse » largement dans les charges de mécanisation, et sur les consommations de carburant. Et pourtant, Romuald Pascal détaille le parc « traction » de la cuma : « Nous avons un tracteur pour l’épareuse, qui va maintenant être servi avec des roues étroites pour localiser l’azote ou les désherbages. Un tracteur pour le semoir à maïs. Un autre en 160 ch qui travaille chez pas mal d’adhérents, qui serait trop coûteux en individuel. Puis avec le projet de méthanisation, qui consolide les activités de transport et d’épandage de la cuma, deux autres gros tracteurs. Dont l’un « tourne » aussi dans les exploitations. »

L’andaineur à tapis

« A 80 000€, même les plus gros d’entre nous ne pourraient pas s’offrir un andaineur comme ça, note Romuald Pascal. La cuma, et la subvention PCAE nous ont aidés à franchir le pas. Ça fait réfléchir pas mal d’adhérents. On achète habituellement notre luzerne en bottes, en provenance d’Espagne. Les plus « gros » d’entre nous avaient commencé à faire du soja (que l’on vend) pour remplir nos obligations PAC. Avec cet andaineur, qui vient compléter notre groupe de fauche avec le conditionneur à rouleaux, je me pose la question d’arrêter le soja pour le vendre, et de produire ma propre luzerne. ça sécuriserait encore mon système. » Le soin apporté à la récolte ne bénéficie d’ailleurs pas qu’à la luzerne. « Avec ce type d’outil, on obtient vraiment une belle qualité de fourrages. » Et donc une meilleure alimentation.

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